L’actualité mondiale a été grandement marquée par deux faits, la semaine dernière. La chute inattendue du dicteur syrien, Bachar el-Assad (59 ans), et la ré-inauguration de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence, entre autres, du Président américain élu, Donal Trump. Deux faits qui ont suscité l’espoir d’un monde épanoui.
Il faut regarder de près ce qu’aura été la dictature sanguinaire du parti Baas en Syrie. Arrivé au pouvoir en 1963, à travers le coup d’Etat d’une junte militaire, ce parti va dominer la vie politique syrienne, maintenant toutes les autres forces politiques à la marge. Quand son ministre de la défense, le général Hafez el-Assad, s’empare du pouvoir en 1970, c’est pour instaurer un régime répressif, contrôlant l’ensemble de la vie politique, suivant la ligne du parti unique au pouvoir, le parti Baas.
Malade, Hafez el-Assad avait lui-même arrangé sa succession, choisissant son fils cadet, après le décès par accident de son fils aîné, pour lui succéder. Ainsi, en 2000, Bachar el-Assad, le fils cadet, succéda à son père, à la tête du même régime répressif. D’où le règne de 54 ans du clan Assad (de père en fils), alors que le parti Baas a dirigé la Syrie comme parti unique pendant 61 ans.
La «révolution de jasmin» en Tunisie, qui déboucha sur la chute de Ben Ali, en janvier 2011, après 24 ans de pouvoir autoritariste, inspira un mouvement de libération à travers le monde arabe. Ce qu’on appela alors le printemps arabe, un vent de contestations populaires, qui fera trembler les régimes au pouvoir, entre 2011 et 2012. Secoué par ce vent de contestation populaire, le régime de Bachar el-Assad, déjà hostile aux puissances occidentales, y oppose une répression sanglante qui va dégénérer en guerre civile, à partir de mars 2011.
Dès la première année de la guerre civile, la force d’opposition que fut l’armée syrienne libre cédera le terrain à l’organisation État islamique, qui proclamera le califat, en 2014, sur les territoires qu’il contrôlait en Syrie et en Irak. Conséquence, le bilan de dix ans de guerre civile parle de plus du tiers de la population ayant fui le pays, tandis que plus de 500 mille personnes ont été tuées.
Grâce à l’intervention de l’armée russe, Bachar el-Assad sauve son pouvoir. Comme il s’agissait de lutter contre le terrorisme international représenté par l’Etat islamique et le Front al nostra, l’intervention militaire russe, qui dura de septembre 2015 à mars 2016 ne suscita pas l’opposition des pays occidentaux. Mais, les deux camps ont une vue divergente sur la crise en Syrie.
La guerre civile se termine pratiquement en 2018, après la reprise des principales villes syriennes par les forces loyalistes, quoique les combattants jihadistes étaient toujours actifs dans certaines zones du pays. En novembre 2024, la guerre civile est relancée par d’autres forces rebelles, notamment le groupe H.t.s (Hayat Tahrir al-Sham) emmené par un certain Abou Mohammed al-Joulani, devenu aujourd’hui l’homme fort du pays. Cette fois, la révolution syrienne est allée jusqu’au bout, en chassant le dictateur Bachar el-Assad, qui a dû fuir son palais, le samedi 7 décembre dernier. Le Président russe, Vladimir Poutine, qui lui a accordé l’asile à Moscou, a renoncé, cette fois, à intervenir militairement en Syrie.
La chute de Bachar el-Assad prouve qu’il ne sert à rien de sacrifier son peuple pour un pouvoir qu’on finit toujours par perdre, quand il n’est plus porté par le peuple. «Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever», dit un proverbe africain. Mais, une chose est la chute d’un dictateur, une autre est la construction d’un Etat capable de garantir les droits et libertés des citoyens. Malgré le départ de Bachar el-Assad, la Syrie reste un gros point d’interrogation sur ses perspectives d’avenir, avec l’irruption des djihadistes à la tête de l’Etat. Le Premier ministre nommé le 10 décembre a promis former un «gouvernement de salut». Pour l’instant, la transition du pouvoir semble se dérouler dans l’entente entre les parties impliquées et les anciens responsables. Pendant ce temps, les Syriens continuent de savourer la chute de la dictature.
L’HORIZON AFRICAIN