Droits de l’homme

La société civile dénonce «la prise en otage des libertés fondamentales»

Lors d’une conférence de presse animée le mercredi 31 juillet 2024, au Cinu (Centre d’information des Nations unies), à Brazzaville, les organisations de la société civile œuvrant pour la promotion et la protection des droits humains au Congo, sous la direction de l’O.c.d.h (Observatoire congolais des droits de l’homme), ont réaffirmé leur engagement à «lutter contre les restrictions de l’espace civique et du musélage des activistes par les autorités congolaises». Cette rencontre avec la presse fait suite à la libération des quatre activistes, Castellin Cédric Balou, Melvin Louwamou, René Manaka et Honoré Katendé, du C.j.c.d (Collectif des jeunes du Congo et de la diaspora).

Parmi les principaux orateurs, Cédric Castellin Balou, chargé de l’organisation du Collectif des jeunes du Congo et de la diaspora, Nina Cynthia Kiyindou, secrétaire exécutive de l’O.c.d.h (Observatoire congolais des droits de l’homme), Bertrand Menier Kounianga, coordonnateur du Mouvement citoyen Ras-le-bol, Estani Ikia, chargé des programmes à la Commission épiscopale justice et paix.
Estani Ikia,Nina Cynthia Kiyindou, Cédric Castellin Balou et Bertrand Menier Kounianga,
Castellin Cédric Balou interviewé par le correspondant de Rfi, Loïtia Martial
Dès le début, Cédric Castellin Balou a fait le témoignage de ce qu’il a subi, en organisation la marche contre la misère, à Brazzaville. «Au cours de cette marche pacifique contre la misère, nous avons demandé au gouvernement de démissionner, parce que ce gouvernement est incompétent. Il n’arrive pas à réaliser, même 10% de ce qu’il avait promis aux populations. Et du coup, les populations ne font que plonger dans la paupérisation. D’où cette marche. Malheureusement, quand nous sommes arrivés devant la Primature, où nous avons commencé à manifester pacifiquement, quelques responsables en sont sortis et nous ont demandé d’entrer dans l’enceinte, pour d’éventuelles discussions, sur nos motivations. Mais arrivés sur place, ce n’était plus les négociations, mais directement une arrestation. C’est quand même déplorable de constater que nos autorités fassent preuve d’une telle lâcheté et d’une telle irresponsabilité», a-t-il déclaré.
Il a poursuivi qu’«il y a des officiers qui ont même menacé de nous passer à tabac, parce qu’il fallait simplement se taire ou valider toutes leurs exigences ou propositions. Malgré tout, nous sommes restés focus sur notre démarche. Et c’est ce qui avait un peu plus énervé ces différents responsables. Et de là, nous avons été menottés comme de vulgaires voleurs et embarqués, allongés, sous les pieds des gendarmes dans les véhicules Bj de la gendarmerie. Direction: la section des recherches où il nous a été reproché d’avoir organisé une manifestation illégale et d’avoir fait un détournement de mineurs».
A en croire, Castallin Cédric Balou, les raisons d’avoir organisé une manifestation illégale s’expliquent par le fait que toutes leurs demandes d’autorisations de manifestations auprès de la Préfecture de Brazzaville sont restées vaines. Le cas de celle du mois d’avril dernier, suite à la promesse non tenue par le gouvernement de la création de cent mille emplois pour les jeunes. Raison invoquée ici: «Demande non fondée».
Le chargé de l’organisation du Collectif des jeunes du Congo et de la diaspora a, par ailleurs, dénoncé la politique de «deux poids deux mesures» pratiquée par les autorités publiques. «Lorsqu’il s’agit de tous ceux qui demandent des autorisations pour aller faire des louanges au pouvoir, on leur accorde les autorisations, sans problème. Malgré tout, nous avons voulu quand même forcer et nous avions été arrêtés», a-t-il déploré.
Concernant l’année de la jeunesse décrétée par le Président de la République, Castellin Cédric Balou s’est indigné du détournement de leur projet, baptisé, «Vision-2030», programme Denis Sassou-Nguesso pour la jeunesse. Ce projet aurait été transféré par le ministre Hugues Ngouélondélé à l’ancien ministre Digne Elvis Tsalissan Okombi, «qui en fait son affaire, pour finalement le transformer en Dialogue intergénérationnel».
Dans Ia note de position lue par Cynthia Kiyindou, les organisations de la société civile ont recommandé entre autres, au gouvernement:
– de «revoir ses pratiques sur la liberté de manifestation, afin d’accorder aux citoyens qui justifient d’un intérêt, des autorisations nécessaires et d’assurer la sécurisation du mouvement à travers la force publique;
– de mettre en place un cadre juridique national sur les manifestations publiques, pour une meilleure jouissance du droit à la liberté de réunion pacifique;
– de veiller à ce que les atteintes à l’intégrité physique et morale des défenseurs des droits humains cessent».
Il ressort des échanges avec la presse, que «le Congo va vers l’abime, parce qu’il n’y a plus de force (politique ou sociale) capable de braver le pouvoir en place». Malgré cela, les organisations de la société civile initiatrices de la conférence de presse ont promis maintenir le cap et «sauver le Congo de la dictature».
Hervé EKIRONO

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