Brazzaville, la capitale, abrite, du 15 au 22 juillet 2023, la 11ème édition du Fespam (Festival panafricain de musique), dont la cérémonie d’ouverture se tient au Stade Alphonse Massamba-Débat, sous le thème: «La rumba congolaise: envol de la base identitaire vers les vestiges du patrimoine de l’humanité». Annoncée au mois de mai dernier, par son commissaire général, Hugues Gervais Ondaye, lors d’une conférence de presse co-animée avec Lis Pascal Moussodji, directeur de cabinet de la ministre de l’industrie culturelle, touristique, artistique et des loisirs, cette 11ème édition devait se tenir en juillet 2017. Crise économique et crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19 expliquent, principalement, le retard de cette édition. Mais, à quatre jours de l’événement culturel panafricain, on ne voyait pas encore de faste particulier à la tenue de cette édition, comme si celle-ci souffre d’un budget étriqué.

En 1993, le Congo s’était démené, diplomatiquement parlant, auprès de l’O.u.a (Organisation de l’unité africaine), aujourd’hui Union africaine (U.a), pour obtenir l’attribution de l’organisation du festival panafricain de musique. Depuis, Brazzaville est devenue la capitale de la musique panafricaine avec la tenue de la première édition du Fespam, en 1996. La guerre de juin-octobre 1997, qui provoqua un changement brutal de régime à Brazzaville, n’arrêta pas le destin de cet événement culturel panafricain.
La deuxième édition se tint en 1998, alors que les armes crépitaient encore dans le Département du Pool. Les autorités congolaises voulaient donner un grand signal de l’attachement du pays à cette manifestation musicale destinée à favoriser le brassage des artistes musiciens africains et des diasporas africaines, promouvoir et perpétuer la pratique de la chanson africaine et de la transmettre à la postérité, etc, comme le rappelle si bien l’ancien ambassadeur Dieudonné Antoine-Ganga.
Mais, au fur et à mesure de la tenue des éditions, il y a de quoi se faire des doutes sur l’attachement des autorités congolaises à cette vocation musicale panafricaine. Le Fespam a glissé vers un festival congolais destiné juste à faire la fête des participants. Ses réflexions scientifiques moisissent dans les tiroirs et ne bénéficient pas de promotion en termes d’édition et de diffusion. Aucun prix n’est établi à ce festival où les artistes musiciens qui y participent sont pris en charge par le trésor congolais. En effet, le pays finance l’évènement sur fonds propres sans espérer un retour sur investissement. Bref, tout donne à penser que les dirigeants congolais en ont fait un événement à leur propre gloire, en mettant dans l’ombre la vocation originelle de ce festival. Et quand sonne la crise économique, point de surprise de voir le festival disparaître des écrans.
«Nous sommes en train de travailler là-dessus. Le dossier circule déjà au niveau du Ministère des finances. Lorsque les moyens seront mis à notre disposition, nous ferons tout pour que cette édition qui, pour nous, est une édition de relance, ait lieu», avait déclaré l’ancien ministre de la culture, Dieudonné Moyongo. Donc, toujours le trésor public pour financer, sans produits connexes autour de cet événement qui ne réussit même pas à booster le tourisme dans la ville capitale. Et donc, si le Trésor public ne décaisse pas le budget à temps, on peut comprendre la léthargie qui entoure les préparatifs de l’édition de reprise du Fespam. On est prisonnier de la même logique de financement public, alors qu’un événement de ce type, après dix éditions, auraient pu refinancer son budget à 40 voire 50%, avec les produits connexes qui s’y seraient développés.

Jean-Clotaire DIATOU

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