Humeur
Tendance à l’endormissement, grave au sein de la classe politique !
Les corps constitués nationaux étaient au grand complet pour suivre le discours sur l’état de la Nation délivré par le Chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso, devant le parlement réuni en congrès, mardi 28 novembre 2023, au Palais des congrès, à Brazzaville, sous la direction d’Isidore Mvouba, président de l’assemblée nationale. Moment solennel de la vie de la République pour son côté «m’as-tu vu» qu’affectionnent les acteurs politiques, puisque la cérémonie est retransmise en direct à la télévision, le rendez-vous politique s’est transformé en une séance hypnotique pour certaines des autorités civiles et militaires. Le long discours présidentiel a provoqué le spectacle de l’endormissement dans le public sélect constitué pour le suivre. D’un coin à l’autre de la salle, on passait momentanément de l’état de veille à l’état d’endormissement, comme si quelqu’un pompait une bombe anesthésique chez certains spectateurs. Sur le petit écran, le peuple découvrait, curieux, les personnalités souffrant sérieusement de T.d.a.h. Vous connaissez?
Les troubles du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (T.d.a.h) sont un phénomène qui touche une partie de la société. Il n’y a pas à rougir à cela, c’est un problème de santé publique et le phénomène n’existe pas qu’au Congo. Un des traits qu’on observe très régulièrement chez les personnes avec T.d.a.h est la perte de sommeil. L’on pense que dormir après 23h, voire après minuit est un exploit. En réalité, c’est un défaut de l’organisme. En principe, l’organisme secrète la mélatonine, l’hormone responsable du sommeil, à partir de 21h30. Quand son rythme est troublé, la mélatonine n’est secrétée qu’après 23h. Or, l’organisme humain a ses normes de fonctionnement. Les adultes (26 à 64 ans) ont besoin de 7 à 9 heures de sommeil par jour, soit de 21h30 à 6h30. Les personnes âgées (65 ans et plus) de 7 à 8 heures de sommeil.
A cause de l’hyperactivité, ce rythme est difficile à tenir. Ce qui fait que la nuit, on a moins d’heures de sommeil. Généralement, on ne fait que 4 à 6h de sommeil. Conséquence, l’organisme est obligé de payer le déficit de sommeil accumulé, chaque fois que c’est possible. Pour ceux qui peuvent s’organiser la journée, le déficit est payé par une sieste. Ceux qui ne le peuvent pas sont pourchassés par le sommeil. Ils finissent par développer la tendance à la somnolence et plus grave, à l’endormissement en plein jour, après un effort ou une activité. C’est la catégorie de personnes affectées par les T.d.a.h.
Suivre un discours sollicite l’effort de concentrer son attention cognitive sur la source du discours. Or, ce moment où l’on est tranquille pour suivre un discours, surtout qu’on est confortablement assis, est aussi propice à la sécrétion de la mélatonine par l’organisme. Généralement, au bout d’un moment, on finit par lâcher l’effort sans le savoir, car la mélatonine est en action et finit par s’imposer, en nous plongeant dans le sommeil. Et ceux qui ronflent se laissent aller. Mais, le cerveau est une machine formidable. Généralement, dans ces conditions, on sort du sommeil comme par sursaut, conscient qu’on n’est pas dans son lit, pour reprendre à suivre le discours. Au bout d’un moment cependant, si le discours ne s’arrête pas, on replonge.
Du point de vue du symbole, l’image d’une personne qui s’endort au moment d’un discours est catastrophique. Cela peut traduire un manque d’intérêt au discours, un mal-être, un trouble du comportement, etc. Sinon, on est victime du «vagabondage de l’esprit», on pense à autre chose plus intéressante, ou de «vide mental» qui se traduit par une suspension du flux de pensées conscientes, avant de plonger dans le rêve, dès que le sommeil prend place.
La leçon à tirer du spectacle de somnolence, d’ensommeillement ou d’endormissement offert par nos braves dirigeants, est que le sommeil est sacré. Dormir permet une récupération physique, psychologique et intellectuelle. Il faut respecter le temps du sommeil ou en tout cas s’endormir dès que possible durant la journée, pour payer les dettes de sommeil qu’on accumule, à cause des activités qui s’enchaînent, jusque tard la nuit.
Narcisse MAVOUNGOU