Il n’est pas là pour perdre du temps. Après s’être emparé du pouvoir par une sorte de révolution de palais, mercredi 30 août 2023, le général Brice Clotaire Oligui Nguema (49 ans) a prêté serment, lundi 4 septembre, devant la Cour constitutionnelle. «Je jure devant Dieu et le peuple gabonais de préserver en toute fidélité le régime républicain (…) de préserver les acquis de la démocratie», a-t-il juré, lors d’une audience présidée par Mme Marie-Madeleine Mborantsuo, qui est à la tête de cette institution depuis sa création en 1991, dans une salle pleine d’invités, notamment les caciques de l’ancien pouvoir, mais, sans la présence de quelconque Chef d’Etat ou membre de gouvernement étranger.

L’occasion, pour le nouvel homme fort de prononcer son tout premier discours à la Nation, sous forme de programme, promettant de «rendre le pouvoir aux civils», grâce notamment à des «élections libres, transparentes et crédibles».
Après avoir été investi dans ses fonctions de Président de la transition de la République Gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a prononcé son discours programme, commençant par justifier la prise du pouvoir par l’armée. Selon lui, les forces de défense et de sécurité avaient «un double choix: soit tuer des Gabonais qui auraient légitimement manifesté, soit mettre fin à un processus électoral manifestement pipé».
Il a saisi cette opportunité pour répliquer à la communauté internationale qui condamne le coup d’Etat au Gabon. «Notre étonnement est grand quand on entend certaines institutions internationales condamner l’acte posé par des soldats qui n’ont fait que respecter leur serment sous le drapeau: sauver la patrie au péril de leur vie». Il a appelé à la participation de toutes les «forces vives de la Nation», afin «d’élaborer une nouvelle Constitution qui sera adoptée par référendum […] pour des institutions plus respectueuses des droits de l’homme et de la démocratie».
Cependant, le général Nguema n’a pas précisé la durée de la période de transition ni donné de date de la tenue des élections. Il a accordé une amnistie des «prisonniers d’opinion». «J’instruis le futur gouvernement» qui sera nommé «à réfléchir sur les mécanismes visant à amnistier les prisonniers d’opinion et faciliter le retour de tous les exilés», a-t-il déclaré. On attend donc de voir si le général tiendra parole et surtout, combien de temps il entend rester au pouvoir.

Urbain NZABANI

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