«Le gouvernement ne pourra donc pas faire l’économie de mesures, d’enquêtes et de travaux analytiques périodiques, s’il entend sérieusement, régulièrement et rigoureusement suivre et évaluer les évolutions des indicateurs essentiels du développement économique et humain que sont la croissance du revenu national, l’emploi, le taux de chômage et le taux de pauvreté», indique le document du P.n.d (Plan national de développement) 2022-2026.
L’objectif de diversifier l’économie congolaise que s’était fixé le gouvernement à l’issue de la mise en œuvre du P.n.d 2012-2016 n’a pu être atteint. Le P.i.b (Produit intérieur brut) hors-pétrole qui traduit les efforts de diversification, a fléchi continuellement, passant de 9,7% en 2012 à 4,6% en 2016, avec une moyenne sur les cinq ans de 7%. La part des industries non-extractives dans le P.i.b hors-pétrole est restée constamment autour de 20% sur la période sous-revue, comme lors des années précédentes. Ces contre-performances sont la résultante de la crise économique et financière liée à la baisse des prix du baril de pétrole. Elles sont aussi la conséquence de la faible capacité de l’économie congolaise à faire face aux chocs extérieurs et de la trop grande dépendance de l’économie au secteur pétrolier.
Les performances sur le plan de la croissance économique ont été encourageantes. Le P.i.b hors-pétrole a connu une croissance moyenne annuelle de l’ordre de 7% sur la période. Cependant, elle est demeurée en deçà de la cible de 10%, visée dans le P.n.d. L’analyse du rythme de croissance révèle une décélération de la croissance du P.i.b hors-pétrole, revenant de 9,7% en 2012 à 4,5% en 2016.
La chute des prix de barils de pétrole déclenchée en 2014 a contribué à la contreperformance du secteur hors-pétrole, à cause des effets d’entraînement du secteur pétrolier sur le reste de l’économie. Mais, cela ne peut entièrement expliquer la perte de vitesse observée depuis 2012. D’autres facteurs étaient concomitamment à l’œuvre durant la période et permettent d’expliquer les contrastes observés. Il s’agit entre autres du relâchement des efforts dans la mise en œuvre et le suivi des réformes, observé après l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative P.p.t.e (Pays pauvres très endettés) en 2010. Au cours de la période de mise en œuvre du P.n.d 2012-2016, l’inflation annuelle était restée en dessous de la norme communautaire de la Cemac (3%), en dépit des fluctuations importantes des termes de l’échange. La politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale au cours de cette période explique ce bon résultat.
L’évaluation du P.n.d 2012-2016 avait relevé des déséquilibres budgétaires importants. Le solde budgétaire primaire hors-pétrole s’était détérioré entre 2012 (-22,6%) et 2014 (-28,0%) puis s’était amélioré à -11,7% du P.i.b en 2016. Cela était la résultante notamment de l’augmentation des dépenses d’investissement. Le solde de la balance courante s’était dégradé à partir de 2015, entrainant, à la fois, une détérioration du solde global et une diminution des réserves de change. Le solde de la balance commerciale était passé d’un excédent en 2011 (+37%) à un déficit en 2014 (-0,5%) et en 2015 (-16%), puis s’était situé autour de 21% en 2016.
Ces résultats avaient occasionné la chute des réserves de change de 20 mois d’importation en 2011 à moins de trois mois en 2016. Ces contreperformances sont la conséquence du choc pétrolier, des déséquilibres structurels et des difficultés d’ajustement face aux chocs exogènes.
Performances du P.n.d 2012-2016 au plan social
S’agissant du chômage et de la pauvreté, malgré l’absence des données précises, les estimations faites montrent que, d’une part, le chômage était resté important et que, d’autre part, le taux de pauvreté avait baissé. La faible performance affichée du PIB hors pétrole par rapport à la cible du P.n.d avait eu pour corollaire un faible niveau de création d’emplois. Les données de l’«Enquête sur la transition vers la vie active» (E.t.v.a 2015) établissaient que le chômage des jeunes (primo-demandeurs d’emplois) était passé de 25% en 2011 à 30,5% en 2016. Le taux de pauvreté était ressorti à 35% en 2016, selon les résultats des travaux analytiques de la Banque mondiale qui se basent sur les tendances du revenu hors-pétrole par tête d’habitant. Bien qu’en baisse de 11 points par rapport au niveau de 2011 (46,5%), le taux de pauvreté était tout de même resté supérieur à la cible P.n.d de 31%.
(Tiré du «Cadre stratégique de développement», Document principal du PND-2022-2026.Pp 7-8).