En séjour au Congo, Guy Francis Tsiehela, présentateur de l’émission musicale «100% Musique» sur Ziana T.v, une Web télévision de la diaspora basée à Paris, en France, a visité, lundi 8 août 2022, la rédaction de L’Horizon Africain, à l’Hôtel Saphir, au centre-ville de Brazzaville. Dans l’entretien que nous avons eu avec lui, il a plaidé pour «une meilleure subvention de la culture congolaise» ainsi que la mise en place d’un service après-vente, après l’inscription, par l’Unesco, de la rumba congolaise au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité. Pour cela, il souhaite que le Ministère de la culture soit beaucoup plus proactif, pour promouvoir la culture de notre pays. Interview!
* Cher collègue, quelle lecture faite vous de la vie culturelle congolaise?
** Je constate qu’à Brazzaville, Pointe-Noire, etc, il y a un véritable bouillonnement culturel. Il y a beaucoup de talents qui frémissent et qui n’attendent qu’a être soutenus, pour qu’ils puissent vraiment s’exprimer et s’épanouir, pour le meilleur de la culture congolaise. Malheureusement, notre pays, en termes de politique culturelle, est «assez déficient». Les autorités nationales essaient de faire ce qu’elles peuvent, mais j’estime que le budget alloué à la culture n’est pas à la hauteur des enjeux, au regard de ce que font d’autres pays, notamment en Afrique de l’Ouest où les budgets alloués aux ministères de la culture sont plus élevés, comparés aux nôtres.
C’est ainsi, malgré le bouillonnement culturel, que les jeunes talents éprouvent des difficultés à pouvoir trouver des espaces d’expression et ils passent inaperçus. C’est vraiment une grosse perte pour le pays. Je souhaite que le Ministère de la culture soit beaucoup plus proactif dans la mise en place des infrastructures culturelles et le soutien aux artistes, pour que nous puissions faire éclore ces talents, dans l’intérêt de la vie culturelle de notre pays.
* Vous êtes parmi les activistes de l’inscription de la rumba congolaise à l’Unesco. Que vous inspire cette reconnaissance?
** Ziana T.v a été l’une des chaines de télévision les plus investies dans la promotion de la candidature de la rumba congolaise pour son inscription, par l’Unesco, au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité. En tant qu’animateur d’une émission musicale, dénommé «100% musique», à Paris, je me suis donné à fond pour que la rumba congolaise puisse être reconnue à l’Unesco. J’ai mobilisé l’opinion publique pour que l’Unesco, qui est également très attentive à l’expression des citoyens, comprenne qu’en plus du travail abattu par les commissions techniques des deux Congo, pour faire inscrire la rumba, il y a aussi tout un mouvement global de la société qui appuie cette reconnaissance. Maintenant que notre rumba est inscrite à l’Unesco, s’ouvre un grand chantier, celui du service après-vente.
Nous attendons que le gouvernement puisse mettre en place des conservatoires, des musées, des festivals et numériser certaines œuvres de la rumba, pour que les gens qui s’y intéressent viennent du monde entier et les visiter. C’est le créneau qui peut permettre au pays d’avoir des retombées de l’inscription de la rumba au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité. A mon avis, c’est à ce service après-vente que le gouvernement, à travers le Ministère de la culture, devrait se consacrer. Donc, financer la culture, ce n’est pas de l’argent jeté à travers la fenêtre. Au contraire, il y a des retombées au niveau touristique, comme on le voit dans d’autres pays.
* Que proposez-vous pour que notre culture retrouve sa place d’antan sur le plan international?
** Nous nous attendons à ce que le Ministère des affaires étrangères use de la «diplomatie culturelle», pour promouvoir notre culture hors de nos frontières. Le patron de ce département ministériel, le ministre Jean-Claude Gakosso, qui est aussi un homme de culture, devrait, lors des grandes rencontres à l’étranger, emmener des acteurs culturels et des musiciens congolais, pour faire découvrir et intéresser notre culture à d’autres peuples et créer des ouvertures, pour attirer les investisseurs. Maintenant, au plan interne, comme je l’ai dit, il faudrait que le gouvernement relève le budget consacré à la culture et mette en place des mécanismes pour soutenir et promouvoir nos artistes.
Propos recueillis par
Roland KOULOUNGOU