L’euphorie de la campagne présidentielle de 2026 nous occulte la présence de clochards ou de «sans domicile fixe» ou encore d’«enfants de la rue», phénomènes pourtant rares, dans les années 60, 70 et 80. Tout le monde feint d’ignorer ces phénomènes grandissants dont on se plaint pourtant, mais on ne fait rien pour «rectifier le tir». La cause est que l’esprit de solidarité et de fraternité d’antan au sein de nos failles n’existe plus. Il a été supplanté par la malhonnêteté intellectuelle, l’égocentrisme et le «chacun pour soi». C’est malheureux et triste. Car dans le temps, il y avait toujours un quidam de la famille pour accueillir un orphelin ou tout membre de la famille, en détresse, malade ou empêtré dans de situations dramatiques. L’on voit actuellement des pauvres gens dormir dans les marchés, errer dans les différents ronds-points et y faire la manche. C’est triste que l’on soit arrivé là, dans notre beau, cher et riche pays où l’on trouve des orphelinats et des «dépotoirs» des personnes âgées. Décidément, nos mentalités bantoues ont changé en mal en ce 21ème siècle où l’égoïsme et l’égocentrisme sont légion.

Comme suite à tout cela, beaucoup de nos jeunes ont dérapé et continuent à déraper. D’aucuns abandonnés à eux-mêmes sont devenus des enfants de la rue. D’autres se sont constitués en gangs de brigands de grands chemins et de malfaiteurs: koulounas; arabes; américains; bébés noirs, etc. Ce, à cause de la paupérisation de nos familles, des crises et conflits armés connus dans notre pays, des violences et des maltraitances, de la sorcellerie et de la crise de l’autorité parentale. L’une des conséquences est que les enfants abandonnés à eux-mêmes et de surcroit sans contact avec les parents, vivant de mendicité non pas pour vivre mais pour survivre et qui, entre temps, n’ont pas eu la chance d’être recueillis dans des orphelinats comme celui de la révérende Sr Marie Brigitte Yengo. Oui, des vagabonds errants, par la faute de qui? De nous les parents d’une part et de l’État d’autre part.
A ce propos, une «ex-enfant de la rue» de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, a dit dans son livre: «Survivre pour voir ce jour»: «Depuis plusieurs années, la misère, le désœuvrement et l’irresponsabilité de certains parents ont jeté des milliers d’enfants dans les rues de Kinshasa. L’accusation de sorcellerie est bien souvent l’élément déclencheur. Pour vivre, la plupart font de petits boulots, certains mendient et doivent se prostituer. D’autres sont organisés en bandes organisées que l’on appelle les «kulunas». Ils sèment la terreur dans les quartiers en arrachant téléphones portables, bijoux et sacs à main des passants. Incarnation des plus miséreux parmi les miséreux, ils suscitent la méfiance et la colère des habitants».
De leur côté, nos pasteurs et nos Chefs d’État, à l’instar de Mgr Barthélémy Batantu et du Président Alphonse Massamba-Débat, avaient attiré notre attention sur ce laisser-aller, sur cette pente que nous suivions et que nous continuons à suivre, nous et nos enfants.

Mgr Barthélémy Batantu, ancien archevêque de Brazzaville

«Si nous nous entraînons à suivre la pente morale actuelle, notre société congolaise risquera de se désintégrer progressivement, parce qu’elle n’arrivera plus à la longue à respecter l’intimité des individus qui la composent. Il faut cultiver en soi et autour de soi les vertus humaines de la dignité, de l’honnêteté, du respect, de la franchise, de la tolérance, de la maitrise de soi, de la persévérance et de l’amour et les vertus spirituelles de la piété, de la foi, de l’espérance et de la charité. Car aimer, c’est d’abord se donner et penser à l’autre, au lieu de se refermer sur soi».

Le Président Alphonse Massamba-Débat

«J’en appelle à la conscience des adultes et des parents, qui ont littéralement démissionné de leurs obligations sociales et civiques envers leurs enfants, d’avoir à se ressaisir pendant qu’il n’est pas trop tard, pour les élever et les éduquer dans la bonne voie, en conjuguant leurs efforts avec ceux du Parti et de l’École. Il ne faut pas laisser les jeunes à la débandade, il ne faut pas les abandonner à eux-mêmes, on n’a jamais vu dans aucun pays du monde, des jeunes bâtir eux seuls leur avenir, ils ont droit au concours de leurs parents et des adultes et ceux-ci ont non seulement la faculté, mais l’obligation civique de les aider. Si nous les livrons à eux-mêmes, nous en récolterons les résultats. En effet, par suite de leur inexpérience ou de l’intrusion dans leurs rangs de quelques polissons, de quelques égarés de mauvaise foi, ils seront inévitablement enclins à s’écarter des voies de la décence et de la dignité et à commettre des choses viles dont nous sommes souvent les premiers à les blâmer. Sachons qu’ils doivent, un jour, travailler et fonder un foyer. Donnons-leur une éducation en conséquence. Et cette éducation ne concerne pas seulement le Parti et l’État, mais bien tout le peuple.
Je sais qu’une fraction, infime d’ailleurs, de la jeunesse est parfois arrogante, fanfaronne, cela est souvent le résultat d’une instruction mal assimilée ou peut-être de la mauvaise interprétation de la doctrine révolutionnaire qui peut leur donner, dans ces conditions, des airs quelque peu égarés, mais c’est souvent le manque d’éducation familiale qui a plongé cette fraction dans cette voie. Je sais aussi que cette arrogance s’accompagne parfois de mépris injustifié vis-à-vis des vieux ou de tous les adultes, j’admets aussi qu’une certaine déviation dangereuse pousse certains à ne parler de la Révolution qu’en terme de jeunesse, comme si elle ne concernait que cette seule couche de la population, qui est sans doute la plus dynamique, mais ne saurait se prétendre imbue de la science infuse pour mener à elle seule l’action révolutionnaire de son pays.
Mais, cette situation est précisément créée ou aggravée par l’attitude négative qu’observent les adultes et les parents devant ces jeunes. Ce n’est pas en fuyant vos responsabilités d’aînés et de parents que vous allez régler ce problème particulièrement préoccupant. Ce n’est pas en criant: «ces jeunes sont trop insolents» que vous allez enlever cette insolence ou «ces jeunes sont trop indisciplinés» qu’ils apprendront la discipline. Ce n’est pas en vous lamentant: «quand nous étions jeunes, nous n’étions pas comme eux» que vous pourrez changer leur conduite. C’est en les éduquant, en leur donnant de bons conseils qui aident tout homme à s’intégrer heureusement, sans trop d’ennuis dans la société, que vous obtiendrez quelques résultats. Il faut le faire avec patience, fermeté et esprit de sacrifice. Avec l’éducation, pensez à leurs conditions matérielles et agissez en faveur de toutes solutions qui peuvent les améliorer, en participant vous-mêmes, personnellement, à cette amélioration…».
Les propos respectifs de Rachel Mwanza, de Mgr Barthélémy Batantu et du Président Alphonse Massamba-Débat, qui nous interpellent, restent d’actualité. Puissent-t-ils nous rappeler à l’ordre, nous les parents, les hommes politiques et les éducateurs qui, comme l’a dit Saint Jean-Paul II, «avons enrôlé dans les milices armées, nos jeunes que nous avons contraints à combattre pour des causes qu’ils n’ont pas toujours comprises; ces jeunes, entraînés dans une véritable culture de la violence, suivant laquelle la vie compte peu et tuer ne paraît pas immoral».
A ce propos, pourrions-nous dire pourquoi nous avons enrôlé nos jeunes dans les milices Cobras, Cocoyes, Mambas, Ninjas, Requins et Nsilulus? D’autre part, il est on ne peut plus important que les parents, de concert et ensemble avec l’Etat, ne ménagent aucun effort, pour enrayer ce phénomène. Sinon, nos «enfants de la rue» voués au chômage, à l’oisiveté et à la délinquance, quand ils auront grandi, seront, cela va sans dire, des personnes constamment dans le besoin; des personnes qui n’auraient d’autre choix que de sombrer dans la criminalité. Elles ne pourront plus vivre honnêtement, car pour beaucoup d’individus qui sont au bas de l’échelle sociale, vivre honnêtement apparaît impossible. Il faut faire d’urgence quelque chose. Car, comme l’a dit Saint Jean-Paul II, «une communauté qui refuse les enfants, qui les marginalise ou qui les plonge dans des situations sans espoir ne pourra jamais connaître la paix». Enfin, «l’enfant est comme une plante; il faut l’entretenir avec suffisamment d’attention et beaucoup de patience», dixit M. Badinga.

Dieudonné
ANTOINE-GANGA.

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