Le mercredi 8 mars 2023, c’est la journée internationale des femmes. Cette année, les Nations unies ont choisi un thème en lien avec le monde numérique: «Pour un monde digital inclusif: innovation et technologies, pour l’égalité des sexes». Il s’agit de mettre en évidence la question de l’amélioration de l’accès des femmes et des filles aux outils numériques, la protection de leurs droits dans les espaces numériques et la lutte contre les violences basées sur le genre en ligne. Au Congo, la journée internationale des femmes sera célébrée à Owando, chef-lieu du Département de la Cuvette, sous le thème national: «Femmes, protégeons-nous contre les violences en ligne, avec la loi Mouébara».
La 113ème édition de la journée internationale des femmes, appelée aussi journée internationale des droits des femmes, officialisée par les Nations unies en 1977, a investi le monde numérique, pour prendre conscience de la nécessité de l’assainir de toute violence basée sur le genre et d’améliorer l’accès des femmes et des filles aux outils numériques devenus déterminants pour le développement.
C’est une journée qui permet non pas seulement de faire la fête en l’honneur de la femme, mais surtout de mettre sous les projecteurs, les inégalités encore persistantes entre femmes et hommes et les atteintes aux droits des femmes, afin d’amener les gouvernements à les corriger, par des politiques plus hardies favorisant le respect des droits des femmes et des filles et la participation de celles-ci au développement de leurs pays.
Au Congo, où le côté festif prend souvent l’ascendant sur les problématiques liées aux droits des femmes, les statistiques sur l’égalité entre les hommes et les femmes ne sont pas souvent disponibilisées. Un rapport du Réseau francophone pour l’égalité homme-femme de l’O.i.f (Organisation international de la francophonie), publié en 2017, relève que «malgré l’existence du cadre juridique et des mécanismes institutionnels mis en place pour rendre effective l’instauration de l’égalité femmes-hommes au Congo et des avancées notoires, il existe encore, dans divers domaines, de nombreux obstacles qui freinent l’atteinte de cet objectif».
En matière d’éducation, le domaine stratégique pour lutter contre les inégalités sociales, si l’on reconnaît que la loi congolaise garantit l’accès à l’éducation des filles dans des conditions d’égalité avec les garçons, il y a malheureusement de nombreux obstacles qui empêchent les filles d’avoir une scolarité atteignant l’enseignement supérieur. «Le maintien des filles à l’école continue de poser problème, surtout en zone rurale, en raison de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la baisse du pouvoir d’achat des parents, l’éloignement des structures scolaires du lieu d’habitation des parents (tuteurs) de l’élève. Si le taux brut de scolarisation était de 123,28% au primaire en 2011, il est descendu à 65% au collège, pour atteindre 27,06% au lycée. Cependant, on note sur le terrain une forte déperdition scolaire des filles due à la tendance des familles à privilégier l’éducation des garçons, à la pauvreté et aux maternités précoces. Sur 100 filles terminant le cycle primaire, 58% accèdent au collège et 6% seulement arrivent à l’université. Par ailleurs, le pourcentage des filles qui s’orientent vers les carrières scientifiques (médecine, biologie et ingénieries…) est très faible. Enfin, les taux d’analphabétisme et d’illettrisme sont plus élevés chez la femme que chez l’homme (7,8% contre 5, 7%)», relève le rapport du Réseau francophone.
Autant dire que le thème en lien avec le monde numérique devrait permettre la publication des statistiques sur l’accès de la gent féminine aux outils numériques au Congo.
Jean-Clotaire DIATOU