Visite d’Etat du Président kenyan au Congo
Devant le parlement, William Ruto a plaidé pour un nouvel ordre industriel vert
En visite d’Etat au Congo, le Président kenyan, William Ruto, a délivré, vendredi 7 juillet 2023, un important message devant le parlement réuni en congrès, au Palais des congrès, à Brazzaville, sous la présidence d’Isidore Mvouba. Le Chef d’Etat kenyan s’est essentiellement fait l’avocat de l’unité africaine devant la problématique complexe et urgente du changement climatique, qu’il a présenté comme «la plus grande menace pour la vie sur terre». Il milite pour «une nouvelle vision d’une croissance verte et positive pour le climat, dirigée par l’Afrique». Bref, le Chef d’Etat kenyan veut que l’Afrique défende une position commune et se batte pour son émergence «en tant que leader mondial dans un nouvel ordre industriel vert».
Après avoir accueilli son illustre hôte, le président du congrès, Isidore Mvouba, a planté le décor. «Les députés et sénateurs congolais, réunis ce jour en congrès, sont plus qu’honorés d’accueillir, dans cette emblématique salle du palais des congrès, haut lieu d ’expression de la démocratie congolaise, Son Excellence Monsieur William Ruto, Président de la République du Kenya, Chef suprême des armées», a-t-il dit. Au passage, il a agrémenté son mot introductif du congrès, d’un clin diplomatique: «Ce n’est point votre première visite au Congo. Il y a cinq ans, jour pour jour, en 2018, vous avez foulé la terre du pays de Denis Sassou-Nguesso. Cinq ans plus tôt, en 2013, Vous déclariez à des proches, que le Congo était votre deuxième patrie. Cette déclaration a touché énormément les Congolaises et les Congolais, particulièrement le Président Denis Sassou-Nguesso, qui garde un souvenir émouvant, de la visite inoubliable qu’il a effectuée au Kenya».
Invité à prendre la parole, le Président Ruto a déroulé son long discours, dans lequel il souhaite que le continent africain parle d’une même voix sur la scène mondiale, en ce qui concerne la résolution de la question complexe et urgente du changement climatique. Dans le démarrage de son discours, il a rappelé que «le Kenya et le Congo sont unis par des valeurs partagées, des objectifs alignés et un programme commun. Chacun de nous abrite un peuple entreprenant reconnu pour son hospitalité, sa générosité, sa créativité, son audace et son dévouement à la famille. Nous sommes également attachés à l’épanouissement des familles en tant que fondements d’une Nation forte, et trouvons dans nos traditions et nos cultures des points d’ancrage efficaces pour une philosophie nationale solide».
Puis, il s’est lancé dans son plaidoyer sur la question du changement climatique, partant du constat des multiples crises qui sévissent dans le monde. «Il est profondément consternant et largement inattendu qu’en cette ère de prospérité sans précédent, de mondialisation extrêmement rapide et d’émergence de technologies et d’innovations qui semblent rendre rien impossible et tout possible, que l’humanité se trouve en proie à de multiples crises d’une complexité sans précédent. Les inégalités, les conflits et la criminalité ainsi que la triple crise planétaire bouleversent les continents, alors que la pénurie, les pressions démographiques et d’autres difficultés mettent à rude épreuve la capacité des régions et des économies nationales à gérer la demande de services qui en résulte», a-t-il déclaré.
Le Président kenyan a accusé, sans ambages, les pays développés d’être à l’origine du réchauffement de la planète: «L’histoire du changement climatique, la plus grande menace pour la vie sur terre aujourd’hui, est aussi l’histoire de l’industrialisation moderne et des inégalités mondiales. Le changement climatique est causé par des concentrations et des taux élevés d’émission de gaz à effet de serre, les usines de fabrication et les usines industrielles des pays industrialisés étant les coupables à l’épicentre. La hausse la plus spectaculaire des températures mondiales a commencé en 1750 et au moment où nous parlons, la terre est sur le point d’atteindre le seuil de 1,5 degrés qui, selon les scientifiques, entraînera la planète de manière irréversible sur ce que le secrétaire général des Nations unies a décrit comme un «chemin vers l’enfer».
Selon lui, l’Afrique n’a rien à voir dans ce réchauffement: «Il est également amplement documenté que l’Afrique est celle qui a le moins contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les 54 pays de notre continent sont responsables de moins de 4% de ces émissions».
Pour faire face à cette question du changement climatique et dégager une position africaine commune, «l’Afrique appelle donc à une action mondiale collective pour mobiliser tous les capitaux nécessaires à l’investissement dans le développement, l’adaptation au climat ainsi que des mesures couvrant l’atténuation, ainsi que les pertes et dommages. Ce faisant, nous restons fermement alignés sur la reconnaissance, si clairement affirmée et confirmée lors du sommet de Paris par l’unanimité croissante, pour exiger un nouveau pacte financier mondial, qu’aucun pays ne devrait jamais avoir à choisir entre ses aspirations de développement et l’action climatique. Nous considérons que ce qui suit est indispensable pour atteindre le rythme, la portée et l’échelle nécessaires».
En conclusion, le président du congrès, Isidore Mvouba, a promis que «les mandataires du peuple congolais» que sont les parlementaires, «se feront fort de transmettre» l’«historique message» du Président kenyan «dans les coins et recoins du Congo».
Jean-Clotaire DIATOU
Mot introductif du Président du congrès