Dans un communiqué publié le 11 novembre 2024, à Brazzaville, le ministre de l’économie et des finances, Jean-Baptiste Ondaye, a annoncé que le Congo «a conclu avec succès, la mise en œuvre du Programme national d’optimisation de la trésorerie (Pnot) portant sur un portefeuille de titres publics de 2.314 milliards de francs Cfa». «Les détenteurs de titres de plus de 1.956 milliards de francs Cfa, soit 85% du total, ont répondu favorablement, en transmettant des propositions d’échange, accompagnées de près de 360 milliards de francs Cfa d’offres de nouveaux financements», souligne le communiqué de Jean-Baptiste Ondaye, qui précise que «l’ensemble des objectifs de la République du Congo ont été atteints», grâce à cette «opération inédite», à laquelle on donnait peu de chance de succès.

Le Congo a réussi à desserrer l’étau de la dette, pour pouvoir de nouveau assurer le financement de ses services, particulièrement le paiement régulier des salaires et autres rémunérations. Avec la mise en œuvre du Pnot, le pays peut, enfin, entrevoir l’année 2025 sous de bons augures, en matière de finances publiques. Il faut dire qu’avec cette histoire de niveau élevé de la dette publique, le pays revient de loin. S’il a fait l’effort, ces dernières années, de diminuer la dette extérieure, par contre celle intérieure a explosé, sur le marché sous-régional des titres et valeurs, ces quatre dernières années. Cette dette a la particularité de peser directement sur le Trésor public qui en est l’acteur principal. La faute? A la dispersion des recettes internes n’arrivant plus correctement au Trésor public et à l’organisation vieillotte de cette institution qui fonctionnait encore comme dans les années 70.
Il a fallu d’abord réformer l’organisation et le fonctionnement du Trésor public, pour le mettre au niveau des enjeux actuels en matière des finances publiques. D’où la prise du décret n°2024-99 du 6 mars 2024 portant attributions et organisation de la Direction générale du trésor, qui, s’il est parfaitement exécuté, donnera un visage moderne à cette institution qui constitue le cœur battant des finances nationales.
Le deuxième défi est la lutte contre «les fuites d’argent» dans la collecte des recettes de l’Etat au niveau des douanes, des impôts et de toutes les administrations collectant les menues recettes de l’Etat à travers les taxes et les redevances, comme le secteur des télécommunications. Il y a des enquêtes dont on attend toujours les résultats. Et oui, l’Etat, c’est l’Etat, la famille, c’est à la maison. Avec ses richesses, en plus du pétrole, comme le bois et les mines solides, l’Etat congolais ne devrait pas avoir du mal à assurer le versement régulier, chaque mois, des salaires, bourses, pensions, indemnités, heures supplémentaires à l’Université et budgets de fonctionnement à ses différentes institutions et structures.
Le succès du Pnot ne tient pas du hasard. Ce programme jamais réalisé auparavant sur le marché financier de la sous-région, a été piloté avec efficacité, sous la supervision du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, qui y a donné son accord, par le ministre Jean-Baptiste Ondaye et son équipe du ministère, avec l’implication du Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso. Le fonctionnement de ce trio a réuni les conditions politiques et techniques qui ont permis au Congo de tirer profit de la qualité de ses relations avec les établissements financiers locaux et régionaux.
La crise financière était profonde. L’opposant Mathias Dzon, ancien ministre des finances, a même indiqué que «le Congo-Brazzaville est en faillite totale», qu’il est «au summum de la crise», préconisant comme solution, l’instauration d’une «transition non-conflictuelle et apaisée». C’est pour dire que la situation était gravement préoccupante, certains citoyens pensant même que tout pouvait arriver. Mais, plus de peur que de mal. L’Etat congolais fonctionne encore, à travers ses institutions. Le gouvernement a concocté une solution et voici que celle-ci permet au pays d’entrevoir le bout du tunnel. Cependant, il n’y a pas lieu de dormir sur les lauriers du Pnot, car de nombreuses batailles sont encore là, comme l’assainissement de la gestion des finances publiques, pour remettre le navire Congo à flot.

Jean-Clotaire DIATOU

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