Fécofoot (Fédération congolaise de football)
Quand Jean-Guy Blaise Mayolas livre
les causes de la débâcle des Diables-Rouges
Dans une conférence de presse qu’il a tenue samedi 22 juin 2024, au siège de la Fécofoot (Fédération congolaise de football), à Brazzaville, Jean-Guy Blaise Mayolas, le président de cette fédération, a donné les raisons qui sont à l’origine de la débâcle de l’équipe nationale, les Diables-Rouges, au Maroc, au cours de ce mois. En attendant nos commentaires, nous publions son mot liminaire qui donne ce qui constitue, pour lui, la mesure des maux dont souffre le football congolais.
«Je vous remercie d’avoir honoré de votre présence cette conférence de presse. Vous vous en doutez, elle est organisée après notre débâcle à Agadir où notre équipe nationale A s’est inclinée face au Maroc par un score des plus humiliants de 0-6.
Pour nous, Fédération Congolaise de Football, le moment est venu de pouvoir apporter un éclairage sur certains points qui ont longtemps prêté à confusion, à savoir la nomination de l’entraineur, le choix des joueurs, le transport, l’hébergement et les primes à l’occasion du regroupement de l’équipe nationale.
Sur le choix et la nomination du sélectionneur
Le choix et la nomination de l’entraineur relèvent de la compétence de la Fécofoot. Cela est bien clair et bien spécifié dans la charte de bonne gouvernance entre le gouvernement et les différentes fédérations. Mais s’agissant de Monsieur Ngata, l’actuel sélectionneur, il nous faut vous dire que ce dernier a été imposé à la fédération, de façon unilatérale, par le Ministère des sports, au moment où nous avions lancé la procédure d’appel à candidatures. Il faut aussi vous dire qu’à ce jour, la Fédération congolaise de football s’est gardée de signer le contrat avec ce sélectionneur pour des raisons bien claires et évidentes: le niveau de formation, de connaissance et de compétence du coach Ngata ne répond aucunement au poste qu’il occupe aujourd’hui. Malheureusement, les réserves formulées par la fédération, en rapport avec les insuffisances de ce dernier, ont été balayées d’un revers de la main par le Ministère en charge des sports. Par souci d’apaisement et pour ne pas assister à ce qui se passe à côté de chez nous, la Fécofoot avait accepté que Monsieur Ngata conduise l’équipe nationale, mais en choisissant un staff qualifié et doté d’une certaine expérience professionnelle pour l’accompagner.
Il lui avait donc été demandé de soumettre la liste des membres du staff en présentant les diplômes et C.v de chacun d’eux. Peine perdue: Monsieur Ngata a présenté un staff pléthorique de près de dix-huit personnes, sans qualification professionnelle requise et sans expérience. Conséquence: les Diables-Rouges se sont retrouvés avec un sélectionneur «bas de gamme», doublé d’un staff technique qui ne l’est pas moins. Sur deux matches livrés, le Congo a encaissé 10 buts: 4 contre la Zambie et 6 contre le Maroc.
Aujourd’hui, on a un staff technique qui n’a pas la maîtrise des vestiaires et des joueurs qui manquent de confiance et d’harmonie en leur sein. Comme en témoigne la déclaration du vice capitaine qui décriait un manque de respect du maillot de la part des joueurs.
Quant au coach, il manque de confiance en soi et s’est illustré en conférences de presse par des déclarations du genre: «Face au Maroc, le Congo n’avait qu’un taux de réussite de 10% contre 90%, ou encore: «Face au Maroc, le Congo est une petite équipe», annonçant ainsi des signaux de faiblesse et jetant le froid au sein de ses propres troupes. Il est donc temps que ceux qui portent la responsabilité de cette situation désastreuse aient le courage et l’honnêteté d’assumer leur échec et de démissionner.
Sur le choix des joueurs
Le choix des joueurs à convoquer à l’équipe nationale est de la responsabilité du sélectionneur national. Celui-ci à la charge d’établir la liste des joueurs à convoquer en présélection, puis en sélection. Le coach Ngata a eu toute la latitude et toute la liberté d’établir sa liste. Pour cela, il a eu à effectuer plusieurs missions à l’extérieur du pays à l’insu de la Fécofoot. Je peux vous assurer que tous les joueurs choisis par le sélectionneur ont reçu leur convocation de la part de la Fécofoot. Il sied de souligner, ici, que la Fécofoot a rempli ses missions, à savoir la convocation des joueurs, la fourniture des équipements sportifs, la désignation de ses représentants devant faire partie de la délégation dans les déplacements de l’équipe nationale à l’étranger.
Du transport, de l’hébergement et des primes
En ce qui concerne le transport, l’hébergement et les primes, la Fédération congolaise de football n’a jamais été associée. Elle ne pourra donc pas vous donner la moindre explication ou éclaircissement sur le choix des moyens de transport, des lieux d’hébergement et le montant des primes. Etant donné que les devis sont établis par le Ministère des sports, alors que cela relève de la compétence de l’organe technique qui est la Fecofoot, je ne pourrai donc pas vous dire, là aussi, combien perçoit un joueur en cas de match gagné ou match nul, ou encore combien perçoit-il comme frais de mission.
Cette gestion on ne peut plus opaque de la part du Ministère des sports des fonds alloués pour l’organisation des matches nous a souvent mis en situation difficile. Par exemple, plusieurs équipes engagées en compétitions africaines inter clubs et qui avaient préfinancé leurs déplacements, y compris leur hébergement, n’ont jamais été remboursées par le Ministère des sports alors que les fonds étaient bel et bien sortis du Trésor public. C’est le cas de Diables-Noirs et As Otohô. Pour ne citer que ces deux clubs. Et vous pouvez vérifier auprès des dirigeants de ces clubs nos affirmations.
Face à l’évolution hasardeuse de l’équipe nationale des Diables-Rouges et au regard de l’importante échéance que constitue la participation du Congo aux éliminatoires de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations (Can), Maroc 2025, dont le tirage au sort a lieu le 4 juillet 2024, la Fédération congolaise de football souhaiterait un respect strict des champs de compétence entre elle et le Ministère des sports: au ministère, les tâches régaliennes liées à la mise à disposition des infrastructures et des moyens matériels et financiers se rapportant à la gestion de l’équipe nationale (organisation des stages, entretien des stades, disponibilisation des primes, etc.); à la fédération, la conduite des actions administratives et techniques relatives à la gestion de l’équipe nationale.
Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, il est à craindre que la course pour la qualification à la Can Maroc 2025 ne soit qu’un mirage de plus, au cas où des changements vigoureux ne sont pas apportés dans la gestion de l’équipe nationale, à tous les niveaux.
Avant de conclure, je voudrai dire un mot sur notre championnat national Ligue 1. C’est bien de se plaindre que notre championnat national n’est pas de bon niveau. Mais, je vous rappelle que le championnat national n’est pas du tout financé par l’Etat. Seuls, les fonds dont dispose la fédération actuellement sont mobilisés en faveur des clubs d’une part et d’autre part pour le financement du transport des équipes et des officiels, le payement des émoluments des officiels. Ces fonds ont permis et permettent d’organiser régulièrement chaque année, le championnat national direct alors qu’ailleurs dans notre sous-région, certains championnats n’ont pas démarré, sont arrêtés pour défaut de financement par l’Etat.
En outre, je vous rappelle et je termine par-là, que les efforts financiers que consent la Fécofoot s’étendent également au financement de l’organisation des championnats du football féminin et des jeunes, quoi de mieux alors. Je vous remercie et reste ouvert à vos questions sur la gestion de l’équipe nationale».