Nommé par décret présidentiel du 9 novembre 2024, comme directeur général adjoint chargé de la trésorerie centrale, Armel Silvère Dongou, relevé de ses fonctions par le conseil des ministres du 18 avril 2025, est l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis le 25 avril, par le parquet du Tribunal de grande instance de Brazzaville, «pour des faits de détournement de fonds publics». En dépit d’une interdiction de sortie du territoire, décidée contre lui, toujours par le parquet, le mardi 22 avril, l’ancien trésorier central a pu quitter Brazzaville, pour la France, par le régulier d’Air France, à l’Aéroport international Maya-Maya, le soir du même jour, après sa passation de service au Trésor public.
La justice congolaise a lancé une enquête sur deux anciens directeurs généraux adjoints du Trésor public, et d’autres cadres, pour détournement présumé de fonds publics. Directrice générale adjointe, receveure générale, Mme Stéphanie Gertrude Mouaya, qui a été relevée aussi de ses fonctions, a été interpellée chez elle à Brazzaville, le samedi 26 avril et placée en garde-à-vue, avant d’être remise en liberté le lendemain, après une perquisition à son domicile. Grande inconnue de la scène congolaise, elle serait malgré tout bien introduite auprès de certaines autorités.
Surnommé Zidane, du nom de l’un des excellents joueurs français de football, Armel Silvère Dongou, quant à lui, a été rendu célèbre par sa fortune, ses nombreuses propriétés immobilières et ses actes de générosité à l’égard de ses compatriotes. Il s’est doublé d’une carrière d’écrivain, en publiant des ouvrages comme celui intitulé «Pratique de gestion de la trésorerie. Cas du Trésor public du Congo-Brazzaville» (2024), qui lui a valu d’être promu comme trésorier central. Paradoxalement, une réputation sulfureuse de cadre véreux lui colle à la peau, en raison d’un niveau de vie que ne saurait justifier son salaire de fonctionnaire et ses indemnités de fonction.
Détenteur d’un baccalauréat, Armel Silvère Dongou a été recruté à la Fonction publique, en 1999, au grade de contrôleur principal des changes, et affecté à la D.g.c.r.f (Direction générale du crédit et des relations financières), sur recommandation de Mathias Dzon, alors ministre des finances. Puis, présentant des diplômes équivalents, il a gravi les échelons, pour être inspecteur principal au Trésor public et à l’A.r.t.f (Agence de régulation des transferts de fonds (ex-D.g.c.r.f). Malgré des soupçons de faux et usage de faux sur ses diplômes et les actes de manipulation au sein de l’administration qui lui auraient valu d’être arrêté et jeté en prison, il est promu, quelques années plus tard, comme directeur des titres et valeurs, après un séjour en France.
Lorsqu’en 2020, le Congo intègre le marché des titres et valeurs de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), qui permet au Trésor public de lever les fonds à travers les B.t.a (Bons du trésor assimilables) et les O.t.a (Obligations du trésor assimilables), c’est Armel Silvère Dongo qui est l’acteur principal de ces opérations financières. La surbudgétisation des salaires des fonctionnaires, la surfacturation de certains marchés publics comme celui d’Averda et les rétrocommissions auraient permis de ponctionner les fonds levés d’importantes sommes d’argent.
Armel Silvère Dongou avait déjà fait l’objet d’une enquête de la C.i.d (Centrale d’intelligence et de documentation) et il n’aurait dû retrouver la liberté que grâce à l’intervention d’un membre du gouvernement. En effet, ses largesses à l’égard de certaines autorités nationales auraient constitué un bon parapluie pour lui, devenant ainsi un intouchable, en dépit des soupçons de détournements de fonds publics qui entourent sa réputation.
Selon le mandat d’arrêt international émis contre lui, les faits de détournement de fonds publics qui lui sont reprochés se seraient produits entre 2020 et 2025. Reste à savoir si la justice congolaise ira loin dans l’instruction et le jugement de cette affaire qui n’est pas simple à démontrer et que de grosses légumes de la République veulent passer sous silence. Tellement des affaires judiciaires s’arrêtent en cours de route, comme celle du Fonds de soutien à l’agriculture ou celle du directeur général des impôts, en avril 2024.
Jean-Clotaire DIATOU








