Selon les responsables des organisations regroupées au sein de la Plateforme des organisations de la société civile pour les droits humains et la démocratie, Armany Miayoukou, un citoyen congolais arrêté le 2 décembre 2022, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, est décédé le 4 décembre 2022, soit trois jours après, au Commissariat central de police de la Mfoa (Plateau des 15 ans), dans le troisième arrondissement Moungali), suite aux tortures qu’il aurait subies. Les activistes des droits de l’homme condamnent cet acte et dénoncent le non-respect des droits humains dans les cellules de détention de la Force publique.
C’est à travers un point de presse fait, jeudi 2 mars 2023, au domicile d’Antoine Diatsokina, père d’Armany Miayoukou, que les responsables des cinq organisations membres de la Plateforme des organisations de la société civile pour les droits humains et la démocratie, à savoir l’A.t.v (Association terre et village), l’A.d.p.p.a (Association pour la promotion et la défense des droits des populations autochtones), le C.u.d.h.o.c (Cercle uni pour les droits de l’homme et culture de paix), le C.a.d (Centre d’actions pour le développement), et la Fondation Ebina), ont rendu publique l’information concernant la mort en détention d’un citoyen congolais.
Avant que la plateforme ne fasse sa déclaration, Antoine Diatsokina, père de la victime, s’est réjoui de la visite des défenseurs des droits humains, qui lui ont apporté un soutien moral jusqu’à l’accompagner au tribunal et l’aider financièrement, afin d’organiser les funérailles de son fils.
Dans une déclaration lue par Trésor Nzila Kendet, dirfecteur exécutif du C.a.d, et intitulée, «Décès d’un détenu en garde à vue sous la torture», les organisations de défense des droits de l’homme ont rapporté que «le 2 décembre 2022, cinq jeunes hommes (Armany Miayoukou, Jocelyn Nkassa, Habib Kinouani, Vivien Ngouama et Junior Malonga ) sont arrêtés, sans mandat, par des policiers dans une buvette située sur l’Avenue Simon Kimbangu, dans la commune de Makélékélé, à Brazzaville. Durant trois jours, leurs familles partent à leur recherche sans succès. Il faudrait attendre le 5 décembre 2022, pour que les parents d’Armany Miayoukou soient informés par un policier, qui a requis l’anonymat, du décès de leur fils, au sein du Commissariat central de la Mfoa, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2022. Sur place, les parents se heurtent à un mur de silence de la part des policiers. Grâce à des connaissances bien placées, ils finissent par savoir que le corps d’Armany se trouvait à la morgue du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville, après avoir été déposé aux environs de 1h 14 minutes, le 4 décembre 2022. A la morgue, ils réussissent à voir son corps. Ce dernier présente des traces de tortures et de violences, avec des plaies visibles au niveau des poignets, de la tête, aux pieds. Le 9 décembre, la famille Miayoukou porte plainte. Les conclusions de l’autopsie indiquent des coups et blessures volontaires, comme causes exactes du décès».
«Dans ces conditions, la famille s’est rapprochée de l’Inspection générale de la police et du Tribunal de grande instance, afin d’établir les circonstances exactes du décès, pour que les responsabilités soient établies», a ajouté Trésor Nzila Kendet. Les résultats de l’autopsie sont disponibles depuis le mardi 28 février 2023. «Les conclusions de l’autopsie sont claires: Armany Miayoukou a été torturé», a soutenu Trésor Nzila. D’autres parents dont les enfants sont encore incarcérés d’une manière arbitraire au Commissariat de la Mfoa, ont pris part à ce point de presse. Ils réclament la remise en liberté de leurs enfants. Le commissariat de police s’est emmuré derrière un lourd silence, ne disant rien de ce qui est reproché à ces jeunes. La Constitution actuelle prescrit, dans son article 11, que «toute personne arrêtée est informée du motif de son arrestation et de ses droits, dans une langue qu’elle comprend. Tout acte de torture, tout traitement cruel, inhumain ou dégradant est interdit». Pourquoi dans les commissariats de police on pratique l’omerta sur les cas d’arrestation? La question reste posée.
Narcisse MAVOUNGOU