Comme si les dieux avaient abandonné les Congolais, les réussites ne sont pas au rendez-vous, dans la plupart des domaines de la vie nationale. Des mots d’ordre de grève, sous la coordination des comités syndicaux, naissent, ces derniers temps, des milieux travailleurs des services publics et parapublics. Des mots d’ordre, soit pour appuyer des revendications professionnelles, soit pour forcer l’employeur qu’est l’Etat congolais, à verser les salaires dus. Une posture légale, de par son caractère revendicatif, au regard du non-respect des engagements pris par les pouvoirs publics, aux fins d’apurer des situations douloureuses aux effets désastreux sur les familles des intéressés.

A distance, sans s’y mêler, deux catégories sociales partagent cette récrimination. D’une part, les fonctionnaires en retraite, touchés par des arriérés de pension. De l’autre, en attente de régularisation de leurs droits, les anciens salariés des entreprises d’Etat liquidées. Au compte de ceux-ci, les agents de l’ex-Office nationale des postes et télécommunications, qui se distinguent, en désespoir de cause, par des concerts de casseroles, pour se faire entendre, sur une artère principale de la capitale congolaise qu’empruntent les véhicules officiels en cortège.
Plus que jamais, avec de la détermination, il faut agir, pour tourner la page de la crise financière au Congo. Le pays renferme d’immenses ressources. Débloquer le Congo, le réformer, en écoutant la société congolaise, toutes forces vives confondues. Les voix souffrantes, largement majoritaires, dans le pays, en appellent à l’arrêt de leurs malheurs par une gestion des affaires de l’Etat plus rigoureuse, plus juste, davantage portée vers les aspirations de la société congolaise. Ce que le pouvoir du Président Denis Sassou Nguesso, au regard de sa structuration et de ses choix actuels, ne peut réussir par lui-même, mais pourrait y parvenir, en rentabilisant le substrat de la parole redonnée à l’ensemble des forces vives du pays.
Quel que soit ce qui pourrait être perçu comme une alternative de relance, changement de Premier ministre, remaniement ministériel, gouvernement d’union nationale, dialogue, concertation ou états généraux de la Nation, le pays continuera à marquer le pas, si des réformes profondes et justes, largement partagées ne sont pas rendues exécutoires. Le Trésor public, sans la moindre entrave, est à replacer dans ses droits légitimes de recouvrement de l’ensemble des fonds revenant à l’Etat et d’ajustement du flux des recettes à celui des dépenses.
En réhabilitant l’Inspection générale d’Etat, désormais libre de mener des enquêtes et des investigations sur la régularité de la transparence de la gestion des deniers, des matières et du patrimoine publics, l’Etat fait l’économie des salaires versés à la Haute autorité contre la corruption qui ne donne nullement la preuve de son efficacité.
Les Congolais n’en finissent pas de s’interroger sur la rentabilité professionnelle de certains de leurs compatriotes bi, tri ou quatro appartenants. Ces agents de l’Etat, cadres moyens ou supérieurs, passe-partout, avec indemnités au nombre des postes occupés qui s’ajouteraient au traitement de la fonction d’origine. Des centaines de véhicules d’Etat circulent dans les villes et à l’intérieur du pays, la plupart à grosse cylindrée, aux immatriculations banalisées, chauffeurs, carburant et entretien au compte de la caisse publique. Doivent être rétablies, les plaques minéralogiques identifiant les engins de l’Etat: plaque jaune pour les automobiles civiles et plaque rouge pour la catégorie de la Force publique.
Le pays en est arrivé à une généralisation éhontée de malversations et autres réseaux de dessous de table, dans l’ensemble des régies financières (trésor, impôts, contributions directes, douanes, perceptions, recettes municipales et de collectivités locales), presque à tous les niveaux de commandement. Des personnes détentrices de fortunes douteuses dont les origines et les modalités d’acquisition sont décriées, circulent librement. Nullement inquiétées par l’Inspection générale d’Etat, encore moins par la Cour des comptes, les procureurs des tribunaux et les polices des frontières. C’est aussi le cas de ces autres dont les dossiers judiciaires de crimes économiques n’ont jamais été ni ouverts, ni définitivement clos. Les cabinets ministériels sont, étonnement, pléthoriques. Les indemnités qui y sont affectées aux conseillers, attachés et autres collaborateurs, longtemps annexées sur la fiche de paie, sont versées, en mains propres, aux ayants droits par les chefs hiérarchiques, avec tous les risques de rétention que comporte une telle opération.
Est nécessaire d’en finir avec le paiement des appointements des ministres, parlementaires et autres fonctions dans d’autres institutions de la République, en espèces, sans bulletins de paie, donc non-fiscalisés. Une pratique opaque, archaïque, qui dure. Sous le Président Pascal Lissouba, ministres, députés et sénateurs, certainement d’autres étaient rémunérés de la sorte. L’usage, pour les employés de l’Etat, est de percevoir leurs traitements par virement bancaire ou postal.
Dans le cadre de la modernisation de l’Etat et pour des raisons de transparence de la vie publique, il est commode que soit fixé, par une loi, le système de rétribution de l’ensemble des corps de la République. Y seraient concernés le Président de la République, les membres du gouvernement, les parlementaires, avec eux les présidents des deux chambres et tous les représentants d’autres institutions nationales.
A force de cacher la vérité sur les traitements des dirigeants politiques, l’Etat se résout, de manière détournée, à encourager l’acquisition des biens mal acquis. Puisque les salaires ne sont pas réglementés par les textes, leur fixation dépend de la raison du politique. Aussi sont-ils versés, à la dérobée, pour sauvegarder la logique qui a motivé la formule. Dans ces conditions, quelle autorité ne serait-elle pas tentée de s’offrir du patrimoine à des prix que nul ne pourrait soupçonner? Et comme quiconque, quel qu’en soit son rang ou son statut, n’est ni inquiété, ni interrogé sur la nature et l’origine de ses accumulations de patrimoines, toutes les acquisitions de quelle que nature que ce soit se légitiment de fait.
Avec la dureté des temps, dans un pays pétrolier, les Congolais sont devenus, de plus en plus, exigeants sur la gestion du bien public, la pratique de leurs dirigeants et l’amélioration de leurs conditions de vie. Le moral des Congolais et leur confiance à l’exécutif sont fonction des réussites socio-économiques, de l’effort pour rendre la société conforme aux règles de conduite considérées comme bonnes et des avancées politiques dans le pays.
Autant les Congolais ne comprennent pas l’indifférence des autorités sur de graves affaires de corruption, d’enrichissement illicite et de biens mal acquis qui dérangent l’opinion nationale, autant ils attendent leurs gouvernants sur des sujets fédérateurs. La justice, la lutte contre les inégalités, le chômage et les fléaux sociaux, le sport, la culture font partie de ces sujets fédérateurs. Pour l’ensemble de ces sujets, les voix de la Nation ont des réponses appropriées. Ces voix ne demandent qu’à être entendues, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.

Joseph OUABARI
MARIOTTI
Ancien Ministre

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