Entre pessimisme et mauvaise lecture des événements, les Congolais sont de plus en plus en proie au doute. Pour eux, les nouvelles «frustrantes» s’accumulent. On aurait pu penser que l’accord de coopération en matière foncière signé par le gouvernement avec le Rwanda en avril 2022 n’avait rien de particulier. Voilà qu’il est au cœur d’une vague d’indignation qui ne s’apaise pas, en dépit des explications du gouvernement. Une grande incompréhension entre gouvernants et gouvernés s’est installée, devenant ainsi un sujet de préoccupation dont on redoute l’évolution.
Dans le domaine de l’électricité et de l’eau courante, il faudrait encore investir beaucoup de temps, une ou deux années, pour retrouver un niveau normal de service. Mais, il est clair que les Congolais sont las, épuisés, de cette vie faite de menues privations ou sacrifices continus, par manque d’électricité, d’eau courante, par la rareté des services publics de qualité, les voies urbaines jonchées de nids de poule qui accélèrent l’usure du matériel roulant, etc. Ils sont las du chômage des jeunes, des actes d’insécurité créés par des groupes de bandits dits bébés noirs ou kulunas, etc. Le gouvernement promet des solutions, mais le faire suit difficilement. Au point que la morosité de la conjoncture insupporte royalement le quotidien des citoyens.
Quand un système politique laisse s’installer le défaut de culture managériale rationnelle, d’aucuns parleraient de la bonne gouvernance ou de la gestion axée sur les résultats, pour être perfectionniste, il anéantit lui-même les forces internes de s’en départir. Le refrain est connu: il n’y a pas d’argent. En réalité, pour notre pays à l’économie rentière, ce ne sont pas les ressources financières qui font défaut. Mais, la manière de les gérer qui pose problème. D’où les réformes. Mais, en réalité, même les réformes de gouvernance ne suffisent pas. Il faut que les gens changent de mentalité, comme l’avait dit le Chef de l’Etat lui-même en 2009 (Voir page 4). Car les phénomènes de surfacturation, de double-facturation, en plus des anti-valeurs qu’on a toujours décriées, ne peuvent que provoquer l’assèchement des caisses de l’Etat.
Dans de telles conditions, beaucoup rêvent, au niveau des populations, d’un autre idéal de nature à leur garantir le minimum vital dont ils ont besoin. Le discours politique panégyrique qui, sans doute hier, était adulateur, mais qui, aujourd’hui les rebute, devient la manifestation d’un refus d’évolution. Or, la force du politique est de donner à rêver. Quand ça ne va pas, on change de stratégie pour mieux s’adapter au contexte et tendre vers un idéal collectif. Voilà qui fait vivre. Car, l’espérance fait vivre. Susciter l’espérance, c’est faire vivre. Mais, quand on se cramponne à sauvegarder les acquis de position de la classe dirigeante, généralement, on tombe dans l’immobilisme. Le phénomène de pénurie d’eau courante dans certains quartiers de Brazzaville date depuis quatre décennies.
L’HORIZON AFRICAIN