Mercredi 3 mai dernier, c’était la journée mondiale de la liberté de la presse. Cette année, elle a revêtu une dimension un peu plus solennelle, car c’est le trentième anniversaire de l’institution de cette journée. 30 ans de combat pour un monde où la presse est libre d’accomplir ses missions, en toute responsabilité!
Le thème choisi par l’Unesco donne tout aussi à réfléchir: «La liberté d’expression, moteur de tous les autres droits». Or, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par les Nations unies, le 10 Décembre 1948, la liberté d’expression ne vient qu’en 16ème position des droits fondamentaux. Elle est mentionnée à l’article 19: «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit». Donc, la liberté d’expression n’est pas le premier des droits de l’homme. Le premier droit est proclamé à l’article 3 de la D.u.d.h qui dit: «Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne».
Dans la Constitution congolaise du 25 octobre 2015, qui intègre la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à la liberté d’expression est consigné à l’article 25: «Tout citoyen a le droit d’exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, l’écrit, l’image ou par tout autre moyen de communication. La liberté de l’information et de la communication est garantie. Elle s’exerce dans le respect de la loi».
Pourquoi attribue-t-on à la liberté de la presse, le rôle primordial de moteur de tous les autres droits, alors qu’elle n’est même pas le premier droit de l’homme? dans la Bible, il est dit: «Au commencement, fut la parole». Mais, la primauté de la parole n’est pas qu’une histoire religieuse. Le philosophe grecque, Aristote, nous apprend que «le commerce de la parole est le lien de toute société domestique et civile». De cela, on peut déduire qu’il n’y a que la parole, l’expression, qui peut porter les autres droits; qui peut être le moteur des autres droits, dans ce sens qu’il faut parler, s’exprimer, pour revendiquer et défendre les autres droits. Une écrivaine britannique, morte en 1956, Evelyn Beatrice Hall, qui a consacré ses études sur la biographie de Voltaire, l’écrivain et philosophe français du 18ème siècle, a dit cette phrase devenue célèbre qui symbolise bien la liberté d’expression: «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort, pour que vous puissiez le dire». Comme quoi, la liberté d’expression est la base de la culture moderne.
L’HORIZON AFRICAIN