Inauguré par le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, le 7 mai 2011, le Barrage hydro-électrique d’Imboulou, sur la rivière Léfini, dans ce qui est aujourd’hui le Département du Djoué-Léfini, est menacé par les infiltrations d’eau qui risquent de provoquer son effondrement, si rien n’est entrepris pour les arrêter. Dans un courrier adressé le 4 décembre 2024, au directeur général de la société E2c (Energie électrique du Congo), le directeur général de la société chinoise C.m.e.c ayant réalisé les travaux de construction de ce barrage, s’inquiète «des dégradations critiques» que ce barrage subit. Ce qui sous-entend que si rien n’est fait, le Congo va simplement perdre cette importante usine hydroélectrique.
D’une capacité installée de 120 mégawatts fournis par quatre turbines kaplan à axe vertical de 30 mégawatts chacune, le Barrage hydroélectrique d’Imboulou a été construit sur pré-financement de la Chine, à hauteur de 170 milliards de francs Cfa, sous forme de crédits fournisseurs octroyé à un taux d’intérêt de 0,2%. En raison de l’irrégularité de son entretien, il subit des avaries et des dégradations qui menacent son fonctionnement.
Le 27 décembre 2023, le conseil des ministres avait adopté deux projets de décrets portant approbation des conventions de concession, dont celle signée avec la société Nea Imboulou qui va reprendre la gestion du Barrage hydro-électrique d’Imboulou. Mais, comme tout le monde ne l’entend pas de cette oreille, la transition entre la société E2c et Nea Imboulou n’a pas encore eu lieu. Ce qui signifie que le barrage est toujours sous la responsabilité de E2c, société autonome qui n’est plus sous la tutelle administrative du Ministère de l’énergie et de l’hydraulique.
Raison pour laquelle le directeur général de la société C.m.e.c (China machinery and equipement corporation) s’est fendu d’un courrier alarmant au directeur général de E2c, Jean-Bruno Danga Adou, pour attirer son attention afin de vitre réagir. «Nous avons observé un effondrement localisé du sol en béton devant la centrale, qui ne constitue pas un incident isolé. Au-delà de cette zone, des problèmes similaires ont été identifiés près de la station de commutation, sur la section aval du canal de fuite et à plusieurs autres emplacements stratégiques. Ces dégradations semblent principalement causées par des infiltrations d’eau provenant du réservoir», a-t-il écrit.
Même s’il reconnaît que «pour les barrages sur terre comme celui d’Imboulou, ce type de problèmes est en réalité l’un des désordres les plus fréquemment rencontrés», il «ne présente pas, en soi, de complexité majeure à résoudre». Cependant, «il est impératif de réaliser une étude complète impliquant des forages et l’utilisation d’équipements professionnels, pour détecter les fuites non visibles». Il insiste sur le fait qu’une simple réparation du sol endommagé ne résoudra pas le problème fondamental», car «il existe un risque réel de reproduction de tels incidents, particulièrement concernant les fondations des pylônes de transmission et de la sous-station sur la berge».
Par ailleurs, les unités de production connaissent aussi une situation critique. La direction générale de E2c est restée insensible au courrier des Chinois de février dernier l’invitant à réparer l’unité 2 endommagée et à réviser les autres unités. «Aucune action n’a été entreprise», précise le directeur général de la C.m.e.c, qui se montre malgré tout disponible à accompagner le Congo dans la résolution de ces problèmes. Le moins qu’on puisse dire, c’est le gouvernement qui est interpellé, étant entendu qu’E2c n’a pas la capacité d’agir en profondeur, pour sauver un tel ouvrage. Il faut urger la reprise de la gestion du barrage par la société Nea Imboulou. Signalons que le ministre de l’énergie et de l’hydraulique, Emile Ouosso, a effectué une visite d’inspection à Imboulou, jeudi 5 décembre, pour constater de visu les dégâts causés par les infiltrations des eaux.
Urbain NZABANI