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Dieudonne Antoine-Ganga : mon cri du cœur pour la jeunesse congolaise

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Dieudonné Antoine-Ganga.
Dieudonné Antoine-Ganga.

I- Diagnostic

La jeunesse dans tout pays est censée être la pépinière. Elle est constituée par l’ensemble des personnes, hommes et femmes de la tranche d’âge de 18 à 35 ans révolus. Ce sont des jeunes qui sont soit encore au lycée, ou dans des instituts d’études supérieures et professionnelles, soit déjà dans la vie professionnelle. Enfin, ce sont des jeunes mariés ou célibataires avec enfants, sans emploi. La jeunesse est la force de de la nation. Elle forge ou crée les générations à venir. A l’instar d’autres jeunesses, la jeunesse congolaise se cherche. Elle vogue comme un navire en mer sans boussole. Elle me donne l’impression d’être comme des brebis sans berger. Eu égard à cette malheureuse situation, leurs Excellences Mgr Barthélémy Batantu et le Président Alphonse Massamba-Débat avaient déjà attiré, il y a quelques années, notre attention en affirmant respectivement:

A-) Mgr Barthélémy Batantu: «Si nous nous entraînons à suivre la pente morale actuelle, notre société congolaise risquera de se désintégrer progressivement, parce qu’elle n’arrivera plus, à la longue, à respecter l’intimité des individus qui la composent. Il faut cultiver en soi et autour de soi, les vertus humaines de la dignité, de l’honnêteté, du respect, de la franchise, de la tolérance, de la maîtrise de soi, de la persévérance et de l’amour, et les vertus spirituelles de la piété, de la foi, de l’espérance et de la charité. Car aimer, c’est d’abord se donner et penser à l’autre, au lieu de se refermer sur soi».

B-) Président Alphonse Massamba-Débat: «J’en appelle à la conscience des adultes et des parents, qui ont littéralement démissionné de leurs obligations sociales et civiques envers leurs enfants, d’avoir à se ressaisir pendant qu’il n’est pas trop tard, pour les élever et les éduquer dans la bonne voie, en conjuguant leurs efforts avec ceux du Parti et de l’Ecole. Il ne faut pas laisser les jeunes à la débandade, il ne faut pas les abandonner à eux-mêmes. On n’a jamais vu dans aucun pays du monde, des jeunes bâtir eux seuls leur avenir ; ils ont droit au concours de leurs parents et des adultes et ceux-ci ont non seulement la faculté mais l’obligation civique de les aider. Si nous les livrons à eux-mêmes, nous en récolterons les résultats. En effet par suite de leur inexpérience, ou de l’intrusion dans leurs rangs de quelques polissons, de quelques égarés de mauvaise foi, ils seront inévitablement enclins à s’écarter des voies de la décence et de la dignité et à commettre des choses viles dont nous sommes souvent les premiers à les blâmer. Sachons qu’ils doivent un jour travailler et fonder un foyer. Donnons-leur une éducation en conséquence. Et cette éducation ne concerne pas seulement le Parti et l’Etat, mais bien tout le peuple.
Mais cette situation est précisément créée ou aggravée par l’attitude négative qu’observent les adultes et les parents devant ces jeunes. Ce n’est pas en fuyant vos responsabilités d’aînés et de parents que vous allez régler ce problème particulièrement préoccupant. Ce n’est pas en criant: «ces jeunes sont trop insolents» que vous allez enlever cette insolence ou «ces jeunes sont trop indisciplinés» qu’ils apprendront la discipline. Ce n’est pas en vous lamentant: «Quand nous étions jeunes, nous n’étions pas comme eux» que vous pourrez changer leur conduite. C’est en les éduquant en leur donnant de bons conseils qui aident tout homme à s’intégrer heureusement, sans trop d’ennuis dans la société, que vous obtiendrez quelques résultats. Il faut le faire avec patience, fermeté et esprit de sacrifice. Avec l’éducation, pensez à leurs conditions matérielles et agissez en faveur de toutes solutions qui peuvent les améliorer en participant vous-mêmes, personnellement, à cette amélioration».
Malheureusement nous n’avons pas tenu compte des propos par lesquels Mgr Barthélémy Batantu et le Président Alphonse Massamba-Débat nous avaient interpellés et nous rappelaient à l’ordre. Nous n’avons pas entendu leurs cris de cœur. Ni les parents ni l’Etat ne se sont ressaisis, en prenant leurs responsabilités. Nous avons laissé la jeunesse congolaise se désintégrer progressivement. Aujourd’hui, la jeunesse congolaise est stratifiée et catégorisée malheureusement en trois parties: la jeunesse privilégiée; la jeunesse entreprenante et la jeunesse marginalisée (la jeunesse lambda).

A-) La jeunesse privilégiée

Au Congo, la jeunesse privilégiée est celle des jeunes qui sont nés des parents aisés ou des parents assumant des fonctions politiques ou qui sont leurs neveux et nièces, cousins et cousines, gendres et brus. Ce sont des fils à papa, des filles à maman qui sont censés être nés avec des cuillères en or ou en argent à la bouche. Ils auraient du sang bleu dans les veines. Toutes les portes leur sont ouvertes. Ils n’ont qu’à tendre la main pour prendre le fruit déjà mûr et s’extasier. Parmi eux, l’on compte de nouveaux riches, des ministres, des parlementaires, des conseillers, dont certains, grâce à leur label paternel, sont «pistonnés», pour assumer telle ou telle autre fonction. La vie leur est facile.
L’on compte aussi parmi eux, des jeunes qui ont choisi d’être, comme l’on dit dans nos quartiers, des «ndenguéssés», c’est-à-dire, des commissionnaires, des rabatteurs de femmes et des coursiers de ceux qu’ils appellent «leurs grands». Ils sont fiers de s’afficher comme le petit d’un tel. Ce sont, enfin, ces jeunes qui tournent autour de nos dirigeants politiques dont ils sont les thuriféraires, porteurs de mallettes et qui mangent à leurs râteliers.

B-) La jeunesse entreprenante

Cette jeunesse concerne la majorité des jeunes congolais, courageux et toujours à l’ouvrage, cherchant à renverser la tendance à leur faveur par la force de la main et leur persévérance. Ce sont ces jeunes qui ont brillamment terminé leurs études, pour assumer des responsabilités importantes dans les administrations et les entreprises ou ont lancé leurs propres affaires. Ayant la tête sur les épaules, ils ne font face à aucun souci majeur et continuent leur petit bonhomme de chemin sans encombre. Ils comptent sur leurs propres forces.
Il s’agit, ici, tout d’abord, de grands diplômés (licenciés, maîtrisards, docteurs, etc) qui sont, désespérément, en quête d’emplois. Il s’agit, ensuite, de ceux qui gardent leur dignité, en se prenant en charge ou en se créant de petits emplois ou en concevant des projets qui, malheureusement, butent à l’absence ou l’insuffisance de mesures d’accompagnement financier, technique, matériel, etc, pour leurs initiatives. Ils sont pleins de courage et d’abnégation. Il s’agit, enfin, des artistes, des musiciens et des sportifs sans référence. Tous militent pour un Congo radieux; un Congo nouveau où des opportunités pourront leur être offertes. (A suivre)

Dieudonné
ANTOINA-GANGA

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