Le ministre de l’intérieur, de la décentralisation et du développement local, Raymond Zéphirin Mboulou, a proclamé, mardi 22 août 2023, les résultats des élections sénatoriales qui se sont tenues le dimanche 20 août. Sans surprise, le P.c.t (Parti congolais du travail), le principal parti de la majorité présidentielle sous l’ère Denis Sassou-Nguesso, a conforté sa domination individuelle de la chambre haute du parlement avec 52 sénateurs sur un total de 72. Il a fallu une certaine acrobatie politique pour que l’U.pa.d.s (Union panafricaine pour la démocratie sociale), le parti leader de l’opposition, décroche un siège alors que son challenger, l’U.d.h Yuki (Union des démocrates humanistes), est maintenu à l’écart. Seuls, des indépendants, avec sept sièges, constituent la deuxième force politique dans cette chambre de modération de la vie politique nationale. Mais, nombre d’observateurs s’interrogent si cette configuration reflète réellement l’assise démocratique des partis.
Le P.c.t a, en effet, augmenté son écrasante majorité au sénat, passant de 44 sièges dans la précédente législature à 52 aujourd’hui, sur 55 candidats présentés. Il a raclé la plupart de ses nouveaux sièges chez les indépendants qui, dans la législature passée, avaient un total de 12 sièges contre 7 aujourd’hui. Parmi les indépendants, il y a Mme Andréa Sassou-Nguesso, fille du Chef de l’Etat, qui fait ainsi son entré au sénat, après avoir échoué à deux reprises aux législatives à Kinkala, dans le Pool (2017) et à Madibou, à Brazzaville, en 2022.
Autres partis de la majorité à avoir maximisé leurs gains, le R.d.p.s (Rassemblement pour la démocratie et le progrès social) qui dispose désormais de 3 sièges contre 2 auparavant, et le Club 2002 Pur (Parti pour l’unité et la république) qui a maintenant 2 sièges contre 1 dans la précédente législature. Pour ce dernier, son fondateur, Wilfrid Guy César Nguesso, qui avait renoncé à la politique pour se consacrer à son engagement religieux en tant que pasteur, est devenu sénateur, élu à Pointe-Noire, renouant ainsi avec la politique.
Les autres partis de la majorité ont gardé le même score, soit 2 sièges pour le Mar (Mouvement action et renouveau), 1 siège respectivement pour le M.c.d.d.i (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) occupé par Mme Théodorine Miakongo Kolélas, sœur ainée du président de ce parti, Euloge Landry Kolélas, et 1 siège pour le R.c (Rassemblement citoyen), parti fondé et dirigé par le ministre d’Etat Alphonse Claude N’Silou.
Enfin, à la majorité, deux partis ont perdu leurs sièges uniques. Il s’agit de la D.r.d (Dynamique pour la république et le développement) de l’ancien ministre et haut-commissaire Hellot Matson Mampouya qui a perdu son siège dans le Pool, et le Pulp moko molé (Parti pour l’unité, la liberté et le progrès) dont le leader, Jean-Didace Médard Moussodia, a perdu l’élection à Brazzaville, en cherchant à remplacer son sénateur sortant, Ludovic Robert Miyouna.
A l’opposition, l’U.pa.d.s, qui disposait de 2 sièges (Ange Edouard Poungui et Joseph Dhadié Yédikissa) obtenus dans son fief de la Bouenza, les a perdus. Le parti dirigé par Pascal Tsaty-Mabiala va se contenter d’un siège, avec l’élection acrobatique, dans le Niari, son fief politique, de sa candidate, Mme Elisabeth Mapaha. Celle-ci était en effet sortie 6ème, à égalité de voix avec un candidat indépendant. Il aurait fallu donc un deuxième tour de vote, pour les départager. Le ministre de l’intérieur a annoncé par la suite que ce candidat indépendant s’était retiré, laissant ainsi la place à Mme Mapaha.
Le P.r.l (Parti républicain libéral) du ministre Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint Eudes, a perdu son siège de Brazzaville, avec le départ du sénateur Euloge Henri Rock Ondziel Onna, pour en conquérir un dans le Pool, avec l’élection de sa candidate, Mme Moundelé-Ngollo née Rebecca Loubienga. De même, le sénateur Gaspard Kaya Magane, président de l’U.d.l.c, a pu sauver sa tête dans la Bouenza.
Il faut dire que le vote sénatorial étant indirect, ce sont les élections locales qui déterminent le poids électoral des partis politiques. Or, à ce niveau, les calculs par péréquation ne sont pas maîtrisés par tout le monde. Ainsi, on peut trouver un parti qui peut disposer d’un élu à la députation dans une circonscription, ce qui signifie qu’il a eu la majorité des voix, mais n’avoir qu’un seul conseiller élu, alors qu’il devrait avoir la majorité des conseillers dans cette circonscription. Le P.c.t dispose de 650 conseillers locaux sur un corps électoral total de 1.154, soit 56,32% et surtout, il détient la majorité de conseillers dans presque tous les conseils départementaux et municipaux à travers le pays.
Rappelons que les élections sénatoriales permettent de désigner les 72 sénateurs, soit 6 sénateurs pour chacun des 12 départements du pays, pour un mandat de 6 ans. Les prochaines sénatoriales auront donc lieu en août 2029. Les aspects particuliers de ces sénatoriales, dans nos prochaines éditions!
Jean-Clotaire DIATOU