Littérature

Henri Lopès, un écrivain défenseur d’une identité plurielle, ouverte

Grand nom de la littérature africaine francophone, Henri Lopès est décédé dans la nuit du jeudi 2 novembre 2023, à l’Hôpital Foch, à Suresnes, en banlieue de Paris, en France, cinq jours avant la Journée internationale de l’écrivain africain, célébrée le 7 novembre de chaque année, depuis 1992. Il a tiré sa révérence à l’âge de 86 ans, laissant à la postérité une œuvre littéraire écrite qui perpétuera son nom de romancier ayant fixé son regard sur le devenir d’une Afrique post-coloniale métissée.

Né le 12 septembre 1937, à Léopoldville, alors capitale du Congo belge, d’un père commerçant portugais et d’une mère bangangoulou ressortissante de l’actuel Département des Plateaux, Henri Lopès est un enseignant de profession, diplômé d’études supérieures d’histoire, à la Sorbonne, en France. Il arrive dans le monde de la littérature écrite congolaise, après son engagement politique qui le conduit à exercer de hautes fonctions politico-administratives. Il a publié, le 12 septembre 2018, aux Editions Jean-Claude Lattès, un roman auto-biographique sur ses origines, intitulé: «Il est déjà demain».
Le roman auto-biographique, avec une image de son enfance
Henri Lopès il est déjà demain.
«Henri Lopes s’est longtemps demandé qui étaient les siens et quel était son héritage. Il a cherché, fouillé sa mémoire, les archives. Ce récit est devenu une enquête bouleversante. Ses parents étaient tous les deux métis, nés d’une mère «indigène» et d’un père colon. Henri Lopès a hérité de cette dualité. Il a étudié à Paris, est rentré à Brazzaville, est reparti. Ce récit, qui nous mène du Congo à la France, en passant par Moscou et Cuba, du début du siècle dernier au début de notre siècle, nous livre le portrait d’un homme qui a mené une vie engagée, poétique, pleine de péripéties, et d’un continent qui n’est dans aucun guide: une Afrique intérieure», écrit l’éditeur.
Politiquement, Henri Lopès est gagné aux idées socialistes, mais il sera membre du P.c.t (Parti congolais du travail) qui, à sa création en décembre 1969, se définit comme un parti marxiste-léniniste d’avant-garde. Cadre de ce parti unique au pouvoir, il est auteur de l’hymne national «Les trois glorieuses», l’un des emblèmes de la République Populaire du Congo (1970-1991) et de quelques chansons de pionniers comme «Lève ta tête».
Sur le plan littéraire, Henri Lopès est l’auteur d’une œuvre considérable qui contribuent largement à enrichir la littérature écrite congolaise, et donc africaine. Son premier ouvrage, «Tribaliques», un recueil de neuf nouvelles, publié par les Editions Clé du Cameroun,  en 1971, lui permet de décrocher le Grand-Prix littéraire d’Afrique noire. Suivra en 1976, son premier roman, «La nouvelle romance», puis un an après, un deuxième roman, «Sans tam-tam» et les autres, «Le Pleurer-Rire» (1982), «Le chercheur d’Afrique» (Seuil, 1989), «Sur l’Autre Rive» (Seuil, 1992), «Le Lys et le Flamboyant» (Seuil, 1997). En 1993, il reçoit le Grand-Prix de la Francophonie décerné par l’Académie française.
Dans les années 2000, alors qu’il est ambassadeur du Congo à Paris, il enchaîne les romans suivants: «Dossier classé» (Seuil, 2002); «Ma grand-mère Bantoue et mes ancêtres les Gaulois», recueil, (Gallimard, 2003); «Une enfant de Poto-Poto» (Gallimard, 2011, Prix de la porte dorée); «Le Méridional» (Gallimard, 2015). Son dernier roman, «Il est déjà demain», bouclant une œuvre qui fait de lui un talentueux romancier. Un éditeur présente son œuvre ainsi qu’il suit: «Ses écrits réalisés au Congo révèlent les contradictions de l’Afrique indépendante; elle évoque surtout le combat que l’individu mène contre les entités collectives, en s’appuyant sur la lecture et le savoir. Son œuvre parisienne très intimiste est une quête identitaire de ses principaux personnages à travers le temps».
Le quotidien français «Le Monde» le présente comme un «peintre sarcastique des malheurs de l’Afrique post-coloniale, chantre d’une Afrique métissée et d’une langue française en perpétuelle réinvention. Henri Lopès est l’un des grands noms de la littérature congolaise». «Étudiant à Paris dans les années 1960, il fréquente la librairie Présence Africaine où il découvre l’«Anthologie de la poésie africaine et malgache» de Senghor qui devient son livre de chevet. Ses premiers écrits sont ainsi imprégnés de l’influence de Senghor, de Césaire, mais aussi d’Aragon, à ses yeux le plus grand poète français». «Délaissant la thématique du pouvoir dans ses romans, Henri Lopès, lui-même métis, met en scène des personnages à l’identité problématique, dont l’histoire se partage entre plusieurs continents. Critique vis-à-vis de la Négritude, il revendique une identité plurielle, ouverte».
Jean-Clotaire DIATOU

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