Directeur général de l’Hôpital général de Dolisie depuis 2017, le Dr Maurice Mebangha Mpompolo a été placé en garde-à-vue, le vendredi 12 juillet 2024, dans les locaux de la C.i.d (Centrale d’intelligence et de documentation), à Brazzaville, après son audition dans une affaire de présumé détournement de fonds publics. C’est la conséquence d’une alerte lancée par un activiste des réseaux sociaux, Jonas Fred Makita, nommé délégué du contrôle budgétaire dans cet hôpital, en avril dernier, et relevé de ses fonctions le 1er juillet 2024, par Ludovic Ngatsé, ministre du budget, des comptes publics et du portefeuille public.
Contrairement à ce que pensait la rédaction de L’Horizon Africain, dans son éditorial du jeudi 11 juillet 2024, les dénonciations faites dans les réseaux sociaux, par Jonas Fred Makita, alors qu’il occupait les fonctions de délégué du contrôle budgétaire à l’Hôpital général de Dolisie, concernant un présumé système de détournement de fonds public par les responsables de cet hôpital, pourraient connaître des suites judiciaires. «Mon seul péché à l’hôpital général a été de refuser de rentrer dans la magouille. Si j’étais rentré dans la magouille, on ne m’aurait pas viré. Vous comprenez par vous-même que ma hiérarchie est impliquée dans cette magouille», avait-il réagi dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, après son éviction. Le délégué du contrôle budgétaire refusait, en effet, de valider les dépenses ou les factures dont il n’avait pas les preuves. D’où la tension avec sa hiérarchie.
«Il refuse délibérément et de façon catégorique de viser les documents comptables qui lui sont soumis, malgré l’urgence signalée, pour dissimuler son incompétence notoire. C’est ainsi qu’il a été constaté, avec regret et amertume, que Monsieur Makita Fred Jonas n’a pas la qualification requise dans le domaine des finances, pour contrôler l’exécution d’un budget», avait écrit Jean-Baptiste Youndouka, président de la Coordination départementale au Niari du Haut conseil national des sages du Congo, dans une fiche adressée, le 27 juin 2024, au ministre de la santé et de la population, publiée dans les réseaux sociaux. D’où la décision du ministre Ngatsé de révoquer le délégué, sans prendre la précaution de le faire entendre par un conseil de discipline.
Quoiqu’il en soit, c’en était déjà assez pour que la C.i.d pointe son nez dans cette affaire. Elle a lancé une enquête préliminaire qui a permis à ses limiers de suspecter, au sein de l’administration de l’hôpital, un système de détournement d’argent concernant les subventions octroyées par l’Etat pour le paiement des salaires. Il s’agirait au bas mot d’un montant de 48 millions de francs Cfa à chaque virement de salaires. Voilà ce qui vaut au directeur général de l’Hôpital général de Dolisie de demeurer aux mains des limiers de la C.i.d. Est-il seul dans l’affaire? Sera-t-il présenté au parquet?
La corruption contre laquelle le pays doit lutter a pris des formes parfois insoupçonnées au sein des administrations. Quand tout le monde y trouve son compte, il n’y a plus personne pour dénoncer. S’il y a des suites judiciaires dans cette affaire, Jonas Fred Makita aura eu raison de ne pas viser certains documents comptables. Sera-t-il réhabilité ou dédommagé?
Inauguré nouvellement en 1990 et réinauguré en 2005 par le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, après sa réhabilitation suite au pillage durant la guerre de 1999, l’Hôpital général de Dolisie n’a été doté d’un statut juridique que dix ans plus tard, à travers la loi n°24-2015 du 29 octobre 2015 et le décret n°2017-325 du 14 août 2017 portant approbation de ses statuts. Il est dirigé par un directeur général qui assure sa gestion, sous la tutelle d’un comité de direction, organe délibérant qui a, à sa tête un président, Antoine Loussambou, nommé par décret présidentiel en conseil des ministres du 7 août 2017, en même temps que le directeur général. Cet hôpital est aujourd’hui dans la tourmente d’un présumé scandale de détournement de fonds publics par sa direction. Attendons de voir l’évolution de cette affaire, car au Congo, on a déjà vu des enquêtes sur de présumés scandales financiers s’arrêter en si bon chemin.
Jean Clotaire DIATOU