Je commencerai par ces mots simples qui expriment bien le développement: dans le sens que nous donnons au développement, se révèle le sens que nous donnons à toute l’étendue de notre épanouissement et de celui des autres. Le développement est une réalité prégnante et incontournable. Elle s’impose à nous, le Congo mérite mieux. Il est donc grand temps de nous attaquer aux maux qui rongent notre pays: la société des inégalités; le désarroi identitaire; la contagion de la violence. Il ne fait pas de doute que la paix se trouve désormais menacée.

D’un côté, la démocratie est minée par la tentation de repousser continuellement l’alternance politique. De l’autre, la division des ethnies. Depuis des décennies, le Congo est devenu une société malade et l’un des principaux foyers du tribalisme. Le pays ne dispose ni de leaders crédibles, ni d’un projet politique, ni d’un projet économique, ni d’une utopie mobilisatrice. Mais, cessons de pleurnicher, cherchons les voies tracées, débattons et travaillons comme ces laboureurs prêts à retourner la terre, pour ouvrir des sillons. En tant que citoyens, nous sommes appelés à y travailler sans relâche: l’Etat doit, pour dégager les problématiques les plus propices, maintenir sa cohésion. Cette nécessité de cohésion sera l’obligation du vivre ensemble apaisé.

Joseph Badila.
Joseph Badila.

Ces dernières décennies, la vulgarisation du vivre ensemble ne s’est pas accentuée. Ce qui est très négatif pour le développement. Encore faut-il que tous ceux qui nous gouvernent fassent l’effort de se familiariser avec des scénarios possibles, pour l’avenir et les modalités permettant de mettre en œuvre les meilleures solutions. Dans cette perspective, l’homme politique doit offrir des réponses qui ont le mérite de la dimension politique la plus importante.
Le Congo est sur le point d’adopter le Développement durable. Dès lors, quelles sont les réponses les plus adaptées aux exigences, à la connaissance? L’autre difficulté tient à l’ambiguïté de passer du discours aux actes. Et avec quels instruments? Dans tous les cas, le basculement d’un système à l’autre ne sera pas simple. Les options de la décentralisation et du Développement durable, c’est forcément une gestion nouvelle qui s’annonce. Sur le moyen terme, en effet, on peut considérer comme acquis le fait que l’affectation budgétaire dans les régions, s’accompagne d’une exigence de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, et une gestion saine de l’argent public.
Avec le Développement durable, on peut croire que le gestionnaire peut reconnaître le travail comme contribution à son propre bien-être et à celui des autres. Autrement, c’est une reconversion sur l’Etat qui doit prendre en compte le développement, la démographie et l’écologie. Ce triptyque doit prendre la plus grande place dans la modernisation du Congo: une telle conception entraîne des réajustements, elle diminue les risques d’insécurité: sécurité civile; sécurité alimentaire.
Aujourd’hui, nous souffrons de l’absence d’un tel programme national de développement. Être dans le Développement durable, c’est inscrire le pays dans la ligne débarrassée des tensions anciennes. Le temps où le Congo privilégiait la politique de L’Office national de commercialisation des produits agricoles (O.n.c.p.a) paraît loin. Notre pays ne cherche plus à enrichir les producteurs, les entrepreneurs et les paysans. Cette politique-là offrait, de Kinkala à Boko, de Djambala à Sembé, de Lékana à Zanaga un cadre de vie de qualité, tant au profit des fonctionnaires que des paysans.

Le Développement durable au cœur du pays

Notre vocation est d’apporter des solutions à des problèmes de cette nature. Autrement, nous laissons le pays entravé dans des problèmes sans queue ni tête. L’enjeu est de taille, puisque le Développement durable se veut une réponse à ceux qui dénoncent en bloc le mode de développement de ces soixante dernières années. Cela équivaut à considérer le développement comme un procès normal, permanent et non pas seulement épisodique et aléatoire. C’est là la clé qui fondera une culture entrepreneuriale, avec des entrepreneurs et des règles. Ainsi progressivement, le Congo pourra créer des groupes d’entrepreneurs voulant exercer leur fonction créative d’entrepreneur avec zèle.
Depuis la déclaration de 1971 du Club de Rome, le développement économique ne peut plus se faire sans tenir compte des ressources naturelles et de leur environnement humain: c’est la combinaison de la croissance économique et de la démographie. Cela confirme tout d’abord l’évolution dans les mentalités qui sonne comme un véritable testament politique; elle redessine les nouveaux acquis dans l’optique du progrès économique et donc du changement. En effet, sans véritable remise en cause, la situation économique et sociale ne s’améliorera pas et ne se régularisera pas. Les résultats de cette remise en cause seront plus affirmés dans le monde rural, qui souffre plus de l’exode rural.
A mesure que les jeunes y reprendront leur place, le monde rural retrouvera sa normalité, c’est-à-dire, la lutte de façon plus déterminée contre l’exode rural: on repeuple les cours d’eau, les forêts et les savanes; on crée les activités économiques, sociales et culturelles. Cette image est le reflet du monde d’hier, qui peut redevenir réalité. En ville, la situation sera meilleure. La liste des exclus sociaux sera plus courte. Dans la jeunesse, une minorité s’efforcera de ne plus quitter le pays, de fuir la délinquance. C’est dans les années 90 qu’apparaît, dans une jeunesse désorientée, un phénomène dont le Congo n’est toujours pas parvenu à se débarrasser: la délinquance juvénile. Elle a des causes psychologiques: le désespoir dans l’avenir du pays, des divisions familiales causées par la pauvreté et les églises de réveil.
A Brazzaville, à Pointe-Noire, des jeunes diplômés sont au chômage. Des jeunes filles se prostituent. Mais, notre tradition est d’être des veilleurs attentifs aux dangers qui guettent la société. Il est de notre responsabilité première de citoyens congolais engagés, mais aussi aux investisseurs divers, de concourir à une réflexion agissante face à une politique qui serait le problème et non la solution. Le chemin du vivre ensemble dans le contexte le plus apaisé, c’est le meilleur gage de notre succès collectif.
Si nous ne nous préoccupons pas maintenant de l’environnement, nos enfants vont hériter d’un monde difficile. Nous devons construire un pays dans la tolérance et la compassion. Le Développement durable est l’économie qui prédit l’avenir. Beaucoup de ces experts qui viennent nous conter l’avenir et les bontés du marché ne cessent de nous tromper, profitant de ce que notre Etat est à l’agonie. Or, il n’y a plus solide qu’une société qui respire, qui fait bouger les lignes. Nos espérances ne doivent plus se briser contre les murs de l’irrationalité. On ne peut pas toujours désespérer de la nature humaine.
A un moment, les Congolais doivent comprendre que le Congo se retrouve dans une situation complexe. C’est pourquoi il est temps que les Congolais comprennent la nuance. Quand on accepte la nuance, on commence à décomplexer. Certes, le degré de responsabilisation de la classe politique est très élevé. Mais, il faut faire l’effort de se conforter aux exigences de la méthode revisitée et rejoindre avec humilité qu’il y a le temps de la création, le temps de la lumière, le temps de la liberté, le temps de la conscience. Nous ne cessons de souffrir de voir notre environnement tourmenté. Il faut renoncer à soi pour sauver le pays. Ce qui revient à dire qu’il faut remettre le pays sur ses pieds. Ce rite-là crée de la solidarité. Oui, le concept Développement durable a du sens. Il ne suffit pas du simple contexte décoratif. Loin de là, il prend une partie pratique, considérable, nécessitant un agir éthique au quotidien de chacun d’entre nous, mais aussi de la part des institutions et des membres qui le servent.

Le Développement durable peut nous sauver

Ceux que la mondialisation laisse de côté, ce sont ceux qui ne sont pas adaptés à la nouvelle donne. Le chercheur Bernard Balthazard précise qu’il n’y a pas de développement durable possible sans une éthique de l’agir, notamment dans la Fonction publique territoriale. Encore une fois, cela suppose qu’il y a lieu de construire une nouvelle société. Il y a là un devoir qui incombe aux gouvernants et aux gouvernés. La part nécessaire de chaque Congolais à l’émancipation et au développement ne doit pas être laissée aux aléas de politiciens véreux.
Ce caractère objectif est manifeste lorsqu’il s’agit de satisfaire les besoins collectifs, autrement dit les besoins humains. Le développement économique est considéré comme un phénomène global, qui s’étend nécessairement à toutes les branches de l’activité et se traduit par des mutations structurelles très profondes et ininterrompues. Depuis 1971, le développement a un caractère dynamique. Il se compose d’autres éléments notamment la démographie et l’écologie. Cette dynamique nécessite le respect des droits fondamentaux. L’option du développement. Il faut s’y adapter. C’est la volonté de faire des choix:
-1) une administration qui a des missions utiles et efficaces;
-2) les gestionnaires doivent regagner leur crédibilité;
-3) il faut des qualités nécessaires pour les décideurs;
-4) les régions entrent dans une gestion contrôlée;
-5) résoudre le problème de la confusion budgétaire qui explique en partie l’inefficacité des départements;
-6) besoin d’élire un nouveau profil de leaders pour conduire une véritable mutation.
Dès lors, il est temps de se demander: pourquoi s’améliorer? C’est pour montrer que nous sommes en capabilité humaine de nous diriger nous-mêmes. Dans le fond, il faut sortir de l’improvisation et de l’amateurisme. L’Etat doit imposer ses règles à tous. Toute règle est utile, sinon elle ne serait pas en vigueur. Ne pas perdre le sens de l’Etat: la politique, c’est une activité. L’Etat, c’est une structure, une institution. C’est une garantie essentielle pour le citoyen que de créer son lieu dans un Etat compétant et impartial.
Nous ne cesserons de le dire, le Développement durable est un état d’esprit. Depuis plusieurs années, ce concept comme celui de la décentralisation font l’objet de conférences. Mais, ces conférences ne suffisent pas, si l’on ne s’approprie pas le Développement durable et tous les enjeux d’un nouveau monde. Ces enjeux exigent, un système politique qui assure la participation effective des citoyens: toute personne a droit à un niveau de vie suffisant, pour assurer sa santé, son bien-être, ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que les services sociaux. Chacun chez soi est une pierre qui permette l’édification d’une société nouvelle. Quoi qu’il en soit, il est fort à parier qu’il ne s’agit plus de faire des incantations: il s’agit de produire du réel.

Joseph BADILA

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