Fécofoot

Le secrétaire général, Badji Mombo Wantete, arrêté à son domicile par la C.i.d

Le secrétaire général de la Fécofoot (Fédération congolaise de football), Badji Mombo Wantete, a été interpellé, vendredi 30 mai 2025, à son domicile, à Brazzaville, par des éléments de la C.i.d (Centrale d’intelligence et de documentation) et depuis, il est gardé-à-vue, pour être, à ce qu’on a appris, déféré lundi 2 juin, devant le procureur de la République, André Oko Ngakala. La C.i.d lui reprocherait d’avoir fait diffuser sur Brazza News, les convocations qui étaient adressées, à lui comme au président de la Fécofoot, Jean-Guy Blaise Mayolas. Du côté de la Fécofoot, on est convaincu que cette affaire est un règlement de comptes, monté à partir des accusations de détournements de fonds portées par le ministre en charge des sports, Hugues Ngouélondélé, contre les dirigeants de la Fécofoot.

Tout a commencé le lundi 26 mai dernier, quand le secrétaire général et le président de la Fécofoot ont reçu des convocations de la Commission permanente d’enquête de la C.i.d, les intimant de se présenter mardi 27 mai, à 10h, dans ses locaux, «pour une affaire les concernant». Détail non moins important, les convocations sont frappées du sceau de la confidentialité. Mais, en les partageant auprès des membres de la Fécofoot, ces convocations se sont retrouvées dans les médias sociaux, suscitant une grande indignation au sein de l’opinion publique.
Jean-Guy Blaise Mayolas
Badji Mombo Wantete, secrétaire général de la Fécofoot
Rendez-vous respecté. Mais à la C.i.d, on leur signifie que l’audition a été reportée. Jean-Guy Blaise Mayolas, le président de la Fécofoot, peut ainsi vaquer à ses occupations. Ce jour-là, il tient sa rencontre, prévue depuis la semaine d’avant, avec les entraîneurs des clubs de Brazzaville et de l’intérieur du pays. Mais, le vendredi 30 mai, coup de théâtre: Badji Mombo Wantete, le secrétaire général, est interpellé chez lui par des éléments de la C.i.d et placé en garde-à-vue. Il lui est reproché la diffusion des convocations qu’ils avaient reçues. C’est la stupeur, l’indignation et l’incompréhension dans les rangs de la Fécofoot. Pourquoi cet acharnement?
Un rapide coup d’œil en arrière peut aider à comprendre le drame du football congolais, qui n’est qu’une question d’hommes. Hugues Ngouélondélé est nommé ministre des sports en août 2017. En octobre 2018, Jean-Michel Mbono cède son fauteuil de président de la Fécofoot à Jean-Guy Blaise Mayolas qui, en septembre 2022, sollicite un deuxième mandat. Hugues Ngouélondélé s’y oppose, lui reprochant le manque de résultats dans le football et surtout le rejet des autres candidatures à la présidence de la Fécofoot.
En effet, Jean-Guy Blaise Mayolas est seul candidat à sa propre succession, comme en 2018, et il jouit du soutien de Patrice Motsepe, le président de la Caf, qui est aussi réputé être l’ami du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso. Finalement, il n’est réélu qu’à la suite de la médiation des délégués de la Fifa et de la Caf, qui ont permis la publication d’une déclaration conjointe entre le ministre des sports et la Fécofoot, contenant cinq points dont «l’amélioration des relations avec le Ministère en charge des sports».
Mais, ces relations ne vont pas s’améliorer. En septembre 2024, le ministre des sports soutient les dirigeants de clubs qui contestent le leadership de Jean-Guy Blaise Mayolas, l’accusant de mauvaise gestion. Ceux-ci tiennent une assemblée générale extraordinaire de la Fécofoot, le 25 septembre 2024, pour mettre en place une Commission ad hoc. Mais, n’ayant pas la majorité des membres, ils font un passage en force. La Caf et la Fifa ne reconnaissent pas la légitimité de cette assemblée, malgré le soutien du gouvernement qui, à travers la Justice, met le siège de la Fécofoot à la disposition des membres de la Commission ad hoc. Finalement, la Fifa sort son arme fatale contre le Congo, en suspendant son association, la Fécofoot, punissant ainsi le football congolais des compétitions internationales. Après mille et une tergiversations, le ministre des sports cède le pas en dissolvant la Commission ad hoc et en remettant les clés du siège de la Fécofoot au Comité exécutif, réhabilité.
Mais, en absence de tout geste de réconciliation, après la longue période de brouille, le retour de Jean-Guy Blaise Mayolas est mal vécu par le ministre des sports qui dit détenir des preuves des scandales financiers de sa gestion des fonds de la Fifa, dont le budget atteint le milliard et demi de francs Cfa. Il avait même écrit à la Fifa pour révéler ces présumés scandales de détournements de fonds, afin d’obtenir le renvoi de Mayolas. Mais, la Fifa dit avoir ses propres mécanismes d’audit et donc, elle ne peut se fier aux preuves fournies par le ministre des sports.
Voilà comment, probablement, il a confié l’affaire à la C.i.d, pour mener l’enquête. Mais s’agissant d’une association qui a ses propres mécanismes de fonctionnement et sa propre hiérarchie, on voit mal le gouvernement s’ingérer dans la gestion financière d’une association dont il n’est pas membre. La C.i.d a voulu faire l’enquête discrètement, en donnant à ses convocations un caractère confidentiel. Bien mal lui en a pris, car à l’ère des réseaux sociaux, tout est dans la rue. Les convocations ont été publiées. D’où sa colère qui a conduit à l’arrestation du secrétaire général de la Fécofoot. Comme quoi, le football congolais n’est plus qu’une suite de drames en dehors des terrains. Après le pillage du Stade de Kintélé, le pillage du siège de la Fécofoot, on ne sait plus d’où nous viendra le salut de voir encore le ballon rond passionner un jour les foules dans les stades congolais. Alors, prochain drame, faut-il craindre pour Jean-Guy Blaise Mayolas?
Jean-Clotaire DIATOU

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