Deux évènements se sont déroulés cette semaine à des milliers de distance chacun. D’une part, la visite protocolaire d’un Souverain au siège d’une société philosophique, et d’autre part, l’émoi de certains éphémères de céans devant des documents volés prouvant l’appartenance d’une dame à cette même société philosophique.
Deux évènements concernant une même société philosophique, mais deux lectures diamétralement opposées, montrant le fossé qui existe entre les cités qui ont dépassé la crainte du sorcier et celles qui n’ont pas encore fait leur transition scientifique et culturelle.
Ailleurs, l’évènement est commenté dans toute la presse et le discours du Souverain diffusé et analysé. Le quotidien français, «Le Monde», rapporte, par exemple, que le Président Macron «fait l’éloge de la raison face aux porteurs de haine». Ici, la rue de céans est dans tous ses états. Son entropie culturelle est telle qu’elle crie à qui veut l’entendre que Satan a gagné tout le pays. Quand elle voit le mot pacte, elle oublie qu’il est suivi de l’adjectif social! Il n’y a que le mot pacte qui l’intéresse; c’est la preuve du pacte avec le diable. Elle, qui est, tout le temps, fourrée chez les féticheurs, dans les bizinga, trouve anormale que l’on adhère à des fraternités venues d’ailleurs. Elle oublie que les religions qu’elle pratique, parfois brouillement et quelques fois avec des incongruités, viennent aussi d’ailleurs; et que la liberté des croyances est inscrite dans la Constitution. Dans un pays où le fétichisme l’emporte sur toute réflexion rationnelle ou spirituelle, est vouée aux gémonies toute forme de spiritualité qui ne s’ouvre pas au grand nombre. La rue oublie, cependant, que ses propres formes de traditions initiatiques, le Lemba, le Kwémbali, le Nzobi et autres, sont aussi hermétiquement fermées aux profanes.
L’inculture est un danger pour une société. L’inquisition est aussi née de l’ignorance, de l’intolérance! Pourtant, c’est bien la terre qui tourne autour du soleil; mais l’ignorance a imposé le géocentrisme contre le l’héliocentrisme de Galilée; et ce dernier fut condamné. A la fin du procès contre lui, ce dernier s’écria «Eppur si muove!», «et pourtant elle tourne». Et, elle tourne bien, la terre!
La loge, par essence, n’est pas la magie, au sens vulgaire; les maisons, comme on dit ici, ne sont pas toutes magiques. La loge, par essence, ne prône pas l’homosexualité, la pédophilie et autres vices. Elle ne fait pas de sacrifices humains. Bien au contraire, elle propose de «creuser des cachots aux vices et élever des temples à la vertu». Elle a apporté des contributions significatives à l’évolution du sort humain; c’est indéniable. On devrait sortir de tous les fantasmes à propos des fraternités initiatiques. Bien sûr, il y a des brebis galeuses dans toutes les formes civiles d’organisation. Mais, ce n’est pas une raison pour jeter l’anathème sur les formes de spiritualité auxquelles on n’est pas habitué et, surtout, dont on ignore le substrat, alors qu’il y a une documentation abondante sur la question, et que même des thèses de doctorat sont soutenues en la matière.
Les éphémères de céans devraient se débarrasser de cette forme d’inculture qui les enferme dans un moyenâgeux état d’esprit et de croyance. Qu’ils lisent, qu’ils s’informent et se forment et fassent agir leur libre arbitre. C’est la meilleure manière de contribuer à la culture universelle et de combattre les préjugés.
Prométhée