La session du Conseil des ministres tenue le mardi 13 mai 2025 à Oyo, commune du Département de la Cuvette, sous le très haut patronage du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, a alimenté les rumeurs d’un remaniement gouvernemental dans les réseaux sociaux, sur fond de crise autour de la convention d’affermage signée par le gouvernement avec la société sénégalaise d’électricité, du présumé scandale de détournement de fonds au Trésor public, sans compter la crise financière qui sévit dans certaines administrations et institutions où les personnels sont en attente de leurs salaires depuis parfois trois mois.
Le 10 janvier 2025, le gouvernement était remanié. Quatre mois après, les rumeurs d’un remaniement agitent de nouveau les réseaux sociaux congolais, devenus le thermomètre du climat socio-politique qui prévaut dans le pays. Certains n’hésitent pas à donner partant le Premier ministre Anatole Collinet Makosso. Le message publié par ce dernier, depuis Oyo, sur son compte X, à l’occasion de ses quatre ans à la tête du gouvernement (12 mai 2021 – 12 mai 2025), a été interprété par nombre de ses compatriotes comme un message d’aurevoir. «C’est l’occasion pour nous de réitérer toute notre reconnaissance, déjà exprimée en son temps, à Son Excellence Monsieur le Président de la République et de Le remercier de nous avoir permis d’accomplir aujourd’hui quatre années pleines à cette haute fonction et de continuer de nous faire confiance en dépit des balbutiements éventuels et des fautes qui n’ont pas manqué dans notre manière de conduire les affaires publiques et de servir notre peuple», a-t-il écrit par exemple.
Or, c’était juste pour lui, sa façon de célébrer son quatrième anniversaire comme Premier ministre. Mais, dans un contexte de crise économique, alimentée par des affaires à scandale comme le détournement de fonds au Trésor public sur lequel le parquet du Tribunal de grande instance de Brazzaville a ouvert une enquête qui ne semble même pas avancer ou comme la convention d’affermage au cœur d’un bras de fer entre les syndicats de la société E²c (Energie électrique du Congo) qui n’en veulent pas du tout et le gouvernement qui voudrait la valider, la survie du gouvernement Makosso III ne semble plus que tenir sur un fil.
La session du Conseil des ministres à Oyo a tenu en haleine l’opinion dans la capitale Brazzaville où l’on s’attendait à une décision politique importante. On ne déplace pas un conseil des ministres hors de la capitale, s’il n’y a rien de particulier. Et finalement, il n’y avait rien de particulier au regard du compte-rendu de ce conseil des ministres. Même l’histoire de l’affermage semble n’avoir pas été abordée de façon particulière. «Il ressort des éléments portés à la connaissance du Conseil des ministres que les réformes ainsi résolument engagées devront se poursuivre, afin d’améliorer les performances du secteur de l’électricité, élément moteur dans le développement de notre pays», dit vaguement le compte-rendu du Conseil des ministres, après avoir suivi la communication d’Emile Ouosso, ministre de l’énergie et de l’hydraulique, «sur l’état d’avancement de la réforme du secteur de l’électricité telle qu’engagée depuis plusieurs années». Comme quoi, on peut toujours continuer d’attendre des performances là où il y a contre-performances.
Finalement, il faut seulement constater que la tenue du Conseil des ministres à Oyo semblait simplement obéir à des contraintes de calendrier du Président de la République, qui a été parmi les Chefs d’Etat ayant assisté, du 8 au 9 mai, à Moscou, aux commémorations des 80 ans de la victoire de l’armée soviétique sur l’Allemagne nazie, pendant la Seconde guerre mondiale.
Mais, est-ce pour autant le répit pour le gouvernement Makosso III? Le Président Denis Sassou-Nguesso pourra-t-il continuer à ignorer l’impatience des milieux qui lui sont proches, surtout chez les jeunes, et qui souhaitent ardemment une relance de l’action gouvernementale par des changements au sein de l’équipe gouvernementale? Pour certains, le simple statu quo est devenu un calvaire, car ils trouvent que l’amélioration des conditions de vie, comme promises, ne semblent pas être au rendez-vous de ce quinquennat.
Jean-Claude DIATOU








