L’A.u.f (Agence universitaire de la francophonie) a célébré, à travers le monde, le 20 mars 2025, la journée internationale de la francophonie. À Brazzaville, la célébration s’est déroulée au C.n.f (Campus numérique francophone), sous le patronage du prof Édouard Ngamountsika, représentant national de l’A.u.f. A cette occasion, plusieurs activités ont été réalisées, depuis le 17 mars, dont une table-ronde organisée le 20 mars dans la salle du Centre d’employabilité francophone, réunissant des enseignants de l’Université Marien Ngouabi, des étudiants et des férus de la langue française. Pour le prof Ngamountsika, «le français est devenu une langue congolaise, au même titre que les autres…».
Les interventions ont porté sur l’état des lieux de la langue française au Congo, avec des contributions des professeurs Arsène Elongo, vice-doyen de la Flash (Faculté des lettres, arts et sciences humaines), Alain Fernand Raoul Loussakoumounou, Edouard Ngamountsika et G. Ferdinand Otsiéma.

Pour le premier intervenant, le prof Arsène Elongo, la langue française est considérée comme un médium social des échanges commerciaux en République du Congo. Il soutient sa thèse en prenant l’exemple des prix de produits sur les marchés qui sont affichés ou dictés en français. D’où la socialisation du français au Congo.
Pour sa part, le prof Alain Fernand Raoul Loussakoumounou a abordé le français parlé au Congo dans un contexte du partenariat linguistique qu’il faut comprendre comme la rencontre entre le français et les langues congolaises. Et c’est ce partenariat qui justifie la notion de variation du français. Puisqu’il n’est pas possible de parler le français comme on le parlerait à Paris. C’est ainsi que «nous postulons l’existence d’un français congolais caractérisé par les variations…», a-t-il affirmé.
Enfin, le prof Fernand Otsiéma, lui, a considéré le français parlé au Congo sous l’angle de la création des verbes suivant les connotations et réalités sociales et linguistiques des locuteurs congolais. Il s’agit de prêts ou d’adaptation de termes issus de leurs langues locales. Ces verbes enrichissent la langue française, en apportant des nuances spécifiques au contexte local. Déposer, zapper, katiser, charger, bafouiller, saper, manger, bonder, créer, formuler, par exemple, sont pour la plupart des verbes français, mais ne signifiant ou ne désignant pas la même chose, selon qu’ils sont employés en France ou au Congo. Ce sont des verbes qui s’adaptent au contexte local.
Les échanges entre les conférenciers et le public ont permis de mettre en lumière les défis et les opportunités liés à l’usage du français au Congo, tout en renforçant les liens au sein de la communauté francophone. Ils ont, également, offert un espace de réflexion sur les moyens d’améliorer la maîtrise de la langue française et son utilisation dans divers domaines professionnels et sociaux.
La participation active de l’Université Marien Ngouabi et d’autres institutions académiques locales témoigne de l’engagement du Congo et de l’A.u.f Congo en faveur de la promotion de la langue française et de l’éducation de qualité, en phase avec les objectifs de la Francophonie mondiale.
La Journée internationale de la Francophonie, célébrée chaque année le 20 mars, a pour objectif de mettre en avant la langue française et les valeurs de la Francophonie. Cette date commémore la création, le 20 mars 1970, à Niamey (Niger), de l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’O.i.f (Organisation internationale de la Francophonie).
En 2025, le thème retenu était: «Je m’éduque, donc j’agis». Il souligne le rôle central de l’éducation dans le développement durable, et invite à réfléchir sur la manière dont l’éducation peut former des citoyens engagés et responsables, capables de relever les défis d’un monde en constante évolution.
Joseph MWISSI NKIENI








