Accueil Tribune Il faut revenir à cette société qui cimente la fraternité et...

Il faut revenir à cette société qui cimente la fraternité et l’art de vivre

0
Joseph Badila.
Joseph Badila.

Qotre société est en pleine décivilisation. A l’époque, Tocqueville s’inquiétait de l’obsession des Américains pour l’argent. Aujourd’hui, que dire des Congolais? Dans notre pays, l’amour de l’argent a pris une telle place parmi les passions des hommes et, du coup, s’installe aussi un profond mépris pour la théorie du respect et de l’homme. La société civile ne parvient pas à devenir un contrepoids au matérialisme inhérent à cette nouvelle culture, une culture globale de consommation qui écrase les libertés démocratiques. Nous vivons une époque d’instabilité et de doutes. Devant nous, la tendance de l’ensauvagement prend la place de la civilisation. Il faut donc réagir, sinon, cette tendance peut encore l’emporter. Rien n’a disparu depuis 1997-1998.

Les mamelles nourricières des sentiments troubles sont encore là. Les croyances et les idéologies s’effacent. On peut constater que, derrière ces fléaux, un danger majeur persiste: la République produit plus de clients que de citoyens. Comment, dans ces conditions, voulez-vous que les Congolais regardent la société dans laquelle ils vivent avec plus de soins et de considérations? Il faut comprendre que si le monde bouge, notre vision de la société congolaise doit changer également, notamment au point de vue des interactions politiques, sociales et économiques.
Il faut remettre en cause les vieilles conceptions, les vieilles conventions qui creusent le fossé entre le gouvernement et les gouvernés, entre les élites et les jusqu’auboutistes. Le piège dans lequel se trouve le Congo d’aujourd’hui est destructeur. Comment s’en étonner alors que les frustrations, les inégalités, les faiblesses deviennent criardes? L’art de vivre se fissure. Il est important que nous travaillions à améliorer les mécanismes importants de nos institutions. Autrement dit, comment enrayer les disfonctionnements qui favorisent cette instabilité et ces doutes?
A la fin du 19ème siècle, les événements de 1999, puis l’hyper crise politique de 1997-1998 ont ouvert une époque particulièrement difficile: viol; violence; destruction, ont brisé les chaînes qui attachent le Congolais aux générations disparues. Cette rupture constitue une défaillance de mémoire. Cette question devrait se poser à tous, avec une acuité nouvelle. Comment faire accepter que les municipalités doivent entretenir les cimetières publics? Comment pérenniser les traditions? Comment construire une culture républicaine? Des questions qui valent leur pesant d’or.
Il faut sortir de l’idée fausse qu’on pourra changer le Congo à coups d’injures, de brutalités, de mensonges. Nous en sommes, à 63 ans d’indépendance, en train de tergiverser, alors que le monde est en train de changer. Mais, faute de volonté, nous cédons le terrain aux marchands d’illusions. C’est pourquoi il est urgent, pour ceux qui sont pour le changement, de la majorité, ou de l’opposition, de sortir de leur léthargie voire de leur hypocrisie, pour avoir un discours sur l’état du pays. Il ne suffit pas de pérorer sur les faiblesses actuelles: il faut complètement se décider pour un logiciel avec les meilleurs projets de société. A 63 ans de souveraineté, le Congo est tiraillé entre le conservatisme et le renouveau.
Ce sera un test de notre capacité à répondre en commun, plutôt qu’en désordre. Une nouvelle éthique de société est nécessaire. Il faut définir les nouvelles lignes maîtresses à l’échelle du Congo. Les Congolais ont fortement besoin de retrouver en eux-mêmes, les forces nécessaires pour exercer la liberté de ne plus agir contre eux-mêmes. A l’approche du 63ème anniversaire de l’indépendance du Congo, on doit prendre l’initiative de traiter les sujets qui taraudent les Congolais, afin de les traiter sans préjugés: peser et obtenir des résultats sur la civilisation de la société. A condition de rompre avec la décivilisation qui fait oublier le passé, gaspiller le présent et insulter l’avenir.
Pour une histoire congolaise, on a besoin, d’un côté, de faire évoluer les regards avec les bienfaits de la démocratie participative. Et de l’autre, de faire évoluer les mentalités: lutter contre les vanités; l’orgueil; le désir de paraître de la classe régnante afflige le peuple.
Il faut revenir à cette société qui cimente la fraternité et l’art de vivre. Il faut, aujourd’hui, réinventer, sauver la République. On croyait la chose acquise, hélas, non! La République est, selon sa propre étymologie, le bien commun. Or, dans la réalité, elle a perdu son évidence. La République ne s’impose plus par ses valeurs. J’en ai ciblé trois: l’universalité des droits; la devise: Unité, Travail, Progrès, valeurs auxquelles nul ne saurait déroger; la laïcité: elle proclame la liberté de conscience et permet la liberté religieuse.
Dans la lutte contre la décivilisation galopante, il convient de prendre en compte ces principes. C’est la clé que chacun et chacune peut posséder, pour ouvrir les fenêtres de la paix et du développement.
Apprendre à utiliser son cerveau pour s’émanciper, s’adapter jouerait un rôle à la hauteur de notre quête de tolérance et de progrès, de justice et de solidarité. Qu’est-ce que l’on perd du temps à accepter l’acceptable, la réalité?
Tout homme, dans son action personnelle, est dépositaire d’une charge positive, d’amélioration sociale ou négative, de nuisance collective, en fonction du choix qu’il opte. La stabilité de notre pays est de plus en plus problématique. On s’enfonce dans une société immature qui a du mal à accepter les mutations.
Je sais qu’il y a beaucoup de mes compatriotes que l’avancée de la décivilisation n’embarrasse point. Ils prétendent qu’à mesure que les citoyens deviennent plus faibles et plus incapables, il n’est point nécessaire de rendre le gouvernement habile et actif. Le gouvernement croit avoir toute latitude à faire avaler les couleuvres. Mais, je pense que ce n’est pas la bonne manière de gouverner.
Lorsque les idées ne se renouvellent pas, le cœur ne s’agrandit plus et l’esprit humain ne se développe plus. Une société ne se construit que par l’action réciproque des hommes les uns sur les autres. C’est pourquoi, être démocrate veut dire attacher de l’importance et de la valeur à la personne, avoir foi dans un monde où la personne pourra se civiliser, s’épanouir au maximum de ses responsabilités.

Joseph BADILA

Oh bonjour
Ravi de vous retrouver.

Inscrivez-vous pour recevoir du contenu génial dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas !

Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Quitter la version mobile