La date du 1er décembre marque, chaque année, la Journée mondiale de lutte contre le sida. Cette année, le thème est: «Donner la voix aux leaders de la communauté». A cette occasion, l’Association cœur arc-en-ciel que dirige Jean-Claude Pongault, a organisé, vendredi 1er décembre 2023, à l’I.f.c (Institut français du Congo) de Brazzaville, une soirée culturelle de sensibilisation contre la propagation du V.i.h (Virus de l’immunodéficience humaine), sur la base d’un clip réalisé par les membres de l’association et intitulé: «Indétectable=intransmissible». C’était en partenariat avec le C.n.l.s (Conseil national de lutte contre le sida), le P.n.l.s (Programme national de lutte conte le sida) et le R.e.n.a.p.c (Réseau national des positifs du Congo), avec la participation des jeunes venus nombreux s’informer sur la maladie. Dans l’entretien ci-après, Jean-Claude Pongault, directeur exécutif de l’Association cœur arc-en-ciel, souhaite que le Congo soit intégré au Pepfar (Programme du Président américain pour la lutte contre le sida).

Jean-Claude Pongault, directeur executif de Coeur-arc-en-ciel

* Pouvez-vous nous parler de la chanson «Indétectable=intransmissible» qui a été présentée à la soirée de la journée mondiale de lutte contre le sida?
** La rumba a été inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité, par l’Unesco. En tant qu’acteurs de lutte contre le sida, il nous a fallu utiliser cela, parce que c’est un outil culturel national pour pouvoir sensibiliser notre communauté sur le problème de santé publique que le monde entier vit, en particulier la République du Congo. Nous nous sommes donc dit qu’il fallait utiliser la rumba comme outil de sensibilisation.

* Quel est le statut des artistes ayant participé à la réalisation de cette chanson?
** Nous avons fait un mélange autour d’un plaidoyer avec d’un côté les artistes communautaires qui sont engagés dans la lutte contre le sida, et de l’autre, des musiciens professionnels. Nous nous sommes ainsi réunis pour faire passer un message contre la stigmatisation et aussi pour souligner l’importance de la prise en charge du traitement à base d’antirétroviraux, de manière à ce que notre communauté sache qu’une personne vivant avec le V.i.h-sida, qui a atteint une charge virale indétectable, ne peut plus transmettre le virus. Les objectifs de l’Onusida, ce sont 95-95-95, soit d’ici à 2030, diagnostiquer 95% de toutes les personnes séropositives, fournir un traitement A.r.v à 95% des personnes diagnostiquées et obtenir une charge virale indétectable pour 95% des personnes traitées. Nous en République du Congo, dans le cadre de cette célébration, étant donné qu’on nous a confié le leadership de réaliser ce travail, nous en avons profité pour présenter cette chanson.

Les activistes sur scène pendant la projection du clip Indétectable=intransmissible.

* Que représente alors la date du 1er décembre pour votre communauté?
** Pour nous, le 1er décembre est une journée symbolique qui nous rappelle que la maladie est là, nous ne devons pas baisser la garde et nous devons continuer la prévention, appuyer la prise en charge et lutter contre les barrières qui empêchent l’atteinte des résultats qui est le cadre stratégique que le pays se donne pour lutter contre cette pandémie. Cette journée nous permet de rappeler cela pour pouvoir continuer cette lutte que nous menons au niveau national.

* Le thème de cette année est «confier le leadership aux communautés», vous en faites partie?
** Le thème de cette année c’est juste un rappel pour nous. En tant qu’acteurs de terrain, nous avons besoin de la sensibilisation auprès des communautés; nous faisons l’accompagnement des femmes enceintes séropositives, des personnes vivant avec le V.i.h pour l’observance du traitement. Parce que le médicament en soi ne suffit pas, il faut de l’accompagnement. Il y a tout un paquet de services qu’on met à la disposition du patient. En tant qu’acteurs communautaires, nous restons avec les malades, pour les sensibiliser. Il y a aussi l’aspect dépistage communautaire, pour pouvoir désengorger l’information sanitaire. Le ministre de la santé nous a confié cette tâche. Il y a même une phase pilote de mise sous traitement A.r.v où nous allons pouvoir dispenser ces produits aux patients stables.

* C’est quoi votre plaidoyer auprès du gouvernement américain?
** Nous allons faire un plaidoyer auprès du gouvernement américain, parce que notre cadre stratégique a un gap de 46%. Le Fonds mondial contre le sida finance à hauteur de 54%. Ce plaidoyer permettra au Congo d’intégrer le Pepfar, le Programme du Président américain pour la lutte contre le sida. Parce que la prévalence du V.i.h est en train d’augmenter auprès des populations congolaises ainsi que les cas de décès. Voilà pourquoi, dans ce cadre stratégique, nous avons besoin des ressources supplémentaires pour pouvoir atteindre les résultats des trois 95. Parce que le grand rendez-vous est de mettre fin au sida en 2030. Mais, avec les indicateurs qui sont au rouge dans notre pays, cela devient inquiétant. C’est le sens de notre appel au gouvernement américain.

Propos recueillis par Chrysostome
FOUCK ZONZEKA

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