La 138ème journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée le vendredi 3 mai 2024, à travers le monde, sous le thème: «La presse au service de la planète: le journalisme face à la crise environnementale». A Brazzaville, le C.s.l.c (Conseil supérieur de la liberté de communication), a récompensé, par des diplômes, douze journalistes qui se sont illustrés dans le traitement des sujets environnementaux, lors de la cérémonie qui a eu lieu à l’Hôtel Olympic palace, sous le patronage de Philippe Mvouo, président du C.s.l.c, avec la participation de Mme Arlette Soudan Nonault, ministre de l’environnement, du développement durable et du Bassin du Congo, Thierry Lézin Moungalla, ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement, et Mme Fatoumata Marega Barry, représentante de l’Unesco au Congo.
A Brazzaville, la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse s’est faite cette année sous le signe d’une grande mobilisation des professionnels de l’information et de la communication. Dans l’assistance, on a même relevé la présence des personnalités comme Valère Eteka Yemet, président de la Commission nationale des droits de l’homme, Chris Mburu, coordonnateur résident du système des Nations unies, Jacques Bananganzala, ancien président du C.s.l.c, Arsène Niamba, coordonnateur du Département communication de la Présidence de la République, Grégoire Léfouoba, Joseph Bitala-Bitémo, des responsables des O.n.gs, associations et syndicats du monde de la presse, des universitaires, etc.
Côté allocutions, il y en a eu trois. Mme Fatoumata Marega Barry a rendu public le message de la directrice générale de l’Unesco, Mme Audrey Azoulay. «La planète est au bord du précipice climatique: 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne à la surface du globe de 1.45°celcius supérieure à celle de l’ère préindustrielle. D’autres records alarmants ont également été franchis concernant les températures de surface des océans, l’élévation du niveau de la mer ou le recul des glaciers».
«Alors que l’humanité fait face à ce péril existentiel, il faut rappeler, en cette journée mondiale, que le défi climatique est aussi un défi journalistique et informationnel. Aucune action climatique efficace n’est possible, en effet, sans l’accès à une information scientifique fiable et libre», a-t-elle fait remarquer.
«C’est pour cela que cette année, cette édition met en exergue ce lien essentiel entre protection de la liberté d’expression, ce bien public mondial, et préservation de notre planète. Mais, cette journée mondiale est aussi un appel à l’action, pour protéger le journalisme et une information libre et pluraliste», a-t-elle indiqué. «Un appel à doter tous les citoyens de la pensée critique nécessaire, pour faire face à la désinformation. Un appel aussi à protéger les journalistes et les professionnels des médias, les artistes et les scientifiques, trop souvent victimes de harcèlement, de violence et de censure. Car une étude de l’Unesco, qui paraît ce mois-ci, le montre: 70% des reporters environnementaux ont été victimes d’attaques, de menaces ou de pressions à cause de leur travail. Et 44 journalistes environnementaux ont été tués ces quinze dernières années», a-telle déclaré.
Pour le président du C.s.l.c, Phillipe Mvouo, «aujourd’hui, face aux phénomènes météorologiques comme les orages, les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleurs excessives que nous subissons en ce moment, le monde voit la planète terre menacée de destruction et de disparition pourquoi pas». «D’où la formidable mobilisation de la communauté internationale autour de ce qui est vécu comme une crise planétaire environnementale, due au changement climatique, à la pollution de l’air et à la désorganisation de la biodiversité. Cette mobilisation se conjugue à travers plusieurs initiatives qui se traduisent par la tenue des sommets politiques, des colloques et des conférences scientifiques. Dans tout cela, l’écosystème de l’information se positionne au centre de cette mobilisation, pour le rôle, combien indispensable, qu’il joue en rapportant et diffusant des informations fiables qui favorisent la résilience de l’humanité face à cette crise environnementale», a-t-il fait savoir.
«Ce thème est aussi un appel professionnel et spécifique qui commande la spécialisation dans cette matière nouvelle appelée journalisme environnemental, pour couvrir, de manière précise et simple, opportune et exhaustive, aux côtés des scientifiques et des politiques, les questions environnementales et leurs conséquences, tout en mettant en lumière les solutions envisageables», a-t-il poursuivi.
«Malheureusement, le journalisme environnemental connaît, de plus en plus, de nombreuses menaces et formes de violences, en raison de la nature sensible de ses reportages. Les menaces se traduisent par la violence physique, la surveillance, la pression et l’intimidation par des entreprises nationales et transnationales, pour restreindre l’accès à l’information et empêcher l’accès du public à des informations et critiques compromettantes», a-t-il indiqué.
«La tâche n’est pas facile quand il s’agit de lutter contre les fausses informations trompeuses, contre la désinformation qui, dans certains cas, suscitant le doute et l’incrédulité quant aux questions environnementales dont l’impact catastrophique appelle à l’urgence, l’intervention. Plusieurs journalistes, victimes de violences en ligne, préfèrent se taire plutôt que de risquer leur vie, leur emploi ou la sécurité de leur propre famille. Ce qui les contraint souvent à l’autocensure», a-t-il souligné. «Pour ma part, j’en appelle à une prise de conscience des professionnels de l’information et de la communication exerçant dans les médias publics, privés et en ligne, de même que les journalistes indépendants, sur tous les aspects de la crise environnementale dans notre pays», a-t-il déclaré.
Invitée principale à cette rencontre, la ministre de l’environnement, du développement durable et du Bassin du Congo, Mme Arlette Soudan Nonault, s’est adressée aux journalistes dans une longue allocution les exhortant que «l’urgence environnementale doit devenir une préoccupation pour les journalistes et les professionnels des médias». Elle a rappelé que la République du Congo a signé plusieurs accords internationaux relatifs à la protection de l’environnement. «Le temps d’antenne et les espaces réservés à la presse écrite montrent bien combien le sujet sur l’environnement est nécessaire et intéresse le journaliste», a-t-elle fait remarquer.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA