Il y a eu les jeux. Il y en a toujours quelque part au monde, depuis la nuit des temps. Il y en aura toujours, tant que le monde sera monde. Certains sont mieux préparés et mieux organisés; ou plutôt, ceux qui doivent y prendre part s’obligent à bien se préparer, pour briller de mille lumières devant les autres. Parce qu’en définitive, on va aux jeux «pour éprouver la satisfaction d’avoir bien fait» ou pour «être loué ou honoré pour sa supériorité, pour avoir fait mieux que d’autres». Parce que, comme le dit Schiller, «l’homme ne joue que là où dans la pleine acception de ce mot, il est homme, et il n’est tout à fait homme que là où il joue». Il n’y a qu’à voir la jubilation des médaillés des Jeux olympiques de 2024, pour s’en rendre compte.
Les médaillés! Et les autres?
Les autres sont allés faire du tourisme ou, plutôt, ils sont allés ridiculiser leurs couleurs nationales, comme ce nageur qui est resté plusieurs minutes à nager tout seul, alors que les autres avaient fini leur course! Avait-il réalisé les minima nécessaires pour participer aux jeux? Difficile de le croire, à en juger par son fabuleux retard sur les autres nageurs.
Ce désastre olympien traduit, en réalité, l’état de déliquescence des sociétés africaines face à l’honneur et à la vertu. On prend tout à la légère. C’est comme si on n’était pas encore entré dans la société de l’honneur, ni dans la société rationnelle. Pour leur honneur, certains pays ont adopté une reconnaissance du statut sportif de haut niveau. Cela permet de gérer, au mieux possible, la vie des athlètes, pour leur permettre de réaliser des performances significatives. Voir les couleurs de son pays hissées au firmament, ou réaliser une performance de niveau mondial, tels sont les enjeux d’une longue et minutieuse préparation. Des efforts pour l’honneur du pays, jusqu’à l’exil pour la performance, comme l’a fait Cyréna Samba-Mayela. Tout réside dans cette considération d’ordre moral, l’honneur du pays.
Pour l’honneur, certains pays mettent à disposition tous les moyens possibles, pour une préparation rationnelle des athlètes. Nous ne sommes plus à l’époque de l’après-peu. Comment rivaliser avec des Nations qui mettent la science et la volonté au service du sport, et qui placent l’honneur au-dessus de toute autre considération?
On doit se le dire, en sport comme dans tous les domaines du développement économique et social des sociétés, lorsque les actes ne reposent ni sur aucune valeur morale, ni sur aucune sublimation des enjeux, ni sur aucune idéalisation de l’honneur, ils ne sont porteurs d’aucune utilité pour la société.
Prométhée