Au fur et à mesure que notre pays, le Congo, avance et se modernise, l’on a l’impression qu’au cœur de cette modernité en surface, un mal plus profond ronge les Congolais: la perte de repères moraux. Comme un orchestre sans chef, la société congolaise produit de plus en plus du bruit, des slogans, mais de moins en moins d’harmonie.

Dans nos rues, nos quartiers, nos réseaux sociaux, les gestes nobles se font rares. La vertu s’efface, la décence recule. L’argent facile, la quête du pouvoir par tous les moyens, l’égoïsme et la ruse sont devenus les nouveaux baromètres de la réussite. Les jeunes, souvent privés de repères solides, prennent pour modèles ceux qui crient le plus fort, même quand ils ont tort; ceux qui sont censés avoir volé ou détourné l’argent de l’Etat; les nouveaux riches, leurs «grands».
Autrefois, la parole d’un aîné ou d’un vieillard valait le silence d’une foule. Aujourd’hui, l’insulte fait plus d’audience que la sagesse. Ce n’est pas seulement une crise politique ou économique. C’est une crise de valeurs. Et elle concerne tout le monde: citoyens lambdas; citoyens riches; acteurs politiques; familles; associations; institutions.
La corruption, ce fléau qui gangrène de plus en plus notre société, par exemple, n’est pas née seulement dans les bureaux climatisés de nos administrations. Elle commence dans nos choix quotidiens: quand nous justifions le favoritisme; quand nous tolérons ou acceptons le mensonge; quand nous applaudissons et encensons le mensonge; quand nous applaudissons le tribalisme; le népotisme; le clanisme et l’injustice, parce qu’ils nous arrangent. Le vrai combat se joue dans les consciences et pas seulement dans les lois de la République.
Par ailleurs, nous avons abandonné ce qui faisait la solidité et la stabilité de notre société: le respect des aînés, la solidarité, la parole tenue. Nous avons remplacé l’honneur par le calcul machiavélique, le mérite par le clientélisme, la vérité par la rumeur. Malheureusement, nous en payons le prix: le régionalisme, le tribalisme, la montée des incivilités, la suspicion généralisée, la perte de conscience entre les citoyens et les institutions. Bref, une société où plus personne ne croit en personne et qui, in fine, devient une poudrière silencieuse voire sournoise.
Tout n’est pas perdu, mais…
Néanmoins, je pense que tout n’est pas perdu. Partout dans notre pays, des femmes, des hommes, des jeunes, des aînés doivent se lever pour faire autrement, pour changer les choses aux fins de démarrer sur de nouvelles bases. Un avenir plus radieux est on ne peut plus possible. Ce qu’il nous faut, aujourd’hui, ce n’est pas seulement des slogans, mais un réveil total, un réveil moral collectif et un retour à l’essentiel en revalorisant nos coutumes d’antan.
Un rappel à l’ordre et un réveil moral collectif s’imposent. Aussi, il faut un retour à l’essentiel et, surtout, un recentrage sur nos valeurs africaines et humaines, en redécouvrant le mbongui ou kanza, notre arbre à palabres, notre confessionnal et notre foyer de réconciliation, d’éducation où les aînés transmettaient, dans le temps, aux jeunes, la sagesse et le modus vivendi dans la société.
Le gouvernement peut impulser. Il peut encadrer. Mais, il ne peut pas tout faire, car il ne peut pas se substituer aux parents à qui il revient le rôle et le devoir d’inculquer aux jeunes le respect dans les foyers, dans les familles et d’imposer la décence dans les conversations. Il nous revient, à nous citoyens, d’incarner ce changement. Qui plus est, chacun peut contribuer à réinstaller la vertu dans notre quotidien. Cela commence par un mot, un geste, un refus, un silence même.
Enfin, le Congo n’est pas condamné à sombrer dans la division, dans le tribalisme, dans la tricherie ou dans la violence même symbolique. Si les Congolais ne retrouvent pas la mesure de leurs actes et paroles, s’ils n’honorent pas les vertus qui les ont construits, alors leurs progrès quels qu’ils soient ne seront que des façades sans fondation.
N’oublions pas que tous les Congolais sont les maillons d’une même chaîne. Ce n’est qu’ensemble, tout en reprenant le goût du vrai, du juste et du bien, qu’ils pourront bâtir, dans l’unité, le travail et le progrès, un avenir plus solide, plus paisible et plus digne. Alors, commençons aujourd’hui. Par vous. Par moi. Par nous. Car, un peuple sans vertus et sans repères est analogue à une gargoulette trouée par le fond.

Dieudonné
ANTOINE-GANGA

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