Selon un bilan revu par le gouvernement, 31 personnes ont trouvé la mort et 164 autres ont été blessées dont 4 cas graves, lundi 20 novembre 2023, lors d’une bousculade meurtrière survenue à 23h, à l’entrée du Stade Michel-d’Ornano, situé en face de l’Hôtel Bikoumou, vers le C.e.g Nganga Edouard, dans le troisième arrondissement Poto-Poto, à Brazzaville. Des centaines, peut-être des milliers de jeunes s’étaient rassemblés, pour se faire enrôler dans les rangs des Fac (Forces armées congolaises), conformément à l’ordre d’appel n°054/P.r-Cab du 26 février 2023, pour le recrutement de 1500 jeunes gens des deux sexes, de nationalité congolaise, pour servir dans l’Armée de terre, la Marine nationale et l’Armée de l’air. Un jour de deuil national a été décrété pour le mercredi 22 novembre, par le gouvernement, à travers une cellule de crise mise sur pied.
Selon l’ordre d’appel signé par le contre-amiral Bienvenu Ebissou, directeur de l’organisation et des ressources humaines de l’Etat-major général des Fac, parmi les critères exigés, il faut «être âgé de 18 ans au moins et de 25 ans au plus à la date d’incorporation; être titulaire d’un brevet d’études du premier cycle (B.e.p.c) ou équivalent; $etre apte au service militaire et être célibataire et sans enfant et n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale».
Le dossier de candidature comprend «une demande manuscrite adressée au chef d’état-major général des Forces armées congolaises, deux copies légalisées d’acte de naissance, deux cartes photo en couleur, format identité, une copie dûment légalisée du diplôme, un certificat de nationalité et un extrait du casier judiciaire datant d’au moins de trois mois au plus».
Depuis la semaine dernière, certains endroits où les candidats doivent se faire établir les documents de candidature sont pris d’assaut par les jeunes congolais. Le chômage étant massif au sein de la société congolaise, le recrutement dans l’armée, comme précédemment les concours d’entrée dans la gendarmerie et la police dont on attend toujours les résultats, suscite une ébullition sociale. Dix, quinze voire vingt mille jeunes et peut-être plus à travers le pays, pour mille cinq cents places, allez-y comprendre!
Le processus de recrutement dans l’armée est tel qu’à compter du mercredi 29 novembre, les candidats retenus seront convoqués et soumis aux tests psychotechniques, aux visites médicales d’aptitude, aux épreuves physiques et sportives et ces différents tests et épreuves ont chacun un caractère éliminatoire.
Selon des témoins, le drame du Stade Michel-d’Ornano a eu lieu lundi 20 novembre vers 23h, lorsque la foule était nombreuse et impatiente pour entrer dans le stade, afin de se faire enrôler. D’après les mêmes sources, les blessées ont été transportés dans les hôpitaux voisins, notamment l’Hôpital militaire et le C.h.u (Centre hospitalier universitaire) et à l’Hôpital de Talangaï. La bousculade meurtrière se serait produite lorsque les candidats ont franchi de force la porte d’accès. Certaines personnes sont tombées à l’intérieur du stade, se blessant grièvement et d’autres auraient trouvé la mort après avoir été piétinées par la foule. Le site d’enrôlement était encombré au moment du drame. Le Haut-commandement militaire s’était rendu sur les lieux, aussitôt après l’incident.
Dès le mardi 21 novembre, alors que la tragédie commençait à indigner l’opinion nationale, le Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, a mis en place une cellule de crise gouvernementale qui a tout d’abord réagi à la situation, en indexant les propos spéculatoires dans les réseaux sociaux: «Des informations fantaisistes évoquent des événements graves qui seraient en cours à Brazzaville. Le gouvernement dément ces fake news. Nous rassurons l’opinion sur le calme qui règne et invitons les populations à vaquer sereinement à leurs activités». (Voir communiqué de la cellule de crise ci-contre).
Roland KOULOUNGOU