Dans un point de presse qu’il a animé vendredi 4 novembre 2023, dans la salle de réunion de la Maison de la société civile, au Quartier O.c.h, dans le troisième arrondissement Poto-Poto, à Brazzaville, Patrice Tsoumou, président de la Dynamique pour la promotion de l’éducation de qualité pour tous et développement, a dressé un tableau sombre de l’école congolaise et présenté un plaidoyer sur le droit à l’éducation que son association va adresser au gouvernement et qui est intitulé: «Plaidoyer auprès du gouvernement pour une réelle effectivité du droit à l’éducation de qualité pour tous».
C’est un document de huit pages qu’a constitué la dynamique, afin de plaider pour une éducation de qualité au Congo-Brazzaville. Patrice Tsoumou est parti du constat dressé par le Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, qui avait déclaré que «depuis plus de 20 ans, les observateurs sont tous d’avis que notre système éducatif est bien en proie à un profond marasme». Il y a de cela deux ans, le gouvernement, toujours par la voix du Premier ministre, déclarait: «D’une manière générale, et cela est su de tous, notre système éducatif, du préscolaire à l’enseignement supérieur (…) présente des défis importants».
S’appuyant sur ce constat, Patrice Tsoumou réplique: «Dès ici, il convient de noter que le marasme est tellement à ciel ouvert que l’homme d’Etat que vous êtes fait remarquer». «D’une manière générale, cela est su de tous. Vouloir le dire est donc un truisme: «cela est su de tous». Il est donc regrettable que la Nation toute entière en soit complice, dans l’indifférence, au point où il ne se soit trouvé aucune voix, depuis, pour crier haro sur pareil état de santé et réclamer, à cor et à cri, un protocole thérapeutique pour notre système éducatif. Pire encore, comment les deux chambres en charge du contrôle de l’action gouvernementale, le sachant, n’ont pu exiger que l’exécutif colmate la brèche, mais ont laissé le marasme prendre, année après année, une telle ampleur»?
«Qu’à cela ne tienne et pour conjurer ce triste sort, un Haut-commissariat en charge des états généraux de l’éducation fut institué, avec explicitement pour mission, de «faire une autopsie de l’ensemble de notre système éducatif et un diagnostic sans complaisance, de façon à envisager des thérapeutiques appropriés». Mais, pour Patrice Tsoumou, «les défis les plus en vue, c’est le décongestionnement des classes à effectifs pléthoriques, le déficit très criant en enseignants titulaires et la prolifération des enseignants sans la moindre formation ni initiale ni continue». Des éléments suffisants pour déclarer «non viables, le produit de notre système éducatif», a-t-il précisé.
«Alors, une question vient à l’esprit: fallait-il laisser repartir à l’école nos enfants sans avoir au préalable pensé à guérir les maux diagnostiqués? Le faire ne serait-il pas semblable à un homme qui, au nom de la seule foi en Dieu, va inscrire un paralytique à une course de fond? Jugez-en vous-mêmes! Ce serait ainsi tenter Dieu; ce serait du pur pharisianisme», a-t-il affirmé.
En analysant l’allocution du ministre de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation, à la 25ème session ordinaire du Conseil national de l’enseignement, on est édifié sur l’action gouvernementale, en vue de faire face aux défis du système éducatif. «Il en est ainsi de la question du déficit en enseignants et celle du décongestionnement des classes à effectifs pléthoriques», a-t-il souligné. «Je saisis cette occasion, pour saluer l’effort fait par le gouvernement de la République, en accordant des quotas de recrutement réguliers depuis les années 2019-2020, favorisant ainsi l’accroissement des effectifs du personnel enseignant (…). Aussi, cela a-t-il permis de recruter 1.202 agents en 2019, 1.279 en 2020, 1.209 en 2021, 1.284 en 2022, pour un total de 4.974 agents recrutés pour un besoin de 20.000 (…). Des efforts aussi sont en train d’être faits, en termes de construction et réhabilitation des établissements scolaires, afin de résorber la pléthore dans les salles de classe, de rapprocher les apprenants de l’école et leur offrir un meilleur cadre d’apprentissage».
Mais, beaucoup reste à faire. Ce faisant, Patrice Tsoumou a lancé un appel aux acteurs de l’éducation de le rejoindre, pour promouvoir une éducation de qualité au Congo.
Patrice Tsoumou n’a pas manqué d’attirer l’attention de la presse. «Le 2 octobre dernier, les différents services de rédaction déclaraient que «la rentrée a été effective».
Ils faisaient montre d’une légèreté blâmable dans le traitement de l’information. A la vérité, la rentrée scolaire n’était effective que pour une minorité d’élèves, dont les parents sont assez nantis pour les inscrire dans les écoles privées ou les écoles d’excellence où les conditions d’études sont idéales. La majorité des enfants, année après année, se confinent dans des salles de classe de plus de cent élèves, enseignés par des hommes sans compétence professionnelle avérée, sans que cela n’émeuve personne». Le Conseil consultatif de la société civile auquel la dynamique est affiliée, se chargera de déposer le plaidoyer auprès des pouvoirs publics, a précisé Patrice Tsoumou.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA