C’est un cercle vicieux contre lequel le pasteur Martin Luther King, militant de la non-violence, a déjà alerté l’humanité: «La haine engendre la haine; la violence engendre la violence; la ténacité engendre une plus grande ténacité». Il est étonnant de voir un courant apologétique qui accompagne, dans les réseaux sociaux, la vague des coups d’Etat qui surviennent en Afrique, les présentant comme la planche de salut contre la confiscation de la démocratie par certains régimes.
Aujourd’hui, un pays comme le Burkina Faso, dirigé par des militaires, ne vit plus que sur fond de rumeurs et de tentatives, vraies ou fictives, de coups d’Etat. En janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba inaugurait l’infernale mécanique actuelle, en renversant le Président élu, Roch Marc Christian Kaboré, qui était dans son deuxième mandat. Le 30 septembre 2022, il est lui-même balayé par le capitaine Ibrahim Traoré. Deux coups d’Etat réussis en une année, de quoi penser que l’armée burkinabé n’est faite que pour ça, puisqu’elle n’arrive pas à libérer le pays des mouvements djihadistes qui mettent à mal la vie des populations! Voilà que la nouvelle junte vit elle-même dans la hantise d’être renversée. L’homme fort du régime, le capitaine Traoré, ne vit pas dans un palais présidentiel, mais il dirige son pays à partir d’une caserne et a vissé l’uniforme à son corps, comme pour dire qu’il est prêt pour le combat.
Début septembre de cette année, le procureur militaire de Ouagadougou annonçait que trois militaires ont été arrêtés pour «tentative de coup d’Etat», à la suite d’une enquête. Ils sont poursuivis pour «des faits de complot militaire, violation de consignes, complot contre la sureté de l’Etat, association de malfaiteurs et mise en danger de la vie d’autrui». Et quoi encore? Il n’y aura plus que ça.
Avant même que le mois de septembre ne s’achève, tension dans la capitale, après un mouvement de remous dans les casernes. Mercredi 27 septembre, dans la soirée, le gouvernement de transition déclare avoir déjoué «une tentative de coup d’État». Dans un communiqué lu à la télévision nationale, il informait «l’opinion publique qu’une tentative avérée de coup d’État a été déjouée ce 26 septembre 2023, par les services de renseignement et de sécurité burkinabè. À l’heure actuelle, des officiers et d’autres acteurs présumés impliqués dans cette tentative de déstabilisation ont été interpellés et d’autres, activement recherchés». A l’appel des partisans du capitaine Ibrahim Traoré, des milliers de Burkinabé sont sortis dans la rue, pour défendre la junte au pouvoir, après la diffusion de ce communiqué. Le cercle vicieux!
Comment, dans ces conditions, avec un régime sur le qui-vive, peut-on imaginer qu’un gouvernement peut conduire le pays sur le chemin du développement? La paix véritable n’est possible que dans le contexte d’une démocratie qui, bien évidemment, combat l’injustice et protège les droits et libertés des citoyens. Il ne sert à rien de rêver de coup d’Etat, au risque de se retrouver piégé dans un régime violent, qui ne sera que préoccupé par sa propre survie, en embastillant tous ceux qui sont soupçonnés ou accusés de conspiration.
L’HORIZON AFRICAIN