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Julien Boukambou, figure historique du syndicalisme et de l’indépendance du Congo

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Julien Boukambou à Conakry, en Guinée, en 1957 à l'occasion d'un congrès de l'UGTAN (Union générale des travailleurs d'Afrique noire)

1960-2024: 64ème anniversaire de l’indépendance

Julien Boukambou, figure historique du syndicalisme et de l’indépendance du Congo

Julien Boukambou, l’un des leaders syndicalistes de la révolution congolaise, a marqué l’histoire du Congo, par son engagement en faveur des droits des travailleurs et de l’indépendance. De son enfance pendant la colonisation française à son rôle décisif lors des bouleversements politiques, son héritage continue d’inspirer les militants et les syndicalistes au Congo.

De l’enseignement à la lutte syndicale
Né le 17 avril 1917, à Madianga, aujourd’hui connue sous le nom de Kinkembo, dans le District de Mindouli, Julien Boukambou grandit sur la route historique des caravanes. Son père, Nga Mandilou, livreur de poissons pour l’administration coloniale, est le gendre de Mwa Nkono, lieutenant du célèbre chef rebelle, Mabiala-Mâ-Nganga, qui joua un rôle central dans la résistance locale à la colonisation.
En France, Julien Boukambou (deuxième assis, à partir de la gauche) © Congo Archives Patrimoine (CAP), domaine public.
Une rue Julien Boukambou à Pointe-Noire © Congo Archives Patrimoine (CAP), domaine public.
Sa mère, Bantaba Moumbouila, était renommée pour ses talents de guérisseuse et sa maîtrise des plantes médicinales. L’enfance de Boukambou est marquée par les récits de lutte contre l’oppression coloniale, transmis par son grand-oncle, Mwa Nkono. Ces histoires éveillent en lui un profond sentiment de révolte. À peine âgé de 8 ans, il est emprisonné pendant dix jours avec son père, pour un simple retard de livraison d’écrevisses à l’administration coloniale, un événement qui renforce sa détermination à s’opposer à la colonisation.
En 1930, Boukambou intègre la première école catholique de Mindouli, fondée par des prêtres missionnaires. Élève brillant, il devient l’un des premiers à bénéficier de cette éducation. Le 30 juillet 1936, après une formation à l’Ecole Jeanne d’Arc de Brazzaville, il obtient le poste de moniteur dans l’enseignement privé. Son engagement politique se consolide, lorsqu’il rencontre, en 1942, le leader charismatique de la résistance anticoloniale, André Grenard Matsoua, alors emprisonné à Mindouli. Cette rencontre marquante accentue l’influence des idées nationalistes sur Boukambou, qui devient un fervent défenseur de la cause anticoloniale.
Le 4 avril 1937, Julien Boukambou épouse Antoinette Korila, lors d’une cérémonie à Kindamba. Antoinette est la fille de Stanislas Mbemba, un respecté moniteur et catéchiste catholique, et de Mâ Ngamba. La cérémonie est célébrée par le Père Hartz, prêtre français d’origine alsacienne. Le couple Boukambou-Korila a donné naissance à six enfants: Julien Miakamioué; Gérard Bemba; Dieudonné Diabatantou; Désiré Mandilou; Marie Julien et Geneviève Bafouatika.
Julien Boukambou © Congo Archives Patrimoine (CAP), domaine public.
Julien Boukambou et son épouse © Congo Archives Patrimoine (CAP), domaine public.
Parcours politique et syndical
En poste à Mbamou, en 1945, Julien Boukambou fait preuve d’un engagement politique audacieux, en soutenant Jean Félix-Tchicaya lors des élections constituantes françaises, défiant ainsi les restrictions imposées aux enseignants catholiques. L’année suivante, affecté à Brazzaville, il rejoint un groupe d’études communistes dirigé par le Dahoméen Yves Marcos, où il côtoie des figures comme Abel Thauley Nganga et Aubert Lounda. Ces rencontres le poussent à adhérer au P.p.c (Parti progressiste congolais) de Jean Félix-Tchicaya.
Confronté à une affectation disciplinaire par le clergé, Boukambou choisit de démissionner de l’enseignement, plutôt que de renoncer à ses convictions politiques. En 1948, il rejoint la section C.g.t (Confédération générale du travail) du Moyen-Congo et s’impose rapidement comme un leader syndical influent. Son dynamisme aboutit à l’établissement, en 1954, de la première permanence syndicale de la C.g.t au Congo.
L’ascension de Julien Boukambou dans le mouvement syndical culmine en 1957, lorsqu’il est élu secrétaire général de la C.g.a.t (Confédération générale africaine du travail). Par ses actions, il a marqué de son empreinte la lutte pour les droits des travailleurs et l’émancipation politique du pays.

La révolution des Trois glorieuses et la chute de Fulbert Youlou

Les Trois glorieuses évoquent les journées révolutionnaires du 27 au 29 juillet 1830, en France, et les trois journées du 26 au 28 août 1940, où l’Afrique française libre s’est ralliée à la France-Libre de Charles De Gaulle. En 1963, ces journées résonnent encore au Congo.
Le 13 août, une grève des syndicalistes, dirigée par Julien Boukambou, Abel Thauley Ganga, Gilbert Pongault, Pascal Ockyemba-Morlende et Léon Angor marque le début de la chute de l’abbé-président Youlou. La grève dégénère en affrontements violents, avec des manifestants prenant d’assaut la Bourse du travail et la prison de Brazzaville. Le lendemain, sous un couvre-feu strict, les syndicats continuent leur mobilisation. Le 15 août, jour de l’anniversaire de l’indépendance, des foules massives exigent la démission de Youlou.
Isolé et sous la pression populaire, Youlou démissionne, cédant la place à un nouveau gouvernement dirigé par Alphonse Massamba-Débat. Ces événements, qualifiés de Trois glorieuses de 1963, marquent un tournant révolutionnaire et l’avènement d’une nouvelle ère politique au Congo.
Après avoir joué un rôle clé dans la Révolution des Trois glorieuses, Julien Boukambou est élu député en 1964, devenant vice-président de l’Assemblée nationale et secrétaire administratif du Bureau politique du Mouvement national de la Révolution (M.n.r).
En 1969, il occupe divers postes de responsabilité dans des entreprises d’État, notamment en tant que directeur de l’usine des disques (Socodi). L’année suivante, il est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en URSS, Mongolie et Hongrie, avec siège à Moscou. En 1972, il devient inspecteur général du travail auprès du Ministère du travail.

L’héritage politique et syndical de Julien Boukambou

Ayant pris sa retraite en 1976, Boukambou se consacre à la formation de nouvelles générations de cadres syndicaux à l’École syndicale. Cependant, sa retraite n’arrête pas son militantisme. Il continue de défendre les droits des travailleurs et plaide pour l’unité nationale jusqu’à sa mort. En 1977, après l’assassinat du Président Marien Ngouabi, Julien Boukambou est emprisonné et jugé par une cour martiale. Il échappe de peu à l’exécution, grâce à l’intervention d’un officier de l’armée. En 1983, il est nommé juge non professionnel au Tribunal de Kinkala (Mindouli).
Son dernier grand acte politique se déroule lors de la Conférence nationale souveraine en 1991, où il met en garde contre les dangers de la division et de l’instabilité politique. Ses craintes se matérialisent avec les guerres civiles que le pays a connues en juillet 1993 et en juin 1997. Julien Boukambou décède le 13 août 1994, laissant derrière lui un héritage de lutte pour les droits et l’unité nationale.

Kiamanga NKOUMBI
Julien Boukambou à Conakry, en Guinée, en 1957 à l’occasion d’un congrès de l’UGTAN (Union générale des travailleurs d’Afrique noire) © Congo Archives Patrimoine (CAP), domaine public.

 

Fonctions politiques de Julien Boukambou
– Secrétaire Général du Parti Progressiste Congolais (P.p.c)  (5 septembre 1951- 22 mars 1956);
– Député et premier vice-président de l’Assemblée Nationale (13 août 1964 – 31 juillet 1968);
– Secrétaire Administratif du Bureau politique du M.n.r  (20 juillet 1964 – 31 juillet 1968)
– Ambassadeur en URSS-Mongolie-Hongrie à Moscou (20 avril 1970 – 10 juillet 1972).

Décorations
– Grand-Croix de l’Ordre du mérite congolais (1994);
– Distinction de l’Ordre de la Révolution (1988);
– Grand-Officier de l’Ordre du mérite Congolais (1985);
– Diplôme d’honneur de la Confédération Syndicale Congolaise (1985);
– Commandeur de l’ordre du mérite Congolais (1970).

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