Dans le contexte actuel de détérioration des attentes, quant à l’avenir économique du pays, une préoccupation majeure concerne les opportunités offertes aux jeunes. L’absence, sur la scène politique, d’idées promouvant le bien commun (par opposition aux intérêts individuels des autorités politiques) pousse certains jeunes à quitter le pays, pour aller chercher leur avenir ailleurs. Le manque d’opportunités n’affecte pas seulement ceux qui émigrent, mais plus fortement encore, ceux qui, faute de ressources nécessaires, ne peuvent même pas envisager cette option et donc restent sur place dans le pays, ne sachant pas comment faire pour intégrer le monde actif.
Le manque d’emplois et d’opportunités économiques est le premier problème national perçu par la jeunesse congolaise. Dans notre pays, de nombreux jeunes se retrouvent dans des situations d’incertitude par rapport à leur avenir, en raison de la forte baisse des opportunités d’emplois dans le secteur formel, malgré leur formation parfois élevée (bacheliers, licenciés, maîtrisards et même docteurs). Beaucoup survivent dans le secteur informel, à travers des activités précaires génératrices de revenus, essentiellement liées au commerce.
Il est bien connu de tous que les jeunes sont l’avenir du pays. Des politiques sont mises en œuvre pour assurer leur formation et sur le plan de l’éducation, les efforts du Congo sont louables. Théoriquement, on a, par exemple, décrété l’année de la jeunesse. Mais, sur le plan pratique, rien de particulier, en dépit des programmes concoctés par le gouvernement. L’économie nationale n’arrive pas à absorber, même la moitié des demandeurs d’emplois. Or, les jeunes devraient pouvoir bénéficier de toutes les opportunités possibles d’emplois.
Dans notre pays, dès qu’on fait une formation pour une cinquantaine de jeunes, on fait beaucoup de bruit dans les médias. Dès qu’il y a un projet qui touche une centaine de jeunes, on donne l’impression dans les médias que la jeunesse congolaise est sauvée. Mais, tout le monde sait que chaque année, ce sont des dizaines de milliers de jeunes qui arrivent sur le marché de l’emplois. Ils finissent, pour l’essentiel, dans le secteur informel et quelques-uns réussissent à émigrer, avec le soutien de leurs familles.
Malheureusement, nos dirigeants sont plus spécialistes des slogans sans lendemain et des discours de propagande, que des projets capables de faire tourner l’économie nationale, afin d’absorber la main d’œuvre locale. Leurs initiatives sont dépourvues de volonté politique visant à mettre en valeur l’immense potentiel de notre jeunesse. Ils affectionnent embrigader la jeunesse dans leurs partis et associations affiliées, pour que les jeunes fassent leur propagande, se mobilisent à leurs meetings moyennant 2000 F Cfa et oublient de penser à leur avenir.
Les opportunités de formation ne sont pas suivies d’opportunités d’emplois. Les secteurs qui absorbent la main d’œuvre, comme l’immobilier, la construction, les chantiers navals, etc, sont en panne. Le secteur des télécom qui, avec l’Internet, est économiquement performant, n’est pas dynamique dans notre pays, comme on le voit au Rwanda, et donc n’offre pas assez d’opportunités d’emplois aux jeunes. On devrait donner un statut fiscal particulier aux entreprises locales du numérique comme les cyber-cafés, pour soutenir leur développement et créer ainsi des milliers d’emplois.
L’implantation des usines est rare dans notre pays. Même le projet de zone industrielle de Maloukou a été condamnée à l’échec, parce que mal conçu: pourquoi implanter des usines dans un endroit dépourvu d’électricité et loin des habitations? Ne pense-t-on pas que ce projet, qui a dévoré des milliards de francs Cfa, aurait pu être utile à la jeunesse congolaise, si cette zone industrielle était implantée à la lisière de Talangaï, Nkombo, Massengo et pourquoi pas Mayanga ou Nganga-Lingolo?
La jeunesse congolaise souffre à cause non pas du manque de ressources pour faire tourner notre économie, mais des caprices des dirigeants politiques qui ne veulent en faire qu’à leur tête. Ils n’écoutent pas les jeunes et réalisent des projets qui finissent par échouer ou coûter trop cher au pays, comme les nouveaux villages agricoles. Un bien triste souvenir: au moins une trentaine de milliards de francs Cfa perdus, pour rien!
Il est vrai qu’en tant qu’homme, on peut se tromper de politique. Mais, lorsqu’on persiste dans l’erreur, la politique devient un frein au développement et donc à l’épanouissement de la jeunesse. La crise financière de l’Etat a encore aggravé la précarité de la jeunesse congolaise. Tout une université est en arrêt d’activités, les étudiants condamnés à l’oisiveté.
Roland KOULOUNGOU