La journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, ne devrait pas totalement tourner, dans notre pays, en une journée essentiellement consacrée à la fête des femmes. Avec les autorités nationales, on devrait continuer à faire d’abord l’effort d’aborder cette journée, dans sa vocation originelle de mettre en avant la lutte pour les droits des femmes et la disparition des inégalités sociales encore persistantes entre l’homme et la femme.
Dans notre pays, la loi n°19-2022 portant lutte contre les violences faites aux femmes, appelée Loi Mouébara, est une grande avancée sur le chemin de la lutte contre les violences et les maltraitances qu’on fait subir aux femmes. Mais, l’existence de cette loi ne suffit pas à penser que tout est réglé en ce qui concerne les droits des femmes, pour ne plus faire l’effort de réflexion sur ce sujet.
Chaque année, on devrait faire l’évaluation de l’application de cette loi, ses avantages et ses insuffisances pour les améliorer. Qu’est-ce que cette loi a réellement apporté? Voilà qui peut nourrir les débats, à l’occasion de la «journée internationale des femmes», suivant l’appellation officielle des Nations unies, mais que l’Onu femmes a rebaptisée «journée internationale des droits des femmes», comme pour mettre en avant la préoccupation vocationnelle de cette journée qui est de lutter pour les droits des femmes.
Dans notre pays, on a l’impression qu’on a arrêté de réfléchir sur la condition de la femme pour mettre le cap sur les activités festives. Il faut remonter à 2008 pour avoir le document sur la politique nationale du gouvernement sur le genre, conçu par Mme Jeanne Françoise Leckomba Louméto, pour remarquer qu’un long chemin reste à parcourir. Il y a des rapports qui sont faits au niveau international, mais au niveau national, tout donne à penser que les femmes elles-mêmes sont préoccupées par comment festoyer à l’occasion de leur journée, en courant derrière les pagnes, plutôt que de savoir si le pays fait des efforts, pour garantir leurs droits.
Comme par le passé, certains experts du Comité pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes imputent le peu de progrès de la situation de la femme congolaise, au manque d’initiatives et même à la léthargie des pouvoirs publics. On constate une «tolérance inexplicable» et une «acceptation résignée» de la situation de la femme, par exemple en ce qui concerne «la représentation équitable et la participation effective des femmes dans la prise de décisions à tous les niveaux, afin de consolider les acquis enregistrés».
L’organisation des élections, matière hautement conflictogène, semble être l’apanage des hommes depuis les premières élections sous l’ère coloniale française dans les années 50, alors que le pays aurait fait une expérience de voir une femme diriger la structure en charge de l’organisation des élections. Les deux chambres du parlement n’ont même pas de femmes comme vice-présidentes, alors que rares sont les commissions parlementaires dirigées par des femmes. Et pourquoi pas une femme à la tête du Ministère des finances ou du Ministère de l’intérieur ou de la justice? Qui fera un jour tomber ces tabous? Et pourquoi pas un homme à la tête du Ministère en charge de l’intégration de la femme? Ne voit-on pas qu’il y a des habitudes machistes dont il faut se débarrasser? Bonne journée du 8 mars aux femmes et aux hommes!
L’HORIZON AFRICAIN