Le problème est que dans notre pays, le Congo, dès qu’on parle de dialogue, l’on pense aux négociations entre le pouvoir et l’opposition. Et du coup, les réactions sont les mêmes: ceux qui l’exigent et ceux qui se braquent. Le dialogue doit d’abord être reconnu comme un instrument incontournable de la vie démocratique. Il est immanent à la démocratie. Comment bâtir une société démocratique sans dialogue entre citoyens, entre acteurs et entre institutions? On a beau partager une même idéologie politique, être dans un même parti ou une même plateforme politique, dans une même institution, organisation ou service, la dynamique de l’évolution des situations impose toujours de dialoguer, pour avancer dans l’harmonie.
Donc, le dialogue est important dès l’échelle des acteurs, surtout quand ces acteurs assument des responsabilités dans les différentes institutions publiques concourant à la marche de l’Etat. Le dialogue permet de résoudre ou surmonter les humeurs et les différends, aplanir les incompréhensions, corriger les erreurs et recréer ou renforcer la confiance mutuelle, pour avancer sereinement. Il permet aussi de constater les différends et les circonscrire, pour ne pas les laisser affecter d’autres aspects de la vie nationale. On peut ne pas s’entendre sur un sujet, mais travailler ensemble sur un autre est possible. Le dialogue permet de se séparer, politiquement parlant, sans que la séparation ne soit source de conflit ouvert.
Peut-on dire qu’au Congo, nos politiciens sont des démocrates rompus au dialogue? Loin s’en faut. Le complotisme, le «ôte-toi de là que je m’y mette», le clanisme et comment ne pas évoquer le cancer qui affaiblit le développement national et qu’on appelle tribalisme, sont autant de maux qui empêchent la démocratie congolaise de créer les conditions de maturation et de renforcement de l’unité nationale.
La rupture de dialogue est déjà la première étape qui jette les acteurs concernés dans une dynamique de conflit, en transformant l’adversité en hostilité. De telle sorte que le conflit, qui peut être social, économique ou politique, peut dégénérer en affrontement violent. Même nos enfants en conflit avec la loi se sont lancés dans la culture de l’hostilité violente, en se battant aux armes blanches, entre «Américains» et «Arabes». Où sont les aînés pour leur parler et les ramener dans le droit chemin?
Le pays a déjà, malheureusement et tristement, fait l’expérience des hostilités sanglantes depuis l’ouverture démocratique en 1991. Nous avons tous conclu que c’était la bêtise humaine. Notre passé fratricide est donc là pour nous rappeler que le Congo a mieux à gagner à promouvoir le dialogue, comme moyen de surmonter nos différends: dialogue entre acteurs, entre institutions; dialogue entre familles politiques, etc.
La marginalisation des compatriotes qui aspirent légitimement à la gestion du bien commun est une politique qui, à la longue, n’est pas constructive et au contraire, comme disait un politicien bien inspiré, tire le pays vers le bas. On reconnaît un homme, une femme d’Etat par sa capacité à s’élever au-dessus des divisions partisanes, dans le seul intérêt du bien commun.
Trop souvent, nous voyons le contraire: on se sert de l’autorité de l’Etat, pour privilégier ses intérêts particuliers. Avec ses immenses ressources naturelles à même de faire le bonheur de sa population, le Congo a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes d’Etat dignes, pour se développer dans l’harmonie. C’est la façon de faire la politique, de gouverner le pays qu’il faut améliorer par le dialogue.
L’HORIZON AFRICAIN