C’est drôle de voir des acteurs de l’élite intellectuelle africaine, se fier à des faits et déclarations publiés dans les réseaux sociaux et y fonder leurs prises de position. Il n’y a qu’à voir comment la vague de soutien au coup d’Etat au Niger a envahi les réseaux sociaux. Le moindre fait en faveur des militaires putschistes de Niamey, partagés dans les réseaux sociaux, est pris comme parole d’évangile. C’est vachement étonnant. Autant on peut comprendre que face à un pouvoir élu, qui n’arrive pas à répondre aux attentes du peuple, on se jette dans les bras du premier aventurier venu, autant on doit savoir que les principes restent intangibles.
Un pouvoir exercé de manière tyrannique, sous le symbole du treillis militaire, n’a jamais été en faveur d’un peuple. Les intérêts peuvent se croiser à un moment donné, mais ils finissent toujours par diverger. L’intérêt du peuple à la liberté, au respect des droits de l’homme et à la légitimité populaire du pouvoir d’Etat finit toujours par contrarier l’intérêt militaire à ne jamais rendre comptes et à imposer la discipline populaire par le canon. Ça ne marche pas; ça finit par faire des martyrs. Le Tchad est là pour nous en montrer un exemple grandeur nature dans l’actualité.
Par ailleurs, qui mieux que Sékou Touré a bravé le pouvoir colonial? Et pourtant, il était devenu le dictateur honni par son peuple qu’il avait paradoxalement libéré de l’humiliation coloniale pour le soumettre à sa dictature personnelle. Dans les Etats modernes, tout est aventure en dehors de la démocratie comme système d’organisation politique. Les Etats africains n’étant pas de création issue de la volonté des peuples africains, mais plutôt des accidents de l’histoire de la part des aventuriers européens ayant découvert les richesses du sous-sol africain, ils ne peuvent s’apprêter à des régimes dont la seule légitimité est la force du canon. Il faut l’adhésion des peuples dans leur complexité naturelle que représente la multiplicité de leur composition ethnique, pour tenir.
Alors, quand on voit les manipulations des faits dans les réseaux sociaux pour faire passer les régimes putschistes d’Afrique de l’Ouest comme étant les plus anti-néo-coloniaux, c’est comme si on se mettait à réinventer la roue. Aujourd’hui, l’Afrique est au défi de jouer son destin dans un monde intégré. S’isoler est une voie sans issue comme on dit. Nos enfants sortent de plus en plus des mêmes écoles supérieures que ceux des pays développés. Il faut laisser leur génie s’exprimer dans le développement de leurs pays. Il n’y a que la démocratie qui peut permettre cela. Mais applaudir un coup d’Etat, cest creuser leurs tombes. On peut prendre des exemples en Asie, aucun pays ne s’est développé à la suite de coup d’Etat, mais dans la coopération internationale.
L’HORIZON AFRICAIN