L’histoire du troisième mandat dans certains pays africains est devenue source de drame pour les populations. Le Sénégal est actuellement un pays sous tension, en raison des soupçons qui pèsent sur le Président Macky Sall, de vouloir se représenter pour un troisième mandat. Or, la Constitution sénégalaise limite les mandats présidentiels.
Pourquoi le Président Macky Sall est-il tenté de briguer un troisième mandat? C’est la question qu’on peut se poser, au regard de la crise politique qui secoue actuellement le pays de la Teranga (le pays de l’hospitalité légendaire), à l’image de celle qui l’avait affecté en 2012. Elu au premier tour de l’élection présidentielle du 26 février 2012, à 65,80% des voix, Macky Sall trouve une Constitution qui limitait les mandats présidentiels consécutifs à deux, soit deux septennats.
A l’inverse, son prédécesseur, Abdoulaye Wade, lorsqu’il est élu pour la première fois à la magistrature suprême, au second tour, le 19 mars 2000, grâce à son slogan, Sopi (changement, en wolof), avec 58,49% des voix, contre le Président Abdou Diouf, il trouve une Constitution qui ne comportait pas de limitation de mandats dont la durée était de sept ans. Une nouvelle Constitution était adoptée en janvier 2001, réduisant le mandat présidentiel à cinq ans, sans limitation. Ainsi, le Président Wade est réélu en 2007, pour un nouveau mandat de cinq ans. En 2012, il avait le droit de se représenter à un troisième mandat, ce qu’il avait fait.
Seulement, le sopi s’était retourné contre lui. Les Sénégalais voulaient du changement, contre le Président Wade cette fois-ci, après 12 ans de pouvoir, soit deux mandats de sept et cinq ans. Il est battu par Macky Sall, qui trouve une Constitution qui a restauré le septennat, mais limité à deux mandats consécutifs. En 2016, il organise un référendum constitutionnel, qui ramène la durée du mandat présidentiel à cinq ans et toujours limité à deux.
Candidat de son parti, l’A.p.r (Alliance pour la république), Macky Sall est réélu le 24 février 2019, dès le premier tour, avec 58,26% des voix, pour un mandat de cinq ans, devant s’achever en janvier 2024. En principe le dernier, suivant le principe de la limitation à deux des mandats présidentiels consécutifs, en vigueur depuis 2012, lorsqu’il fut élu pour un premier mandat de sept ans.
Mais, son camp politique, s’inspirant de l’exemple du Président ivoirien, Alassane Ouattara, estime que le référendum de 2016 avait remis le compteur à zéro et que donc, il peut se présenter pour un nouveau mandat. D’où son mutisme sur son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, fixée par le gouvernement à la date du dimanche 25 février 2024.
L’opposition le soupçonne ainsi de vouloir se présenter pour ce qu’elle considère comme un troisième mandat consécutif. Ce qui est interdit par la Constitution. Pour baliser la route au Chef de l’Etat, on multiplie les obstacles contre son potentiel adversaire le plus en vue, à savoir l’opposant Ousmane Sonko, dont la condamnation à deux ans de prison ferme le met hors-jeu de la course à la présidentielle. Ce que ses partisans n’acceptent pas. L’éternel rival, Idrissa Seck, ne pouvant pas faire le poids.
Si le Président Macky Sall rassurait ses compatriotes de ce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat, voilà qui pourra ramener l’apaisement au Sénégal. Autrement, il est clair que sa participation à prochain scrutin présidentiel comme candidat mettra le feu aux poudres.
L’HORIZON AFRICAIN