Exacerbées par l’insécurité créée par les groupes d’adolescents et jeunes dits bébés noirs ou kulunas et face à l’impuissance du gouvernement et ses services judiciaires et de sécurité à éradiquer ce phénomène de criminalité sanglante, les populations, notamment les jeunes, ont pris le parti de s’organiser autant qu’ils le peuvent dans les quartiers, non seulement pour se défendre, mais aussi et surtout régler leur sort aux bandits. Désormais, la justice populaire s’exerce impunément sur la place publique, dans une barbarie sans nom, et tant pis, si cela pose problème en matière des droits de l’homme. Les institutions nationales, à commencer par le gouvernement, restent indifférentes.

Depuis quelques mois, il n’est plus rare de voir dans les réseaux sociaux congolais, une vidéo d’un présumé kulunas, bébé noir ou voleur, pris en flagrant délit ou rattrapé après un assassinat, être exécuté en public, par battue et incendié à l’aide de pneus d’automobile. Les images horribles de personnes battues à mort et incendiées sont partagées allègrement dans les réseaux sociaux, comme si, au Congo, la vie humaine a perdu, tout d’un coup, la dimension sacrée que lui reconnaissent les traditions religieuses, sociales et les lois fondamentales.
«La personne humaine est sacrée et a droit à la vie. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger», proclame l’article 8 de la Constitution, qui ajoute que «la peine de mort est abolie». Pour ce qui est de la justice populaire, il n’y a rien de tout ça à observer. La «justice populaire» est une expression bien connue qui fait référence aux actes commis par des individus formant une foule, se faisant justice eux-mêmes, contre une ou des personnes accusées de crime ou délit, sans besoin de se soucier de la véracité des accusations.
L’insécurité créée par les bandits dits bébés noirs, qui blessent ou tuent leurs victimes à l’aide d’armes blanches, notamment des machettes, a horrifié les populations partout à travers le pays. La justice est débordée par ce phénomène de banditisme. Les présumés bandits arrêtés par les services de sécurité et qui lui sont présentés se retrouvent parfois en liberté, faute de places dans les maisons d’arrêt. Il y en a qui sont détenus dans les cellules de la gendarmerie et de la police et même à ce niveau, il se pose depuis le problème de places. Le 11 mars dernier, on découvrait cinq morts parmi les détenus du Commissariat central de police de l’Angola-Libre, à Makélékélé. Près d’un millier de jeunes présumés voleurs, bébés noirs ou kulunas seraient actuellement en détention préventive dans la capitale, Brazzaville. Même leur nutrition pose problème dans les lieux de détention.
Voyant que le gouvernement n’arrive pas à mettre ces fameux bébés noirs ou kulunas hors d’état de nuire, les populations ont changé la donne, en choisissant de se faire désormais justice. Le 30 décembre 2022, trois jeunes bébés noirs, attrapés au Quartier Moukoundzi-Ngouaka, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, sont tués par battue et incendie. C’est le point de départ de la vague de justice populaire qu’on connaît actuellement, à travers des rebondissements dans d’autres quartiers de la capitale et à l’intérieur du pays.
A Mouyondzi, dans le Département de la Bouenza, la justice populaire s’est même formalisée, par la mise à mort publique d’un voleur de moto, après interrogatoire. Ce voleur avait tué le propriétaire de la moto, pour lui prendre son bien. Il y a un mois environ, de Mouyondzi a été diffusé un reportage dans les réseaux sociaux d’une personne accusée d’assassinat à la machette. Attrapée et interrogée publiquement, l’infortuné a été exécutée à la machette et son corps découpé, avec les boyaux mis dehors. Le tout filmé par la foule qui assiste et les images balancées dans les réseaux sociaux.
La justice populaire est la conséquence des faiblesses de la politique nationale en matière de sécurité publique et de justice. Mais, ces images horribles de personnes tuées dans la rue, qui circulent de plus en plus dans les réseaux sociaux, écornent malheureusement la dignité du pays, le Congo se prétendant être un Etat de droit. Le gouvernement devrait s’arranger à y mettre un terme, pour ne pas laisser le pays basculer dans l’horreur.

Urbain NZABANI

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