L’ampleur des dégâts causés par le séisme meurtrier survenu vendredi 8 septembre 2023, dans la ville de Marrakech, au Maroc, a plongé les populations rescapées des zones touchées dans le désespoir. Ces phénomènes naturels, qui se manifestent à tout moment et en tout lieu dans un pays, nécessitent d’avoir une analyse et une appréciation de la part des chercheurs, pour s’en prémunir ou en limiter les dégâts. C’est à ce titre qu’on s’est rapproché de Gaston Samba, géographe et enseignant à l’E.n.s (Ecole normale supérieure) de l’Université Marien Ngouabi, à Brazzaville, pour nous édifier sur le sujet.
* Le Maroc a été touché par un tremblement de terre qui a fait d’énormes dégâts dans la ville de Marrakech et les alentours. Comment s’explique ce phénomène?
** Les zones propices au séisme ou tremblement de terre sont des zones de contact entre les plaques, c’est-à-dire les écorces terrestres ressemblant aux écailles qui se joignent à certains endroits. Ce contact provoque des frottements qui entraînent des failles pour arriver au séisme. Pour l’actualité qui défraie la chronique actuellement au niveau du Maroc, la partie de la plaque africaine est en train de pousser sur la plaque européenne. De temps en temps, il y a de petits mouvements.
* Est-ce qu’au Congo, peut-on vivre de tels phénomènes?
** Normalement, au Congo, on est à l’abri des séismes. Il n’empêche, s’il y a un séisme assez puissant du côté de l’Est de la RD Congo, on peut sentir quelques mouvements du côté du Congo-Brazzaville. Du point de vue naturel, on est un peu à l’abri de ce phénomène.
* Quelles précautions peut-on prendre pour ne pas être surpris par ces phénomènes naturels, parce que tout est changement et tout est mouvement?
** Dans les pays les plus exposés au séisme ou au tremblement de terre, ils ont des observatoires. C’est à partir de ces observatoires qu’ils peuvent prendre des précautions, pour informer les populations et les évacuer. Sinon, l’autre précaution à prendre, c’est de construire, dans les normes antisismiques, comme le Japon le fait, c’est-à-dire le mouvement peut être là, mais il ne peut pas détruire les immeubles comme ce qui s’est passé au Maroc. Pour l’instant, les connaissances scientifiques actuelles nous confirment que le Congo est à l’abri de ce phénomène.
* En tant qu’enseignant à l’Université Marien Ngouabi, est-ce que votre institution s’implique-t-elle dans les études de ces phénomènes avec les structures de recherche?
** Je ne peux pas parler au nom des autres structures. Par rapport à ce que nous faisons, on analyse ces phénomènes, surtout dans le passé, il y a eu beaucoup de mouvements dans notre région. Mais, nous ne disposons pas de beaucoup de moyens. Les laboratoires ne sont pas bien équipés pour analyser, pour approfondir ce genre d’études. Mais, il est vrai qu’on regarde ces phénomènes puisque c’est cela qui nous permet d’expliquer la formation du Mayombe, la formation de la Cuvette congolaise, tous ces phénomènes-là ont existé et on les étudie de manière paléogéographique.
* Un message de fin?
** Pour rappel, il faut savoir que l’Afrique est en train de se séparer de sa partie Est et, en plus, cette plaque africaine est en train de fermer la méditerranée, pour pousser vers l’Europe. D’ici quelques millions d’années, on n’aura plus besoin de bateaux pour aller en Europe.
Propos recueillis par
Martin
BALOUATA-MALEKA