2ème édition du Festival tuSeo Rire-la-Jolie en France
L’artiste humoriste Irène Ziyiruka, originaire de Bukavu, parle de sa participation
Elle a quitté Bukavu, la capitale de la Province du Sud-Kivu, en RD Congo, pour participer, du 10 au 20 mai 2025, à la deuxième édition du Festival tuSeo Rire-la-Jolie, qui s’est tenu à Mantes-la-Jolie à Paris (L’Appart de la Villette), sous le thème: «Le rire, un remède naturel pour le bien-être et la santé mentale». Elle s’appelle Irène Ziyiruka (19 ans), artiste humouriste et comédienne. Dans l’interview qu’elle nous a accordée, elle revient sur ses débuts dans l’art de faire rire et parle de sa participation à ce festival organisé par Lauryathe Céphise Bikouta, la fondatrice, et Stedi Babindamana Babitchi, le directeur artistique. Pour la jeune comédienne congolaise, «l’humour africain peut être une véritable industrie».
* Comment avez-vous commencé votre carrière à Bukavu?
** J’ai commencé avec l’humour depuis le collège. J’ai fait mes études secondaires dans la ville de Bukavu, au Collège Alfajiiri où je faisais partie du Groupe théâtral Alpha art. C’est par là que j’ai commencé la comédie. En 2023 et 2024, j’ai poursuivi ma formation en humour à l’école régionale d’humour, Ecod’Hum. Celle-ci m’a donné une formation complète en humour avec toutes les techniques. Après, j’ai commencé des scènes avec ma première performance au Festival Zéro polemik, à Bukavu, en 2023. C’est ainsi que j’ai débuté ma carrière humoristique.
J’ai participé à plusieurs masters class, ateliers et performances dans les villes de Goma, en RD Congo, et à Kigali, au Rwanda. En 2024, j’ai réalisé mon premier spectacle dénommé: «Et si je ne l’étais pas». Il traite des questions de jugements liées aux apparences des femmes de taille maigre. Je continue avec d’autres performances au niveau national, tout comme à l’international. Et je suis actuellement dans des compétitions comme «Mon premier Montreuil», où je figure parmi les finalistes. J’ai aussi bénéficié des tournées à l’international, grâce au Festival Tuseo.

* Quels sont les défis auxquels vous vous êtes confrontée?
** Le premier défi est lié à la production. Nous n’avons pas assez de production dans le secteur humoristique et surtout au niveau local. Aussi, le gouvernement ne s’implique pas trop dans le secteur culturel, surtout dans le domaine de l’humour. On n’a pas d’appui pour nous accompagner. Malgré le nombre de talents, le secteur est encore vide, pour que tous ces talents soient mis en lumière en humour.
* Pourquoi avoir choisi l’humour, alors qu’il y a plusieurs autres arts?
** Je n’ai pas choisi l’humour, mais c’est l’humour qui m’a choisie. Depuis mon jeune âge, je faisais déjà de l’humour sans savoir ce que c’était. Comme tout le monde, on a toujours le sens de l’humour, mais, dans mon cas, c’était plus intense. Après avoir pris conscience du métier, je me suis lancée, en disant que c’était à moi de l’entretenir. L’humour est un art tellement particulier qu’il aborde tout, sans gêne. Grâce à l’humour, on peut dénoncer beaucoup de maux dans la société et guérir les Nations, parce que c’est un art thérapeutique. Il n’y a pas mieux que le rire dans la société, surtout à l’Est de la RD Congo d’où je viens, une zone en proie aux conflits armés, pour contribuer à soulager la société. Le rire permet aux populations d’oublier un tant soit peu leurs soucis.
* Vous avez pris part à la deuxième édition du Festival tuSeo Rire-la-Jolie en France. Quel a été l’impact de votre participation à cet événement?
** Mon passage au Festival tuSeo Rire-la-Jolie n’a pas été qu’un message de cohésion, mais aussi une révélation d’un nouveau talent venu de l’autre bout du continent et une opportunité pour se produire à l’international. Je remercie Mme Lauryathe Bikouta, pour son implication dans le domaine de l’humour.
* Comment analysez-vous le paysage «humoristique en Afrique», quand on sait que beaucoup de gens, surtout sur le continent, ne considèrent pas l’humour comme une profession?
** Le secteur humoristique en Afrique est en pleine expansion. Il gagne en reconnaissance, mais certains ne le considèrent pas comme une profession à part entière. L’humour africain commence déjà à s’imposer de plus en plus, grâce aux réseaux sociaux, aux festivals et aux différentes plateformes qui permettent aux humoristes de toucher un large public. C’est aussi comme un élément-clé du divertissement sur le continent. Il y a des humoristes qui sont en train de prouver que l’humour peut être une véritable industrie, malgré qu’elle reste fragmentée et qu’elle est encore en quête de structuration.
Propos recueillis par Roland KOULOUNGOU
Une vue de la deuxième édition du Festival tuSeo Rire-La-Jolie, avec Robelia Banzouzi








