Ancien député P.c.t (Parti congolais du travail), ancien président de la Fédération congolaise d’athlétisme, José Cyr Ebina se consacre aujourd’hui à la vie de son club, le Lion d’or, qui organise un événement sportif, les «72 heures du Mayombe». Dans l’interview qu’il nous a accordée, il réagit aussi, en tant qu’acteur politique, au point de presse de Me Anicet Charles Poaty-Amar, avocat canadien d’origine congolaise, qui pense que «le Président de la République doit partir». L’ancien député rétorque que «cela n’a aucun sens d’appeler au départ du Président de la République» et il l’explique dans l’interview ci-après.
* Monsieur le président du Club multisport Lion d’or, après les courses «Run in Pointe-Noire» en octobre et la Corrida de la Saint Sylvestre en décembre derniers à Luanda, on entend parler des 72 heures du Mayombe. Pouvez-vous nous présenter cette nouvelle compétition?
** Les 72 Heures du Mayombe sont une nouvelle compétition d’endurance qui est à sa troisième édition. Cette course permet de mettre le Mayombe en lumière et de sensibiliser sur les effets néfastes de la déforestation et sur la valorisation des peuples autochtones. Pendant cette compétition sous forme de marche qui dure trois jours, il y aura des activités de planting d’arbres. Nous avons prévu de planter cinq cents arbres. Il y aura également une soirée culturelle, avec un concours de poésie sous le thème : la forêt et nous. C’est un concours qui met en compétition les enfants autochtones et les enfants bantous sur la forêt.
* Vous êtes aussi ancien député, membre du Comité central du Parti congolais du travail. Le 16 janvier 2025, un avocat a tenu un point de presse à l’Hôtel Saphir, pour demander le départ du Président de la République. Que pensez-vous d’un tel appel?
** C’est un dérapage inacceptable. Surtout de la part d’un homme de droit, appelé à connaître les lois de son pays et les principes démocratiques. La démocratie ne signifie pas manque de respect aux institutions établies. Au terme de la Constitution, le Président de la République incarne l’unité nationale, la souveraineté du peuple congolais et assure la continuité de l’Etat. Donc, cela n’a aucun sens d’appeler au départ du Président de la République. C’est même une atteinte à la vie de nos institutions.
Maintenant, dans le cadre des élections, la personnalité qui exerce cette très haute fonction, au terme de son mandat et tant que la Constitution lui en donne droit, repart vers le souverain primaire, avec d’autres compétiteurs, pour chercher à se faire réélire. S’il n’est pas réélu, dans ce cas, il cède le témoin à celui que le peuple aura choisi. Mais, aucun citoyen n’a le droit de demander le départ du Président de la République, ça n’a pas de sens.
* En le disant, il faisait sans doute allusion aux élections?
** C’est un homme de droit, donc il connaît les nuances des expressions. Les mots ont leurs sens. Si on s’en tient au sens des mots, vous voyez que c’est un dérapage, comme je l’ai dit. Il n’avait qu’à bien formuler son idée. Le pays est en paix: c’est une paix chèrement acquise à la suite de tout ce que vous savez, les événements malheureux que le peuple congolais a vécus. Donc, il ne faut pas que les gens cherchent à nous ramener en arrière.
L’élection présidentielle va arriver, si cet avocat est candidat, il n’a qu’à faire connaître son projet de société aux Congolais, pour que ceux-ci le choisissent. Et si les Congolais le choisissent, et bien, le Président Denis Sassou-Nguesso lui cédera le témoin de la Présidence de la République. Mais, il n’a pas le droit de demander le départ du Président de la République. Là, nous ne sommes pas d’accord avec lui.
Propos recueillis par Roland KOULOUNGOU