Ceux qui voient le verre à moitié vide sont toujours agacés par ceux qui le voient à moitié plein. C’est pour dire qu’une même réalité peut susciter des sentiments différents voire opposés. Mais, la réalité socio-économique d’aujourd’hui au Congo n’est plus une histoire de verre à moitié vide ou à moitié plein. C’est peut-être une histoire de verre au trois quarts vide. Non seulement le chômage demeure élevé, mais encore la plupart de ceux qui travaillent se plaignent de ne pas pouvoir joindre les deux bouts du mois. Dans le secteur public, certains fonctionnaires vont au travail de manière épisodique, alors que d’autres sont en grève ouverte ou larvée, en raison des retards ou des arriérés de salaires. Les structures relevant du budget de transfert de l’Etat sont les plus touchées: institutions nationales; université; hôpitaux; collectivités locales…
Même dans le secteur privé, on subit une certaine stagnation. Les commerçants se plaignent du ralentissement des affaires. Le niveau quotidien des chiffres d’affaires est à la baisse. C’est le marasme économique. On pourra beau épiloguer sur les causes de ce ralentissement, mais le facteur humain y est de beaucoup. Si l’on prend l’exemple d’une société comme la S.t.p.u (Société de transport public urbain) créée dans des conditions idéales où l’Etat a tout pourvu, l’on comprend bien que la dégradation de cette société est due à rien d’autre qu’à sa gestion. Donc, facteur humain. Et on peut ainsi multiplier les exemples, comme avec Ecair dans le transport aérien. Au regard de leurs atouts, ces deux sociétés étaient promues à un avenir radieux et pourtant, au bout de quelques années, la désillusion a sonné à leurs portes comme une tempête. On peut aussi citer des exemples dans l’administration publique, comme le Fonds de soutien à l’agriculture et le Figa (Fonds d’impulsion, de garantie, d’accompagnement des petites et moyennes entreprises) qui n’ont pas pu réaliser leurs missions fondamentales, malgré les fonds mis à disposition par l’Etat.
Pourquoi ne pas penser que les gouvernants qui créent ces sociétés gèrent ainsi l’Etat. Un Etat congolais riche en ressources naturelles, mais dont la population est en grande majorité confrontée à la précarité, malgré les promesses politiques d’un avenir meilleur. Comme quoi, la réalité socio-économique d’aujourd’hui au Congo montre que le diable s’est logé dans la gouvernance publique à travers les anti-valeurs et on n’arrive plus à l’en déloger. Conséquences, les structures publiques ne fonctionnent plus qu’en produisant des arriérés de salaires et de pension.
L’HORIZON AFRICAIN