Les Chefs d’Etat de la C.e.e.a.c se sont retrouvés en sommet extraordinaire, le 4 septembre dernier, en Guinée Equatoriale, pour réagir à l’interruption anti-constitutionnelle du pouvoir au Gabon. De par le nombre de Chefs d’Etat présents, on peut lire que le sujet n’est pas si préoccupant que ça. Trois Présidents présents sur dix attendus, le Gabon n’étant pas invité, la mobilisation est quand même loin du compte. Sept pays étaient représentés au niveau gouvernemental, dans une organisation sous-régionale qui compte onze membres (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Congo Démocratique, Gabon, Guinée Equatoriale, Rwanda, Sao Tome & Principe et Tchad).
Le sommet a condamné le coup d’Etat au Gabon et appelé les putschistes au «retour à l’ordre constitutionnel dans un bref délai». Les Chefs d’Etat de la C.e.e.a.c ont aussi «exprimé leur solidarité envers le peuple gabonais», et conseillé le dialogue comme voie de règlement des différends.
En somme, il s’agit là de décisions formelles, qui ne sont pas de nature à impacter réellement la vie politique gabonaise. Dans le contexte où se trouve le pays aujourd’hui, il est difficile d’imaginer un retour à l’ordre constitutionnel, synonyme de réinstallation de la dynastie Bongo au sommet de l’Etat. Mais, quel ordre constitutionnel, quand l’ancien régime est accusé de hold up électoral? Le verdict donné par la junte, qui parle de «résultats tronqués», en dit long sur la nature des élections organisées au Gabon par le régime défunt.
Le peuple gabonais a manifesté sa joie à la prise du pouvoir par les militaires. Il se sent libéré d’un régime qui a bafoué ses droits et libertés et privilégié l’enrichissement illicite d’une oligarchie qui avait perdu le sens du bien commun, le sens de la justice sociale, de l’équité, etc. Bref, le ver était dans le fruit, au Gabon où le Chef de l’Etat qui incarnait cette oligarchie, a été balayé sans coup férir, parce qu’il n’était plus soutenu par le peuple tout entier. L’unanimité s’est faite autour de l’aventure militaire et il n’y a rien d’étonnant à cela. C’est la conséquence de la gestion gabégique du pouvoir.
La C.e.e.a.c aurait simplement pris acte du changement anti-constitutionnel du pouvoir au Gabon et formuler le vœu de voir ce pays frère retrouver le chemin de la démocratie, dans la paix et la concorde nationale. Après tout, n’a-t-on pas cautionné la succession anti-constitutionnelle du pouvoir au Tchad? Car, quand un pouvoir gère mal, quand la ploutocratie s’installe, par le détournement de deniers publics, on crée les conditions d’une rupture potentiellement brutale de l’exercice de l’autorité publique. Les coups d’Etat sont condamnables et condamnables aussi les pratiques anti-démocratiques de gestion des affaires publiques. Et l’adage dit, «mieux vaut prévenir que guérir».
L’HORIZON AFRICAIN