Election présidentielle au Gabon
Réélu, Ali Bongo-Ondimba balayé par des militaires !
La journée du mercredi 30 août 2023 en République Gabonaise s’est annoncée particulière et décisive pour le pouvoir au Gabon. La nuit, le C.g.e (Centre gabonais des élections), qui a remplacé la Cenap (Commission électorale nationale autonome et permanente), a commencé à publier les résultats officiels de l’élection présidentielle du samedi 26 août, province par province, à partir de 3h30 sur la télévision d’État. Aucune annonce de la publication des résultats n’a été faite préalablement. A 5h45, il proclamait la réélection du Président sortant, Ali Bongo-Ondimba, pour un troisième mandat de sept ans, avec 64,27% des suffrages, contre 30,77% au candidat de l’opposition, Albert Ondo Ossa qui, avant la publication officielle des résultats, revendiquait déjà la victoire, en donnant ses propres tendances qui le mettait largement en tête. A 6h43, un groupe d’une douzaine de militaires apparaissent sur la chaîne de télévision Gabon 24, situé dans l’enceinte même du Palais présidentiel, à Libreville, la capitale, annonce «la fin du régime» du Président Ali Bongo-Ondimba et annule les élections. Depuis, la confusion règne au Gabon.
Décidément, l’armée est devenue en Afrique la régulatrice de la gestion du pouvoir d’Etat. Au Gabon, tout le monde voyait que le pays se dirigeait vers une impasse, avec la tenue des élections générales (présidentielle, législatives et locales) en un seul scrutin, qui a eu lieu samedi 26 août. Cette décision du gouvernement était contestée par l’opposition qui a réussi à faire bloc derrière un candidat, le professeur Albert Ondo Ossa, un ancien ministre de feu le Président Omar Bongo-Ondimba, ressortissant de la Province de Woleum-Ntem, au Nord du Gabon, qui fut déjà candidat en 2009.

Le gouvernement a placé le pays pratiquement à huis-clos, lors de la tenue du scrutin (Internet coupé, correspondants de médias étrangers interdits d’entrer dans le pays). Ce qui a galvanisé de plus les Gabonais qui souhaitent l’alternance démocratique dans leur pays, après plus de cinq décennies du règne des Bongo père et fils, avec tout ce qui leur est reproché de mauvaise gouvernance et d’enrichissement personnel, au détriment des populations dont la majeure partie croupit dans la pauvreté. Il n’empêche, l’information sur le scrutin a, malgré tout, circulé et l’opposition s’est arrangée pour diffuser ses propres résultats, faisant ainsi monter la pression. Le candidat de l’opposition a eu la sagesse d’appeler ses militants et ses soutiens au calme. Pas de violence donc, mais un climat politique lourd.
C’est dans ce contexte que le Président Ali Bongo-Ondimba a tenté de faire un passage en force, en faisant proclamer, en catimini, des résultats le donnant vainqueur du scrutin. L’armée est sortie pour arrêter ce coup d’Etat électoral. Un groupe d’une douzaine d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise, de la garde républicaine et de la police a surgi sur la chaîne privée Gabon 24, situé dans l’enceinte même du Palais présidentiel, pour lire un communiqué.
Après avoir constaté «une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…), nous avons décidé de défendre la paix, en mettant fin au régime en place», a-t-il déclaré, avant d’annoncer la dissolution du régime d’Ali Bongo-Ondimba: «Toutes les institutions de la République sont dissoutes, le gouvernement, le sénat, l’assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale».

Les putschistes ont aussi annulé les élections: «À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulées». Selon eux, l’organisation des élections n’avait «pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais». Les frontières du pays ont été fermées «jusqu’à nouvel ordre» et un «Comité de transition et de restauration des institutions». L’Internet a été rétabli, après quatre jours de coupure.
Le général Brice Oligui Nguéma nouvel homme fort
