Agglomérations de faible étendue démographique et/ou superficiaire, les villes secondaires jouent pourtant un rôle essentiel dans le développement des économies en voie d’urbanisation. Le livre «Nouvelles voix(es)» présente une réflexion innovante pour un développement durable des villes secondaires africaines de demain. Que faire pour que les villes africaines soient attractives et se développent de façon durable? Pour répondre à cette problématique, le livre «Nouvelles voix(es)» propose des solutions citoyennes concrètes et duplicables, pour un développement urbain caractérisé par la collaboration, l’inclusion et la durabilité.
Sorti le 20 septembre dernier, à l’occasion du Comité des villes africaines, au Salon Innopolis, à Paris, l’ouvrage «Nouvelles voix(es)» est le fruit de la première édition d’une résidence de travail initiée par l’Association je m’engage pour l’Afrique (J.m.a). Pendant trois mois, vingt jeunes actifs provenant du Cameroun, de la Mauritanie, du Bénin, du Maroc, du Sénégal, du Togo, de France et de Belgique ont collaboré avec de nombreux experts, entrepreneurs et décideurs publics d’Europe et d’Afrique, pour repenser l’attractivité des villes secondaires africaines.
Un enjeu urgent, puisque de nombreuses agglomérations africaines doivent composer avec une urbanisation informelle et spontanée, faute de politiques d’urbanisation rationnelle et du fait d’une croissance démographique des plus rapides au monde (autour de 2,7% par an contre 0,3% à 1,8% par an ailleurs depuis 2000).
Parmi les défis auxquels font face les villes secondaires africaines, on compte la pollution causée par une forte industrialisation et aggravée par l’inefficacité des politiques d’assainissement, le déficit en infrastructures sociales de base (hôpitaux, écoles, adduction d’eau, etc.) et les phénomènes sociaux comme le banditisme imputable en grande partie au chômage de masse.
Pourtant, «les villes secondaires africaines, de 150 mille à 5 millions d’habitants, représentent l’une des plus grandes opportunités pour les économies en voie d’urbanisation à l’échelle mondiale. Sur la période 2001-2020, les villes africaines ont contribué à générer un tiers de la croissance du P.i.b par habitant sur le continent», explique J.m.a.
Selon la Bad (Banque africaine de développement), les villes secondaires «constituent un élément essentiel du tissu des systèmes de production, de distribution et de logistique des économies nationales». «Malheureusement, ces systèmes sont devenus un domaine négligé de la politique et du développement économique, dans la période post-indépendance en Afrique», déplore l’institution financière.
Avec cet ouvrage, J.m.a, dont la mission est d’encourager la participation citoyenne des jeunes et renforcer leur influence auprès des décideurs publics et privés, s’engage à franchir un palier supplémentaire au-delà des simples recommandations politiques. «En effet, notre intention est de proposer des solutions concrètes, à même de transformer la réalité quotidienne des habitants des villes secondaires d’Afrique», explique l’O.n.g.
Parmi les solutions citoyennes pensées par les vingt résidents, on note la création d’un «institut d’art de recevoir», pour cultiver l’excellence hôtelière à Aného, au Togo, d’une plateforme de participation citoyenne à Ben Guérir, au Maroc, ou encore d’une Fabrique solidaire à Abomey Calavi, au Bénin, pour faire face à la prévalence du secteur informel. Ils ont également initié un dialogue constructif avec les décideurs publics et privés de ces trois villes, pour identifier les opportunités et les enjeux locaux. «La valeur ajoutée de ces propositions réside non seulement dans leur pertinence intrinsèque, mais aussi dans leur potentiel de réplicabilité, offrant ainsi la possibilité d’essayer des actions similaires au sein d’autres communautés en Afrique», souligne encore l’association, qui mobilise des citoyens engagés à repenser l’avenir des politiques publiques et à créer un impact positif pour une Afrique performante, en s’inspirant des O.d.d (Objectifs du développement durable).
Une approche inclusive qui s’aligne avec le «consentement libre, préalable et éclairé» (C.l.i.p), le principe selon lequel «une communauté a le droit de donner ou de refuser de donner son consentement à des projets proposés susceptibles d’avoir une incidence sur les terres qu’elle possède, occupe ou utilise traditionnellement», rappelle Greenpeace.
Un véritable appel à la synergie pour que les villes secondaires d’Afrique soient aussi et même davantage attractives que nos grands villages ne l’étaient par le passé avant le consumérisme caractérisé par une propension automatique à la consommation.
John NDINGA-NGOMA