Message succinct de nouvel an, mais engagement profond. Voilà ce qu’on peut dire du message de vœux à la Nation du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, à l’occasion du nouvel an. Le Chef de l’Etat a décrété 2024 comme l’année de la jeunesse. Histoire de la consoler du drame du Stade Michel-d’Ornano? Dans notre économie rentière, le chômage a atteint des proportions alarmantes.
Pourtant, pour la jeunesse, bien des initiatives sont prises. Au plan institutionnel, en dehors du Ministère en charge de la jeunesse, on a créé un Conseil consultatif de la jeunesse, pour bien servir la politique de développement de la jeunesse. Les partis politiques dont le P.c.t au pouvoir, ont des mouvements de jeunesse. Le triste constat est que les résultats ne sont pas convaincants dans la promotion et la défense de la cause des jeunes. Au bout du compte, ces structures de jeunesse se révèlent juste comme des leviers de privilèges au profit de quelques jeunes, cristallisant ainsi une grande frustration au sein de la jeunesse. Les luttes d’influence entre jeunes pour accéder aux postes de direction de ces organes empoisonnent les relations entre jeunes.
Le Figa (Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement) a été créé pour soutenir les jeunes dans le développement de leurs projets. Le Figa exercice-t-il sa mission en faveur de la jeunesse? Un scandale a terni son image et noyauté son action. Conséquence, frustration chez les jeunes porteurs de projets.
Quand on parle de la jeunesse, où se trouve-t-elle? Evidemment sur les bancs de l’école, dans les instituts de formation, dans les universités, les entreprises, le secteur informel et dans la rue. Dans son article intitulé «Mon cri du cœur pour la jeunesse congolaise», Dieudonné Antoine-Ganga a catégorisé la jeunesse en trois branches: la jeunesse privilégiée; la jeunesse entreprenante et la jeunesse marginalisée. Cette dernière a aussi trois sous-catégories: les pestiférés; les dépravés et les délinquants. Y a-t-il des politiques sectorielles qui touchent ces différentes catégories de jeunesse? L’année de la jeunesse en donnera sans doute la réponse.
La jeunesse, c’est aussi la catégorie sociale la plus exigeante en matière de modernité: électricité; accès Internet; recherche scientifique; formation; commodités d’usage de transport en commun; loisirs; culture; sport; voyages, etc. Comment peut-on répondre aux attentes de la jeunesse, si dans tous ces domaines, le Congo est en recul? Même le sport n’arrive plus à emballer la jeunesse congolaise.
Pendant la pandémie de covid-19, le secteur de la culture a été par exemple sérieusement affecté, par la suspension des spectacles. Le financement public de la reprise est plutôt chose rare et les jeunes artistes en sont condamnés à se débrouiller. Pourquoi pas mettre en place des mécanismes même modestes pour les soutenir?
Depuis la crise qui affecte notre économie rentière, à partir de 2015, avec Pointe-Noire comme symbole de l’effondrement de l’espoir des jeunes, le pays n’arrive plus à faire rêver les jeunes. L’année de la jeunesse sera-t-elle enfin le retour de l’espoir pour elle? Il est clair que cela revient à mobiliser des budgets. Or, le budget 2024 de l’Etat a été déjà voté. Peut-on consacrer une année à la jeunesse, sans budget?
Voilà qui suggère de consacrer deux années consécutives à la jeunesse, pour éviter le destin des vœux pieux. De telle sorte que les initiatives qui seront retenues cette année en faveur de la jeunesse, soient budgétisées dans la loi de finances de 2025, pour qu’elle soit concrétisées. C’est juste un exemple. Peut-être que le gouvernement réussira à répondre aux attentes des jeunes cette année.
L’HORIZON AFRICAIN